Le Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) de Tervuren (Belgique) fait peau neuve. Fermé depuis décembre 2013 pour rénovation, le musée rouvrira ses portes en 2017 profondément renouvelé. Dans l’ombre de ce retour s’active un nouveau partenaire privilégié du MRAC et un fin connaisseur de la RDC, le chef d’entreprise Philippe de Moerloose.
L’homme d’affaires belge compte désormais parmi les nouveaux mécènes de ce prestigieux musée, contribuant aux travaux de rénovation du site.
Avec les éditions du MRAC, il coédite par ailleurs ce mois-ci un nouvel ouvrage d’histoire de l’art africain signé par Julien Volper et consacré aux statuettes et aux cultes de la Province du Bandundu en RDC. « NSWO, Statuettes et cultes du Sud-Ouest de la République Démocratique du Congo » dévoile quelques-unes des plus belles pièces conservées au MRAC et constitue l’un des premiers ouvrages spécialisés sur la question. Une occasion pour le lecteur de découvrir la culture du Sud-Ouest du pays, et plus particulièrement de ses énigmatiques statuettes. Cet ouvrage est le premier volume d’une série du genre dont la coédition sera assurée par Philippe de Moerloose et le Musée Royal de l’Afrique Centrale entre 2016 et 2018.
Unancrage congolais
Pour Philippe de Moerloose, entrepreneur belge qui a grandi à Lubumbashi en République Démocratique du Congo et qui dirige aujourd’hui sa holding SDA depuis Kinshasa, le mécénat auprès du MRAC s’est imposé « comme une évidence ». Une manière pour lui de rendre hommage aux congolais et à leur culture et de permettre à ses compatriotes belges (au même titre qu’aux visiteurs étrangers du Musée de Tervuren) d’aller à la rencontre du patrimoine historique et artistique de son pays d’adoption. « Le pouvoir d’évocation de l’art congolais m’a toujours frappé, confie le chef d’entreprise. Les traditions, les rituels et les objets qui leurs sont rattachés et que l’on peut admirer au Musée de Tervuren font toujours partie du quotidien de beaucoup de congolais. L’idée de contribuer à faire connaître quelques-unes de ces pièces en Belgique me plaît beaucoup. Ceux qui n’ont jamais vu la RDC peuvent ainsi découvrir quelques exemples de l’incroyable patrimoine culturel du pays ».
Philippe de Moerloose, qui a appris le Swahili dans sa jeunesse et le parle couramment, n’a jamais vraiment quitté la RDC (à l’exception de son passage de quelques années à l’école de commerce de l’ICHEC à Bruxelles, d’où il est sorti diplômé en 1991). Dès la sortie de ses études supérieures, il s’est lancé dans les affaires en se tournantinstantanément vers le continent africain. « Dans une époque où les marchés étaient assez pessimistes à l’égard du continent » rappelle-t-il, son activité décolle, et il acquiert alors le surnom de « fonceur Belge du Congo ».
SDA, la holding qu’il dirige aujourd’hui, et dont il est le fondateur, concentre plusieurs activités de secteurs clés africains : équipements industriels, agricoles et miniers, distribution automobile, construction, etc. En vingt-cinq ans, son projet s’est étendu à une vingtaine de pays africains et emploie près de 3000 personnes sur ces différents secteurs. Depuis 2015, son groupe a également réalisé une première entrée remarquée sur les marchés européens, par l’acquisition du Groupe Kuiken/VCM (concessionnaire exclusif des engins Volvo Construction Equipment au Benelux).
Le mécénat, un pont entre la Belgique et l'Afrique centrale
« La mission du MRAC est de faire mieux connaître l’incroyable patrimoine du pays. M’engager comme mécène est pour moi une manière de faire découvrir et admirer ces œuvres d’art au plus grand nombre » explique Philippe de Moerloose. Une manière pour lui de faire le pont entre son pays natal, la Belgique, et son pays d’adoption.
« On peut imaginer la culture et les arts très distants des préoccupations d’un chef d’entreprise mais ce n’est pas mon avis. Lorsque l’on travaille dans un pays, au contact de ses habitants, il est important d’apprendre à les connaître à travers leur langue, leur histoire et leur culture” explique encore Philippe de Moerloose. “Dans mon cas, la RDC est comme une deuxième patrie. C’est un pays auquel je suis très attaché. Faire connaître sa culture est une manière de lui rendre hommage ». Pour l’homme d’affaires belge, le mécénat est l’une des manières les plus efficaces de participer à cette transmission durable, en rendant accessible au plus grand nombre des œuvres et des traditions culturelles encore méconnues en Europe. Une mission qu’il souhaite poursuivre dans les prochaines années, avec, en point d’orgue, la réouverture prochaine du MRAC en 2017.