(Le Point) Un documentaire hommage est consacré au médecin congolais qui reconstruit physiquement et psychologiquement les femmes mutilées. Récit.
Tout juste sorti, cet opus a raflé tous les prix. Golden Butterfly au festival de La Haye, doublement primé au festival Millenium à Bruxelles puis à Vues d’Afrique de Montréal, le film L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate" a reçu tous les honneurs. Il raconte le destin du docteur Denis Mukwege, gynécologue congolais désormais reconnu pour son action salvatrice auprès des femmes du Kivu, victimes de violences extrêmes. Mettre en images un tel sujet n’est pas une évidence. C’est à travers des contrastes saisissants, entre la beauté de la nature et la perversité humaine, entre le protocole guindé des organisations internationales et la poussière du Kivu, que le duo Thierry Michel, réalisateur belge, et Colette Braeckman, journaliste pour le quotidien Le Soir, est parvenu à lui donner une belle intensité. De quoi en faire un succès pendant la tournée mondiale, de Paris à Montréal en passant par New York, Washington et Genève. Objectif : faire bouger les mentalités.
Au sein des montagnes puissantes, de frêles silhouettes
C’est en survolant le Kivu que Thierry Michel a saisi son immensité, tant les collines sont sinueuses et denses de végétation. Un paysage imposant, au sein duquel se détachent de frêles silhouettes, chargées de bidons d’eau. Des femmes habituées à porter jusqu’à deux fois leur poids, dès leur plus jeune âge. Mais leur fardeau est ailleurs. Dans ce conflit qui mine le Congo, elles sont la cible des groupes armés qui sèment le chaos dans la région, riche en coltan, un minerai utilisé dans la fabrication des téléphones mobiles. "Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre", a déclaré le docteur Denis Mukwege lors de la cérémonie de remise du prix Sakharov 2014, à Strasbourg. Derrière la métaphore, une réalité féroce : des parties génitales massacrées. Car c’est à l’aide de couteaux, de baïonnettes, parfois même à l’acide que les bourreaux achèvent leur funeste besogne. "Les viols se déroulent devant les maris, les enfants. Une stratégie organisée pour terroriser et détruire la communauté", confirme Thierry Michel.