RDC : 2016, un glissement est-il possible?

Jeudi 13 août 2015 - 13:32

La question de glissement ne cesse d’alimenter la chronique en République Démocratique du Congo. On l’évoque dorénavant dans le contexte électoral. Certaines personnes en restent méfiants au point quelles doutent fort de la tenue prochaine des élections projetées par la Commission électorale nationale indépendante, nombreux préfèrent parler de glissement pour traduire une intention de vouloir passer outre ‘le calendrier électoral global afin de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016. Cette opinion voudrait amener le peuple à croire que ceux qui exercent le pouvoir actuellement n’ont plus le droit de le conserver, mais plus encore, qu’ils passent simplement la main â leurs adversaires politiques en vertu du fameux principe de l’alternance du pouvoir. Une confusion s’observerait entre l’alternance du pouvoir d’avec la rotation du pouvoir.

Tout parti politique est créé avec un objectif global de conquérir le pouvoir et de le conserver le plus longtemps possible. Tout autre parti ou acteur politique du camp adverse qui l’ignore sera tout le temps astreint à des obstacles devant le conduire, parfois, à es réactions ou des propos moins courtois lesquels peuvent être assimilés au procès d’intention.

Ce serait pratiquement le cas pour les employeurs de « glissement ». Ils l’imputent souvent à tort, au président de la république. Dans leurs propos ils n’hésitent pas un seul instant de signaler que la majorité présidentielle cherche à maintenir

Joseph KABILA au pouvoir alors que, évoquent-ils souvent, conformément à la constitution il ne devrait pas se présenter à la présidentielle prochaine ou continuer à diriger la RDC au-delà de 2016.
Le glissement, à en croire l’opposition, se traduirait désormais par le rejet de toute stratégie de la majorité présidentielle de conserver le pouvoir le plus longtemps possible. Certains acteurs politiques tentent de faire croire aux congolais que ce serait fini pour Joseph KAB1LA, que même au sein de sa famille politique personne d’autre ne pourrait manifester son intérêt de participer, à nouveau, à la conquête du pouvoir. Il y aurait donc une rotation du pouvoir de la majorité à l’opposition !

Mais alors, lexicalement, le glissement décrit un mouvement relatif entre deux éléments en contact. Lors du glissement, il y a du frottement. Le contact entre deux corps est inévitable d’une part, le poids tire les corps vers le bas, un corps doit donc être supporté par un solide ou un liquide, à l’exception des corps volants; d’autre part, il peut être nécessaire de guider le mouvement d’un corps. À partir de là, si l’on veut bouger un corps, cela fait intervenir soit le glissement, soit le roulement, soit un changement d’appui (marche, reptation, chenille), boit une combinaison de deux ou trois de ces modes.

Le glissement est un mode de déplacement simple à réaliser: il suffit de s’assurer de (‘absente d’obstacle surie chemin. Toutefois, une grande partie de l’effort fourni sert à vaincre la résistance au glissement, le frottement. Ce frottement provoque .un échauffement, éventuellement une dégradation des surfaces en contact. Le glissement est alors une action de glisser sur une surface un mouvement de ce qui glisse.

Cependant, le glissement dont question ici, selon ses auteurs, s’explique par une volonté politique de vouloir échapper à une élection. Si cela s’avérerait vrai, on devait commencer par fustiger ce glissement dans le chef des représentants provinciaux du peuple: députés provinciaux et sénateurs congolais. Elus respectivement en 2006 et 2007, après cinq ans, soit en 2011, tous devaient revenir auprès du peuple pour solliciter un nouveau mandat et attendre à ce que celui-ci en décide par voie d’élections au suffrage direct et/ou indirect.

Mais ces députés provinciaux et sénateurs ont abusé de la confiance du peuple. La conquête du pouvoir est toujours et souvent succédée par sa conservation, on peut dire que les députés provinciaux et les sénateurs congolais ont réussi cet objectif. Ils s’en réjouissent étant donné qu’au-delà de 2011, ils sont en train de bouffer l’argent du contribuable congolais en violation du contrat social signé avec le peuple, en 2006 et 2007. Ils ont largement dépassé l’échéance du contrat. Le mandat est de cinq ans renouvelable par élection et non par l’absence de nouveaux députés provinciaux et de nouveaux sénateurs.

Certes, la constitution prévoit que le mandat de sénateurs et députés provinciaux expire à l’installation du nouveau sénat et de la nouvelle assemblée provinciale.

Pour les sénateurs, on peut jusqu’ici constater la crise de légitimité, aussi e cas pour les députés provinciaux. Seulement pour ces derniers, avec les nouvelles provinces issues du démembrement de certaines anciennes provinces on a assisté à l’installation de leurs assemblées provinciales. S’agit-il des anciennes ou des nouvelles assemblées provinciales?

Vu que les anciennes provinces démembrées n’existent plus, on ose croire que les assemblées provinciales installées ces derniers jours à travers les nouvelles provinces sont bel et bien de nouvelles assemblées provinciales, par conséquent, le mandat des députés provinciaux de ces anciennes provinces démembrées venait d’expirer. Ils ne devaient donc pas se précipiter d’ouvrir les sessions extraordinaires des assemblées provinciales de nouvelles provinces ni de monter les enchères en perspective de l’élection des gouverneurs et des vice-gouverneurs des nouvelles provinces car dépourvus de mandat régulier. La carence d’électeurs qualifiés tend à doter les nouvelles provinces des institutions illégales à cause des dirigeants issus des élections non conformes à la constitution. Encore qu’il s’agisse de l’élection dite ”provisoire “, la loi électorale s’étonne.

Par contre, certains observateurs pensent que tous ces députés provinciaux et sénateurs sont encore conformes à la constitution sans démontrer comment les assemblées provinciales installées par-ci, par-là ne sont pas des nouvelles.

Apparemment leur prière de chaque jour va dans le sens de susciter un blocage pour que les élections de nouveaux députés provinciaux ne se tiennent pas au risque d’éjecter les sénateurs actuels. Tous semblent soutenir le glissement pour ces élus.

Mais pour ce qui concerne le mandat du président de la république les gens se coupent en mille morceaux en imputant à leurs compatriotes ce dont ils n’ont pas l’idée, faisant un “procès d’intention “. Tout le temps, en réaction à des propos du genre “nous sommes contre le glissement “, le président de la république Joseph KABILA n’a cessé d’affirmer que la constitution sera bel et bien respectée. On a aussi entendu des slogans du genre “touche pas à ma constitution “, “ne touche pas à mon 220 ».

Si quelqu’un dit avoir le droit d’interdire l’autre de toucher à la constitution, il doit, lui aussi, reconnaitre son devoir de respecter le droit reconnu à tout congolais de recommander ou proposer la révision constitutionnelle. Il n’est donc pas question que celui qui sollicite la révision constitutionnelle soit considéré comme un diable et que celui qui la conteste se considère comme un saint. A chacun de respecter le droit de l’autre.

On n’en est plus aujourd’hui au débat autour de la révision constitutionnelle, mais chacun devrait comprendre que tout comme le refus de réviser la constitution est un droit, la détermination, de la réviser est aussi un droit. On finira par y revenir pour revoir des dispositions fantaisistes et éclairer certaines ambigüités causées par des redondances, parfois des contradictions entre certaines énonciations.
Le glissement, s’il s’agit d’une pathologie, on l’évoque toujours à tort car cela ne met en cause que le mandat du président de la république. Une opinion pourtant discriminatoire. Alors, pour en apporter un remède thérapeutique très efficace, l’on doit bien s’entendre sur le fait que, comme les sénateurs et les députés provinciaux ont glissé au vu et au su de tous les congolais, pour besoin d’équilibre et par le souci d’organiser les élections crédibles et apaisées, que le président de la république glisse aisément, en tout s’il le voudrait, en vue de rééquilibrer les choses. Ce serait plus concret que de précipiter son mandat par une élection dont le contexte politique actuel n’assure pas un lendemain meilleur.

D’ailleurs, on ne doit pas ignorer que lorsque les sénateurs et les députés provinciaux ont atteint le paroxysme de leur glissement, e magistrat suprême du pays, lui, a toujours mis toutes les batteries en marche pour alterner le pouvoir. De 2006 à 2011, cinq ans après, Joseph KABILA se fut donné la peine de mettre son pouvoir à la portée de tous en organisant l’élection présidentielle, mais face à des candidats inefficaces, le peuple congolais lui a simplement réitéré sa confiance qu’il conserve jusqu’à présent. Personne ne saurait dire que la présidentielle de 2011 fut organisée à cause de sa pression sur le président de la république.

Cependant, si glissement y a, ce serait pour remettre le président de la république dans ses droits. Avant qu’on arrive à l’élection d’un nouveau président de la république or doit d’abord attendre que Joseph KABILA glisse au même titre que les députés provinciaux et les sénateurs. Ceux-ci ne sont pas au-dessus de la mêlée pour jouir seul de glissement. Si eux qui ne gèrent pas le pays ont agi de la sorte, à combien plus forte raison le premier des congolais n’agirait-il de la même manière ?

Pas d’élection présidentielle en 2016, d’ailleurs, cela éviterait au pays tous les tourments dus aujourd’hui au fait que, jusqu’alors, rien ne prouve à suffisance que le RDC puisse trouver les moyens adéquats pour financer les élections générales. On doit accorder le temps au président KABILA de bien planifier les choses pour tenir les élections dans des bonnes conditions.

Le glissement de 2016 que l’on dénonce ne pourra intervenir que pour rendre aux sénateurs et aux députés provinciaux le mal qu’ils ont fait au peuple congolais; à tout péché miséricorde mais ici, ils seront pardonnés si et seulement si la présidentielle de 2016 va être repoussée à une date ultérieure. Ils avaient voulu le glissement, ils doivent en avoir ouvertement. Qui cherche trouve et qui trouve supporte, parole d’un artiste musicien congolais de renom.

En définitive, le glissement n’est pas un tabou ni une insulte ni un virus sauvage que le ministère de la santé publique devrait chercher à combattre. On n’aurait pas à faire appel au congolais MUYEMBE comme s’il s’agissait d’une nouvelle souche d’EBOLA. C’est un mot français que l’on doit employer sérieusement dans la pratique politique en RDC car il vaut son pensant d’or. Il faudrait que le président Joseph KABILA en bénéficie, même contre toute entente, car les congolais, précisément les opposants, n’ont rien fait des sénateurs et des députés provinciaux, provocateurs de glissement. Une longue transition pourra permettre de rétablir le chef de l’Etat dans ses droits. Nous y reviendrons.