Parc de Virunga : la guerre du pétrole est à venir

Lundi 16 mars 2015 - 11:16

La guerre du pétrole, au propre comme au figuré, est loin de se terminer dans le Parc national de Virunga. Enfoui dans cette partie du Nord-Kivu, l’or noir continue d’être au centre de la controverse entre Kinshasa et l’Unesco. On vient d’apprendre, aux dernières nouvelles, que le sujet était au centre des entretiens entre le Premier ministre congolais Matata Ponyo et le Représentant résident de l’Organisme des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, Abdourahamane Diallo.

 

Selon l’AFP, le chef du gouvernement congolais a laissé entendre que la RDC était à la recherche d’un terrain d’entente avec l’Unesco, dans le but d’examiner par voies et possibilités d’exploiter le pétrole du parc de Virunga, au profit des populations congolaises habitant dans ce site. Se confiant au même média, le Représentant Résident de l’Unesco a indiqué qu’il ne s’agissait pas de négociations mais plutôt de discussions et échanges entre les deux parties. Il a toutefois souligné que l’exploration et l’exploitation du pétrole dans le Parc de Virunga étaient incompatibles avec le règlement du comité international du Patrimoine mondial.

 

Les observateurs notent qu’en dépit de la suspension, par le gouvernement congolais, des permis d’exploitation qu’il avait accordés en 2010 à la firme française « Total » et à son homologue britannique « Soco », l’idée de relancer les activités d’exploration et de production trotte toujours dans les esprits. On pense que le véto des protecteurs de cet espace naturel considéré comme « patrimoine mondial » devrait bousculer pas mal d’intérêts. Mais, en donnant l’impression de vouloir s’engager coûte que coûte dans la voie de la mise en valeur du pétrole du Parc de Virunga, les autorités congolaises ont-elles la certitude que les dividendes pétroliers vont, réellement porter bonheur aux Congolais en général et aux autochtones du Nord-Kivu en particulier ? L’heure du choix a-t-il réellement sonné entre pétrodollars et la protection des gorilles de montagne, des rhinocéros blancs et autres animaux rarissimes ?

Le M23 hier … l’ADF aujourd’hui

Le réalisateur du film « Virunga », diffusé pour la première fois en novembre 2014 en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique, a montré à tous le nature des enjeux économiques qui se cachaient derrière les projets d’exploitation, en urgence du pétrole du Parc de Virunga. Dans son commentaire accompagnant cette production cinématographique, la journaliste Mélodie, avait révélé que ceux qui lorgnent la manne pétrolière étaient prêts à initier une opération de recolonisation du Congo.

 

En clair, des puissances occultes rêveraient d’administrer le Nord-Kivu en lieu et place des Congolais, au motif que ceux-ci ne seraient pas capables de mettre en valeur ses richesses potentielles, dont le pétrole, et de l’exploiter au bénéfice du grand nombre. Elle avait soutenu, après une série d’enquêtes et d’interviews menées auprès des autochtones, des gardes forestières, des touristes, d’experts de certaines multinationales pétrolières, d’autorités administratives locales.., que la guerre du M23, déclenchée en mai 2012 par le M23 et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda jusqu’en octobre 2013, visait en réalité à rendre le Nord-Kivu ingouvernable, de manière à ouvrir la voie aux exploitants du pétrole.

 

Car, une fois installée la situation de chaos, l’Unesco et le Comité international de ce patrimoine mondial allaient manquer d’interlocuteur officiel à qui demander des comptes. Durant les 17 mois de contrôle du Parc de Virunga, plusieurs gardes et employés avaient été tués, ou agressés. Le directeur de ce site, Emmanuel Mérode, avait lui-même été victime d’un attentat, car considéré comme un sérieux obstacle aux projets d’exploration et exploitation pétrolières.

 

Après la liquidation militaire du M23 en octobre 2013, le flambeau de l’insécurité était repris par les combattants de l’ADF. A l’image de la force négative précitée, les rebelles ougandais avaient installé leurs sanctuaires dans le Parc, dans l’intention bien arrêté de perpétuer le règne de l’insécurité et d’empêcher le gouvernement congolais d’avoir un droit de regard sur la manne pétrolière en veilleuse. On croit savoir qu’en maintenant des poches d’insécurité, jusqu’à ce jour, dans cette partie de la République, en dépit de la nombreuse présence des troupes gouvernementales de l’opération « Sukola II »; les parrains de l’ADF visent le même projet funeste, à savoir celui de la couverture d’activités illicites d’exploration et d’exploitation du pétrole.

 

Bref, une nouvelle guerre peut éclater à tout moment au Nord-Kivu, avec comme épicentre le Parc National de Virunga, parce que des forces occultes pensent que les Congolais n’ont pas le droit de faire le choix de la conservation de leurs espèces animales en voie de disparition à travers la planète, au détriment du pétrole, dont l’exploitation est limitée dans le temps et dont les recettes, à l’image de celles du pétrole de la côté Atlantique, risquent de n’avoir aucun impact sur le social de la multitude.

 

Par KIMP

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