OLENGHANKOY SE DÉSENGAGE DES CONCERTATIONS NATIONALES

Mardi 6 janvier 2015 - 07:58

DANS UNE LETTRE ADRESSEE A KENGO ET MINAKU, AVEC COPIE A JOSEPH KABILA

« Nous nous désengageons totalement des principes et résolutions des Concertations Nationales, car comme nous l’avions toujours dit, on peut être déçu, très déçu même, l’essentiel et le plus important est de ne pas décevoir son peuple ». C’est par cette phrase que le responsable de la plateforme « Debout congolais » et leader des Fonus introduit son divorce avec les Concertations nationales, dont les recommandations devraient guider la marche du Gouvernement de cohésion nationale. Mais, pourquoi Joseph Olenghankoy est-il déçu ? Il en épingle quelques cas.

S’agissant de l’amnistie pour le pasteur Kuthino, il rappelle que l’option consistait, non seulement à le libérer, mais aussi à prévoir son évacuation à l’étranger pour des soins appropriés. Il rappelle également le dossier de la libération de Diomi Ndongala et le suivi du dossier du sénateur Jean-Pierre Bemba ainsi que des autres compatriotes se trouvant dans la même situation, du moins en ce qui concerne les membres de l’opposition politique. A part Kuthino Fernando, tous les autres croupissent toujours en prison, constate-t-il. 
Quant à la mise en place du Conseil économique et social, « Jeef » indique que cela a été fait dans l’opacité totale. « On y trouve les membres de la majorité présidentielle et ceux du parti UFC appartenant à monsieur Léon Kengo wa Dondo, à l’exclusion de ceux des autres partis de l’Opposition ». 
La mise en place du Gouvernement de cohésion nationale n’a pas échappé à sa vigilance. A ses yeux, cette mise en place jette dans l’opinion nationale et internationale un discrédit et crée davantage l’incohérence nationale au sein des partis et plates-formes politiques ainsi que dans la Société civile, voire même dans la majorité au pouvoir. 
Car, regrette-t-il, seulement deux partis d’opposition sont représentés au sein de cet Exécutif, en raison de 3 postes ministériels pour le MLC et 4 pour l’UFC, parti cher à Léon Kengo wa Dondo, alors que d’une part, l’opposition compte plusieurs centaines de partis politiques. 
Triste constat aussi, pour Joseph Olenghankoy, à propos de la mise en place de la Cour constitutionnelle où tous les partis politiques de l’opposition ont été exclus sciemment à l’exception de l’UFC de Kengo, qui a désigné son candidat au sein de ladite Cour.
Pour conclure, le leader de « Debout congolais » fait sienne la maxime de Baltasar GRACIAN : « Ce n‘est pas parce que l‘on voit qu‘on a les yeux ouverts, ni parce que I‘ on regarde qu‘on voit. Comprendre trop tard n ‘est plus d’un grand remède, mais d ‘un bien grand chagrin ». Avant de rappeler comment Mobutu, dans ses dernières heures avait déçu le peuple dont il disait pourtant qu’il connaissait les attentes et qu’il ne le décevrait pas. « Il répondit certes, mais négativement à la suite d’un conseil de l’un parmi-vous … » Voici ci-dessous la lettre de Joseph Olenghankoy. M. M.

Transmis copie pour information à :
Image retirée.  Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat (avec l’expression de nos hommages les plus déférents) ;
Palais de la Nation
à Kinshasa/Gombe
Image retirée.  A Monsieur Aubin Minaku, Président de l’Assemblée nationale ;
Image retirée.  A Monsieur Léon Kengo Wa dondo, Président du Sénat
Tous co-présidents du Comité de Suivi des résolutions des 
Concertations Nationales
Tous à kinshasa/Lingwala

Concerne : Désengagement aux principes et Résolutions des concertations nationales.
Honorables Messieurs les Présidents,
Il nous a été donné de constater qu’à la suite du scrutin présidentiel de 2011, notre pays était en proie à des terribles convulsions politiques et exposé à tous les périls : guerres d’agression, rébellions sans nom, insécurité généralisée, mécontentement de l’ensemble de notre peuple qui eut pour conséquence la violence tant verbale que physique.
Eu égard à cette déplorable situation, le Président de la République fut amené à convoquer la Classe politique dans son ensemble en vue de consolider la cohésion interne et rendre effective l’autorité de I’Etat et ce, sur pied de l’Ordonnance n° 13/078 du 26 juin 2013 portant organisation et fonctionnement des concertations nationales.
Après plusieurs décennies de lutte politique pour la sauvegarde des droits élémentaires du citoyen congolais, nous ne pouvions nous offrir le luxe d’hésiter un seul instant à cet appel présidentiel.
Aussi avions-nous participé activement auxdites concertations à l’issue desquelles plusieurs résolutions ont été prises dont une centaine devait obtenir une exécution immédiate et opposable à tous.
Nous voulions par ces concertations écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire, vibrante et populaire en croyant que notre pays s’ouvrirait ainsi à toutes les forces de la créativité et du dialogue. Il fallait donc redonner de l’espoir à notre peuple en combattant les dégâts que nous subissons et construire un autre futur. Il fallait donc donner le meilleur de nous-mêmes. Autrement dit, il fallait se mobiliser, se mettre en mouvement pour sortir notre pays de la très grave situation dans laquelle le pouvoir actuel l’a plongé par une mauvaise politique et une médiocre gouvernance.
En effet, la plus grande injustice aujourd’hui se situe entre ceux qui subissent leur vie (travail harassant contre un salaire de misère, un chômage jamais connu dans l’histoire de notre pays, des logements inexistants, une école pour les enfants qu’on ne peut payer etc....) et ceux qui ont les moyens de leur liberté. La réponse à ces préoccupations n’est pas l’assistanat comme le croit, à tort, le pouvoir actuel ; la réponse en revanche, c’est la responsabilité individuelle, le pouvoir de conduire sa vie, de faire ses propres choix, donc de répondre de ses actes. Pour que cette possibilité ne reste pas le privilège de l’oligarchie politico-financière qui nous gouverne, mais devienne le droit effectif de tous, il faut lier solidement la responsabilité personnelle et les solidarités collectives.
La responsabilité sans solidarité c’est la société du chacun pour soi, c’est la loi du plus fort, du plus riche, c’est cette idéologie qui veut que les pauvres soient coupables de leur pauvreté et qui se désintéressent des conditions qui permettent à chacun d’être vraiment responsable de lui- même. Et la solidarité sans responsabilité, c’est l’assistanat, c’est-à-dire une façon d’aider qui ne permet pas de maîtriser le cours de sa vie mais au contraire, introduit la dépendance et la passivité.
Les Congolais sont révoltés par trop d’injustices, par trop d’inégalités qui se creusent chaque jour davantage entre les nouveaux riches et des pauvres, de plus en plus nombreux dans le système actuel.
En conséquence, nous ne pouvons que vous laisser le soin de constater cette consternation et d’observer encore une fois, qu’un dramatique problème d’éthique ravage davantage notre classe politique, toutes tendances et générations confondues. Autrement dit, cette absence d’éthique s’observe aussi bien chez les jeunes que chez les vieux politiciens, nouveaux tout comme anciens, ceux du matin et du soir, d’en bas et d’en haut, de sorte que la parole donnée n’a plus de valeur aujourd’hui, tant il est vrai que cette parole donnée peut être foulée aux pieds sans aucune conséquence. Bien mieux, notre peuple assiste impuissant à la résurgence du mobutisme sans Mobutu avec toute une litanie d’antivaleurs telles que l’immoralité, la médiocrité, l’apologie des crimes économiques au profit des intérêts particuliers, les contre-vérités, les discriminations politiques, la liste n’est pas exhaustive.
Aussi et pour étayer nos assertions, nous citerons quelques cas concrets
L’AMNISTIE ;
Une des résolutions prévoit la libération de l’Archibishop KUTINO FERNANDO ainsi que son évacuation à l’étranger pour des soins appropriés ; il en est de même de la libération de l’honorable DIOMI NDONGALA et le suivi du dossier du Sénateur Jean Pierre BEMBA ainsi que des autres compatriotes se trouvant dans la même situation, du moins en ce qui concerne les membres de l’opposition politique que nous représentions ; le premier cité bien que libéré, se trouve dans état grabataire alors que le second est tout simplement ignoré en dépit de sa maladie tandis que le troisième et les autres croupissent toujours en prison.
S’agissant des recommandations de la société civile et celles des Mouvements armés, elles sont tout simplement remises aux calendes grecques.

• LA MISE EN PLACE DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL. Au sein de cette institution, les noms et prénom ont été avancés dans l’opacité totale. On y trouve les membres de la majorité présidentielle et ceux du parti UFC appartenant à Monsieur Léon KENGO WA DONDO, à l’exclusion de ceux des autres partis de l’Opposition ayant participé ou pas aux concertations nationales.

LA MISE EN PLACE DU GOUVERNEMENT DE COHESION NATIONALE.
Nous constatons d’abord que, contrairement à la résolution intitulée « Gouvernement de cohésion nationale », celui nommé par l’Ordonnance n°14/078 du 07 décembre 2014, soit 15 mois après la fin des concertations susdites, jette dans l’opinion nationale et internationale un discrédit et crée davantage l’incohérence nationale au sein des partis et plates-formes politiques ainsi que dans la Société civile, voire même dans la majorité au pouvoir.
En effet, comment comprendre que l’on puisse retrouver dans un gouvernement dit de cohésion nationale deux partis de l’opposition seulement, représentés en raison de 03 postes ministériels pour le MLC et 04 pour l’UFC, parti cher à Monsieur Léon KENGO WA DONDO, alors que d’une part, l’opposition compte plusieurs centaines de partis politiques et d’autre part, aucune résolution n’a décidé que la cohésion nationale serait un processus s’étalant jusqu’aux élections nationales.
S’agissant d’un vice -ministère prétendument attribué à l’opposition, notre peuple sait très bien que cette demoiselle de 22 ans d’âge, étudiante de son état, n’appartient nullement à I’UI)PS et encore moins à l’opposition. Elle doit tout simplement sa nomination aux relations de copinage qu’elle entretiendrait avec un haut responsable du pouvoir actuel. N’est-ce pas là un sérieux problème d’éthique ou de la remise en question de l’homme politique congolais ? Par conséquent, par quel canal les aspirations profondes de la population seront-elles exprimées ?
Il faut noter par ailleurs le non respect par cette ordonnance de nomination, de la diversité culturelle et de l’équilibre provincial de notre Nation, par rapport au choix de ses animateurs.
Faut-il souligner enfin qu’alors que la Diaspora contribue substantiellement à la survie de nos populations, force est de constater qu’elle a été tout simplement minimisée par l’attribution d’un maroquin qui ne correspond nullement à son poids économique et politique.

LA MISE EN PLACE A LA COUR CONSTITUTIONNELLE. S’agissant de la nomination des magistrats à la Cour Constitutionnelle, tous les partis politiques de l’opposition ont été exclus sciemment à l’exception de l’UFC, qui a désigné son candidat au sein de ladite Cour, afin de conférer un avantage illicite, encore une fois, à Monsieur Léon KENGO WA DONDO !
Honorables Messieurs les Présidents,
En vos qualités de juristes de formation et praticiens de droit, vous ne sauriez ignorer qu’il existe en droit congolais un principe légal et sacré qui dispose que : « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites » ce qui se traduit dans l’ordre international par la locution latine pacta sunt servanda, pour énoncer le caractère obligatoire des engagements souscrits par les parties. Qu’à ce jour, vous avez violé les conventions dans le suivi et l’application inadéquats des résolutions des Concertations Nationales dans l’unique but de satisfaire vos intérêts égoïstes au préjudice de ceux de toute la population congolaise qui, jusqu’à ce jour, souffre des promesses toujours non tenues dont la quintessence demeure la nomination des copines par les uns et des gendres par les autres.
Nous réitérons ce que nous avons toujours enseigné à l’élite congolaise qu’en politique, on ne pleure pas mais on s’organise. Aussi, dénonçons-nous d’ores et déjà, ce que l’un d’entre vous s’escrime à proposer, après une tentative éhontée de la révision constitutionnelle, à savoir le glissement de mandat après le 19décembre 2016, ce qui constitue une violation sans précédent des résolutions dont la mise en oeuvre est attendue par l’ensemble de notre peuple et la communauté internationale qui contribue sensiblement à la restauration de la démocratie dans notre pays.
En tout état de cause, bien d’expériences de la vie ont démontré à suffisance que des échecs apparents ont été à la base des grandes réussites et d’inoubliables bénédictions. Si les personnes ayant subi ces déconvenues ne les avaient pas vécues ni acceptées, elles n’auraient jamais triomphé par la suite.
Voilà pourquoi, nous sommes prêts à perdre ce qui nous parait bon afin que des choses meilleurs prennent place. Le bien est parfois l’ennemi du mieux.
Notre vocation a toujours été de servir le Congo et non de se servir du Congo ; servir les Congolais et non se servir des Congolais, car il serait mieux pour nous, de construire un ordre social juste, appuyé sur la force citoyenne de chacun d’entre nous. Voilà pourquoi nous voulions construire notre avenir commun et rendre à chacun l’espoir afin que pour nos enfants demain soit meilleur qu’aujourd’hui et que l’ascenseur social redémarre pour tous ceux qui fournissent des efforts, qui veulent créer ou entreprendre, mais qui sont hélas arrêtés par tant de barrières sociales, relationnelles ou politiques.
Il est impensable qu’après 32 ans de lutte par notre Peuple ; opposition politique, Lumumbistes et Afdeliens, que l’on puisse encore recourir à une prétendue expertise mobutiste décriée, sous l’empire de laquelle notre pays fut conduit à l’asservissement et aujourd’hui elle redevient décideuse officielle et officieuse de la République.
Au vu de tout ce qui précède, nous nous désengageons totalement des Principes et Résolutions des Concertations Nationales, car comme nous l’avions toujours dit « on peut être déçu, très déçu même, l’essentiel et le plus important est de ne pas décevoir son Peuple ».
Ainsi, nous prenons acte de votre logique de maintenir la République dans l’injustice, l’affairisme, la confusion, le trouble, la fraude et l’anarchie de tout genre. Bref, dans l’inversion des valeurs.
Les seuls devoirs et obligations qui nous incombent hic et nune demeurent de mener une opposition forte avec notre peuple mais constitutionnelle, d’éveiller davantage la conscience de notre Peuple, de nous assumer dans le strict respect des normes constitutionnelles et légales ; car il n’y a pas de peuple heureux sans liberté.
A notre sens donc, vous avez totalement trahi l’idée fondatrice des concertations politiques qui avaient pour but l’union des diverses opinions, s’unir ensemble pour bâtir un pays puissant et former un gouvernement qui mette en place un homme ou une femme qu’il faut à la place qu’il faut. Notre éthique politique ne nous permet guère de poursuivre notre lutte dans un système qui bafoue les droits élémentaires de notre peuple. Et nous confirmons ainsi que nous avons toujours été homme de compromis et non de compromission.
Pour conclure, nous faisons nôtre la maxime de Baltasar GRACIAN qui conseillait d’ouvrir les yeux à temps : « Ce n ‘est pas parce que l‘on voit qu‘on a les yeux ouverts, ni parce que I‘on regarde qu’on voit. Comprendre trop tard n‘est plus d’un grand remède, mais d ‘un bien grand chagrin », ressenti atrocement, autrefois, par le Président MOBUTU. En effet, l’histoire retiendra que le Maréchal du Zaïre, convalescent, de retour de Cap Saint-Martin, s’adressa au peuple, déclara : « je connais vos attentes et je promets d’y répondre positivement ». Il répondit certes mais négativement à la suite d’un conseil de l’un parmi-vous, le même qui conduit aujourd’hui Joseph KABILA, à coup sûr, vers les ténèbres. MOBUTU prit le chemin de l’exil et on connaît la suite.
Veuillez agréer, Honorables Messieurs les Présidents, l’expression des nos sentiments patriotiques.
Tout pour le Peuple et rien que pour le peuple.
Joseph Olenghankoy Président national