ONU-RDC : l’épreuve de force engagée

Jeudi 12 février 2015 - 07:41

New-York " a ordonné hier, 3 jours avant la fin de l’ultimatum, la suspension de l’appui de la Monusco aux Fardc
*James Kabarhebe, le ministre rwandais de la Défense critique vertement la Monusco et accuse les Sud-Africains et les Tanzaniens de la Brigade de collaborer avec les FDLR

La décision est tombée hier tôt le matin, au moment où on s’y attendait le moins. Elle a pris de court tout le monde. Le communiqué officiel du secrétaire général de l’Onu BAn Ki-Moon suspendant ? toutes affaires cessantes ? tout appui de la Monusco aux Fardc sur les opérations contre les FDLR menées par les généraux Bruno Mandevu et Fall Sikabwe. Ceux-ci sont impliqués dans de graves violations des droits de l’homme et ont fait l’objet d’une demande de retrait introduite par l’Onu au gouvernement congolais.

Pourtant dans cette affaire, le délai de l’ultimatum de l’Onu 0 Kinshasa court jusqu’au vendredi 13 février prochain. Il y a encore DEUX jours francs au cours desquels le gouvernement congolais pouvait se plier aux exigences de " New-York " et retirer carrément les deux généraux à problèmes qui sont sur la liste rouge de la Monusco.
Car l’essentiel est de sauver le binôme Monusco-Fardc, utile à la stabilisation de la Rdc par l’avènement d’une paix durable.Que s’est-il passé alors pour que la centrale de New-York décide subitement d’écourter l’ultimatum de 7 jours et d’engager tout de suite une épreuve de force ou un bras de fer avec les autorités congolaises ?

LA REPONSE SUR L’ARGUMENT DE SOUVERAINETE
Des informations dans le " Palais de verre " font savoir que la réponse de Kinshasa qui a lancé l’argument de souveraineté et fait savoir qu’il ne procéderait pas à ce retrait, a irrité Ban Ki-Moon et le Français Hervé Ladsous, sous-secrétaire général adjoint chargé du Maintien de la paix en charge de ce dossier. Ils ont donc décidé d’ouvrir les hostilités avant la date.
D’où l’étonnement même à la Monusco où Martin Köbler a eu du mal à cacher son désappointement hier lors de la conférence de presse hebdomadaire sur la décision de " New-York ". Il ne l’a pas communiquée officiellement comme il se doit alors qu’elle était déjà dans la presse. Il l’a superbement ignorée.
Au point que des journalistes sont revenus plusieurs fois à la charge pour lui demander des précisions si c’était une fausse information ou pas. Mais Köbler a répondu par les mêmes pirouettes insistant sur le fait que la Monusco continue à soutenir les Fardc pour la traque contre les FDLR, car c’est dans on mandat.

GERER LA CRISE AVEC TACT POUR UNE SOLUTION PAISIBLE
S’il y a des problèmes des droits de l’homme, cela sera résolu dans les concertations en cours avec les autorités congolaises. Ces digressions du patron de la Monusco qui évite des questions sur la décision de son patron Ban Ki-moon sont une indication que le précité n’est pas chaud avec cette mesure de la centrale de New-York.
Lui, Martin Köbler il est et il le réaffirme - pour la poursuite de l’appui de la Monusco aux Fardc et ne s’en cache pas. Ce qui de fait prend en contrepied " le " Palais de verre " .
Reste à savoir comment Kinshasa va gérer cet état des choses. Avec tact et diplomatie ? C’est la seule voie possible pour une solution paisible. Un conflit frontal avec une puissance comme l’Onu, serait contre productive.

Dans une telle optique d’engager une guerre diplomatique contre la machine de l’Onu, il ne faudra pas du tout exclure que le Rwanda en profite et agresse pour la énième fois la Rdc. Ce serait toujours le même prétexte des FDLR. S’ils ne sont pas démantelés et qu’en plus la Rdc est en froid avec l’Onu, Kagame va faire valoir son droit de poursuite prévu dans le droit international et traverser encore la frontière pour aller piller au Nord-Kivu.

En tout cas c’est le sens de la menace proférée hier même dans la presse à Kigali par James Kabarhebe, le ministre rwandais de la Défense nationale. L’homme s’attaque vertement à la Monusco qui ne fait rien car les FDLR sont là dans l’est de la Rdc où ils continuent à être une menace pour le Rwanda.
Ce n’est pas tout. Kabarebe s’en prend aussi aux Sud-Africains et Tanzaniens de la Brigade d’intervention de la Monusco qu’il accuse carrément de collaborer avec les génocidaires FDLR. Le message qui transparait en filigrane de ces propos au vitriol de Kabarebe est qu’ils viendront les neutraliser eux-mêmes, chose qu’ils n’ont jamais réussi à faire voici 20 ans. Comme on le voit, au vu de toutes ces hypothèques qui pèsent encore sur la Rdc en termes de menaces à cause, de la présence des FDLR, la Rdc ne peut se risquer dans une rupture de banc même provisoire avec l’Onu. KANDOLO M.