Protection des personnes handicapées : la FENAPHACO propose des solutions

Mercredi 9 décembre 2015 - 12:34

La Fédération nationale des associations des personnes vivant avec handicap du Congo (FENAPHACO) a proposé, hier mardi 8 décembre, des pistes de solution pour résoudre les difficultés qui aggravent la situation de ces personnes en RD Congo. La FENAPHACO a présenté ces pistes de solution par l’entremise de son coordonnateur national, Me Patrick Pindu-di-Lusanga.

Ce dernier est intervenu sur le sous-thème  » Les personnes vivant avec handicap (PVH) en RDC : problèmes et perspectives « , lors de l’atelier de sensibilisation des parlementaires, personnel judiciaire, acteurs politiques et de la société civile, sur le thème  » La Convention des Nations Unies relatives à la protection des droits de l’Homme, pour plus de dignité et de justice « .

Membre de l’Organisation mondiale des personnes handicapées, la FENAPHACO a organisé cet atelier dans la concession UTEXAFRICA, précisément dans la salle des conférences de la MONUSCO à Gombe, une commune de la ville de Kinshasa. Elle a bénéficié de l’appui des ONG  » National Endowment for Democraty  » (NED) et  » ODR « , du  » Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme « .

Enseignement gratuit

Parmi les pistes de solution, la FENAPHACO insiste, dans le secteur de l’éducation, sur la nécessité d’accorder la gratuité de scolarisation de tous les enfants vivant avec handicap en vue de freiner la tendance à l’analphabétisme dans l’environnement des PVH ; créer d’autres écoles à enseignement spécial pour sourds et aveugles au niveau des milieux ruraux ; initier et soutenir des activités éducatives pour sensibiliser les PVH à connaître leurs droits ; instruire le personnel adapté pour sourds et aveugles aux milieux ruraux.

Sur le plan médical, la FENAPHACO propose d’organiser des cliniques mobiles vers les PVH en vue d’évaluer leurs besoins médicaux, de connaître leur nombre en terme des statistiques par type de handicap, pour mieux formuler des hypothèses d’intervention ; recruter des spécialités de réhabilitation ; créer et équiper des ateliers de production des appareils orthopédiques pour permettre aux PVH de s’émouvoir librement ; disposer des médicaments dans tous les hôpitaux pour aider les personnes épileptiques à entretenir leurs crises ; disposer des produits dermiques pour les albinos ; créer un programme efficace de dépistage au niveau de toutes les maternités pour identifier, sélectionner et orienter tous les cas nécessitant une chirurgie réparatrice et correctrice ; octroyer des bourses d’études pour la formation du personnel en charge des PVH.

Donner du travail aux PVH

Sur le plan de la formation professionnelle, la FENAPHACO entend voir ses partenaires créer des centres de formation avec une multitude de métiers pour permettre aux PVH de devenir utiles et productifs ; disposer des équipements et des matériels pour assurer la pérennité des projets de formation et de production des PVH ; créer des ateliers protégés pour aider les PVH à travailler après la formation et éviter l’inactivité ou le chômage ; créer des cliniques juridiques permettant la conciliation, l’orientation des PVH à rester en justice.

Sur le plan psychologique, la FENAPHACO voudrait que la famille et la communauté soient appelées à un changement de comportement à l’endroit des PVH pour faciliter leur intégration ; que les PVH puissent dépasser le niveau de leur handicap en éliminant la peur et en minimisant les moqueries car rien sur elles ne peut se faire sans elles ; que les églises et les communautés puissent changer leurs attitudes axées sur le châtiment divin et l’esprit malin et amener les PVH à vivre comme Dieu l’entend, sans discrimination, ni préjugés ; que les femmes et jeunes filles vivant avec handicap puissent être éduquées sur le santé de reproduction pour les protéger face aux violences sexuelles, aux grossesses non désirées, facteurs de risque aux infections sexuellement transmissibles (IST), ainsi qu’au VIH/SIDA.

Aider les victimes de la poliomyélite

Elle tient également, sur le plan de l’hygiène et de l’alimentation, à voir doter les PVH plus particulièrement des victimes de poliomyélite marchant à 4 pattes, des moyens adaptés à leurs conditions de vie pour être propres ; soutenir et financer les activités génératrices des revenus pour épargner les PVH contre la malnutrition, a fin d’éviter le comportement de mendicité publique et du parasitisme.

Elle tient aussi, sur le plan des activités sportives et loisirs, à voir organiser et doter les PVH des moyens adaptés pour pratiquer les activités sportives, musicales… et augmenter la participation des athlètes vivant avec handicap aux compétitions continentales et para olympiques pour permettre à ces derniers de se mesurer et côtoyer d’autres athlètes ; créer et organiser des lieux récréatifs permettant aux PVH de se défouler et faire ressortir leurs sentiments profonds ; créer des sites touristiques où les PVH peuvent exposer leurs œuvres artistiques en vue de créer des richesses.

Enfin, sur le plan institutionnel, la FENAPHACO a plaidé pour l’intégration des PVH dans les institutions tant locales, provinciales, nationales et dans des organes de prise des décisions.

Elle soutient que les PVH sont capables de beaucoup de choses à offrir aux communautés, si la chance leur est accordée de vivre normalement car, elles disposent de beaucoup de compétences dans toutes les disciplines.
Avant d’énumérer ces pistes de solution, la FENAPHACO a relevé les difficultés auxquelles les PVH sont butées en RDC.

Le mot de bienvenue à l’atelier a été prononcé par Jean Etienne Makila, directeur national administratif de la FENAPHACO.

Cet intervenant a rappelé les actions menées par la FENAPHACO pour la sensibilisation de la Convention des Nations Unies relative aux droits des PVH, notamment dans les provinces du Kongo Central, Kwilu, Kwango et Sud-Ubangi. Il a émis le vœu de voir les participants à l’atelier contribuer aux efforts de la FENAPHACO de poursuivre cette campagne de sensibilisation.

D’autres exposés ont porté sur  » Le rôle de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) dans la protection et la promotion des droits des PVH  » ;  » La Convention des Nations Unies relative aux droits des PVH, pour plus de dignité et de justice  » ;  » L’état d’avancement de la proposition de loi organique portant protection et promotion des droits des PVH « . Ces exposés étaient suivis d’un débat houleux.

Par Marcel Tshishiku