Présidents africains : le pouvoir ou rien

Vendredi 6 novembre 2015 - 12:38

L‘actualité politique dans la Région des Grands lacs en général et en République démocratique du Congo en particulier, marqué par la fin des mandats constitutionnels des présidents de la République actuels, pousse la rédaction de Congo Nouveau à jeter un regard sur l’insatiable appétit des dirigeants africains à s’accrocher au pouvoir.

 

L’image a fait le tour des réseaux sociaux. Le président tanzanien, heureux, en train d’embrasser son successeur, John Magufuli, investi hier, jeudi 5 novembre, après son élection. Cela, en présence notamment de  Joseph Kabila de la RDC, de Paul Kagame du Rwanda, Robert Mugabe du Zimbabwe, de Yoweri Museveni de l’Ouganda, d’Uhuru Kenyata du Kenya.

Mais, ce passage civilisé du pouvoir reste malheureusement une exception en Afrique. En effet, dans le continent berceau de l’humanité, les chefs d’Etat, dans leur majorité écrasante, ne jurent que par le pouvoir et n’envisage pas le futur autrement. L’Afrique est l’unique continent à avoir des chefs d’Etat recordmans de durabilité au pouvoir et qui, en plus, ne semblent pas prêts à passer la main. Quelques cas :

 

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo

En Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 73 ans, est arrivé au pouvoir depuis le 3 août 1979. Ancien militaire, il totalise à ce jour 36 ans au trône et est loin de le céder d’autant plus que la Constitution de son pays ne l’interdit pas.

 

José Eduardo Dos Santos

Un autre « coller-serrer-cimenter » au pouvoir s’appelle José Eduardo Dos Santos en Angola. A 73 ans d’âge, il est président de ce pays riche en pétrole il y a déjà la moitié de son âge (36 ans). A plusieurs reprises, il a annoncé de céder le fauteuil à une autre personne sans jamais matérialiser ces intentions. Pour 2017, année du scrutin, il a dit la même chose. Reste à confirmer.

 

Paul Biya

A 82 ans, Paul Biya règne au Cameroun depuis le 6 novembre 1982. Il totalise donc aujourd’hui 34 ans au pouvoir. En 2008, il a fait sauter les verrous de limitation du mandat présidentiel. Voilà un autre qui est bien parti pour mourir au trône, surtout que son opposition, divisée, lui facilite bien la tâche.

 

Yoweri Museveni

Le « vieux coutumier », comme aiment bien le qualifier certaines personnes, a déjà 71 ans et 29 ans à la tête de l’Ouganda. S’il lui arriverait, pour une question ou une autre, de ne pas se représenter, son fils qu’il prépare, Muhoozi Kainerugaba, est en embuscade.

 

 

Robert Mugabe

Et que dire de l’intraitable Robert Mugabe du Zimbabwe, du haut de ses 91 ans et 29 ans au pouvoir ? C’est le cas le plus éloquent de l’appétit glouton de la plupart des présidents du continent noir. Celui qui est, à ce jour, le plus âgé de tous ses homologues, ne cesse de s’insurger contre « l’impérialisme» occidental.

 

Idriss Déby Itno

Cela fait 24 ans depuis qu’Idriss Déby Itno, 64 ans, est président du Tchad. Il a l’estime d’avoir instauré le multipartisme après la défénestration de son prédécesseur Hissène Habré, mais tout est codifié pour qu’il se maintienne au pouvoir le plus longtemps possible.

 

Omar el-Béchir

C’est un élément difficile à contrôler. Sur le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide dans la région de Darfour, Omar el-Béchir, 72 ans, règne sur le Soudan depuis 1989. Et, décidément, il donnerait tout pour ne pas quitter son trône vu ses ennuis judiciaires.

 

Issayas Afeworki

Issayas Afeworki, 69 ans et déjà 22 ans au pouvoir est le maître absolu de l’Erythrée. Son régime est présenté comme l’un des plus répressifs du continent et voire du monde. Militant de l’indépendance érythréenne face à l’Ethiopie, il ne va obtenir gain de cause qu’en mai 1993. Il a depuis l’indépendance, instauré un régime au parti unique sans élection présidentielle, ni liberté de la presse. Emprisonnant systématiquement ceux qui s’opposent à son pouvoir.

 

Abdelaziz Bouteflika

Le pouvoir ou rien. Le président algérien l’incarne aussi parfaitement. Malgré son état de santé, Abdelaziz Bouteflika s’est présenté à la dernière présidentielle de 2014 sur une chaise roulante et prononçant à peine un mot, pour un quatrième mandat. Mais celui qui a déjà 78 ans et 16 ans au pouvoir ne veut en aucun cas laisser le trône. Quel accrocheur!

 

Denis Sassou Nguesso

Il cumule 32 ans à la tête de la République du Congo. Alors que l’actuelle Constitution l’interdit de briguer un troisième mandat et limite l’âge du candidat président de la République à 70 ans, Denis Sassou Nguesso, 72 ans, fait le forcing. Il vient de réussir le coup de convoquer un référendum pour une, nouvelle Constitution qui l’ouvrirait à nouveau les portes de la présidentielle.

 

Joseph Kabila

A 44 ans, il est le plus jeune président du continent. Mais arrivé au pouvoir trop jeune en 2011, Joseph Kabila termine, en 2016, son dernier mandat constitutionnel. Ses voisins des Grands lacs, -Denis Sassou Nguesso, Paul Kagame, Pierre Nkurunziza-, qui se trouvent dans la même situation que lui, font déjà le forcing. Lui, malgré les soupçons, ne dit encore rien si ce n’est qu’il respectera la Constitution. Quitter le pouvoir alors que ses aînés, malgré leur âges, s’y accroche, Kabila pourra-t-il faire cette exception? Reste à vérifier.

 

Paul Kagame

Au pouvoir depuis 2000, l’ancien chef rebelle du Front patriotique rwandais (FPR) dirige le Rwanda depuis 15 ans. Bloqué par la Constitution en 2017, il est sur le point d’obtenir la clé de se représenter après un référendum constitutionnel que le Parlement vient d’approuver.

 

Pierre Nkurunziza

Du haut de ses 51 ans, Pierre Nkurunziza est arrivé au pouvoir le 26 août 2005. Dix ans après, il vient d’être réélu pour un troisième mandat malgré la Constitution qui le limite à deux. Malgré l’instabilité qui caractérise depuis son pays, l’homme est bien parti pour les ‘cinq ans supplémentaires.

Ainsi, comme Omar Bon- go du Gabon (mort à 74 et 40 ans au pouvoir), Feux Houphouët Boigny (mort à 88 ans, 33 au pouvoir) et beaucoup d’autres, ils sont nombreux, des chefs d’Etat africains, qui aimeraient bien régner à vie.

C’est malheureusement le constat général, malgré l’instauration de la démocratie. On dirait qu’on était toujours à l’époque des partis uniques.

 

Par Congo Nouveau