Prison Centrale de Makala : La VSV dénonce le rançonnement des visiteurs des détenus

Jeudi 21 mai 2015 - 14:24

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) s’insurge contre la pratique du rançonnement dont sont victimes les visiteurs et membres de famille des détenus à la Prison Centrale de Makala (PCM), sis Kinshasa/Setembao, en République démocratique du Congo et ce; au vu et au su de toutes les autorités de l’administration pénitentiaire.

En effet, des visiteurs toutes catégories confondues sont obligés de monnayer leur accès à la PCM, auprès d’agents ou gardiens commis à la surveillance de cet établissement pénitentiaire souffrant des effectifs pléthoriques soit environ sept mille (7000) détenus actuellement, en lieu et place de 1500 personnes correspondant à sa réelle capacité d’accueil. De prime abord, il convient de souligner que les tracasseries dans cette prison s’annoncent dès l’entrée principale de la PCM où les visiteurs doivent consigner argent et téléphones contre une somme de 500FC.

A l’entrée du bâtiment administratif, les agents commis à la fouille de visiteurs demandent à leur tour de « Teau » ou sous entendu de l’argent.

Au poste de consignation des pièces d’identité des agents pénitentiaires demandent également de l’eau.

A l’entrée des pavillons, il existe “une administration parallèle” constituée de prisonniers” qui s’arrogent le droit de contrôle des visiteurs. A défaut de remettre une somme de 1000FC pour obtenir en échange un jeton avant d’accéder à la salle d’audiences ou aux pavillons, les Avocats sans toges, journalistes, défenseurs des droits humains et autres visiteurs sont contraints à se plier à cet exercice humiliant de rançonnement de la part des détenus devenus trop affairistes. Ce climat vicié de rançonnement des visiteurs à tout bout de champ entretenu à la PCM risque si rien n’est fait, de rendre très difficile l’assistance combien importante dont les détenus ont tant besoin de la part de leurs proches ou membres de famille.

Il y a lieu de relever que l’administration pénitentiaire, avec quelques grains de mais bouillis et d”haricots appelés” vungure” remis quotidiennement aux détenus, n’est pas en mesure d’assurer de manière équilibrée et suffisante l’alimentation de tous les pensionnaires de la PCM, Sur un autre registre, les conditions carcérales pénibles et infra humaines résultant des effectifs pléthoriques dont souffre la PCM rendent la vie intenable dans l’établissement carcéral. A la PCM, l’hébergement dans une cellule convenable coûte cher et se ferait en échange d’une somme dont le montant varie entre 50 et 300$US.
Il convient de souligner que les cellules de certains pavillons ont été réaménagées ou transformées en “cellules VIP”, dans le but d’y installer des détenus potentiellement plus offrants en termes d’argent, Auparavant les pensionnaires démunis occupant ces cellules y ont été extraits et installés dans d’autres pavillons pour le besoin de la cause. Les cellules du pavillon 8 seraient généralement échangées contre le versement d’environ 300$US comme droit d’occupation et une somme de 2000FC à verser chaque semaine à titre d’entretien. Au pavillon 4, quelques cellules dont 2 et 3 situées au rez-de-chaussée ont été aménagées et remises aux détenus pour un montant variant entre 50 et 100$US.
Somme toute, la VSV invite le Ministre de la Justice et droits humains ainsi que le Directeur de la PCM de :
-Faire cesser sans délais la pratique scandaleuse du rançonnement des visiteurs des détenus;
-Enrayer toutes affaires cessantes le réseau des agents, gardiens et détenus affairistes en vue de redorer l’image ternie de la PCM;
-Interpeller les auteurs du monnayage de cellules pour qu’ils répondent de leurs actes devant la loi ;
- Poursuive la politique, de désengorgement en accélérant les mises en liberté conditionnelles des détenus.

Fait Kinshasa, le 18 mai 2015,
La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV)