RDC : Des fuites de deux rapports d'audit externe à l'ex Onatra blanchissent le DG suspendu Daniel Mukoko

Dimanche 21 avril 2019 - 23:58
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Aussitôt suspendu en mars 2019, suite aux allégations de mauvaise gestion, de la Direction générale de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP); Daniel Mukoko Samba avait déclaré qu'il était disposé à répondre de sa gestion et qu'il croyait en la justice de son pays.

Ayant admis lui-même avoir eu à travailler dans des conditions difficiles, l'ex vice-Premier ministre en charge du budget avait aussi affirmé qu'il était confiant sur les conclusions de l'audit externe sur sa gestion.

Sa suspension avait été annoncée en grande pompe au cours du journal télévision de 20h de la télévision nationale (RTNC), on s'en souvient.

Les faits lui reprochés avaient créé de la stupéfaction dans l'opinion car Mukoko est réputé pour être un bon gestionnaire.

Aussi, notre Rédaction s'est fait le devoir de suivre cette enquête de près pour en connaitre les dessous de carte.
Du sérieux l'audit effectué par le cabinet sélectionné à ses conclusions, tout a été passé au peigne fin.
Que cachait ces allégations, vraisemblablement mensongères ? Qui sont ses auteurs ? À qui profiterait cette suspension ?

Les cabinets d'audit mèneront-t-ils une enquête indépendante selon les règles de l'art ou une enquête à charge en ignorant les pièces comptables disponibles ?
Les auditeurs ont-ils la compétence nécessaire pour effectuer un tel audit ? Est-ce un audit politiquement orienté ?
Bref autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre avec cette série d'enquête dont la première va se limiter aux fuites de l'audit. Donc le fond du dossier lui-même.

En effet des fuites de deux audits externes diligentés à l'ex Onatra par son Conseil d'administration et par le gouvernement, depuis des accusations de mauvaise gestion amplifiées par certains syndicalistes afin de déclencher la grève ; sont parvenues samedi 20 avril à la Rédaction de 7SUR7.CD.

ECR, bien que n'ayant pas de référence solide en matière d'audit, est l'une des boîtes qui effectue ce contrôle.
Parallèlement à ECR, la mission d'audit du gouvernement est composée de deux experts de la primature, deux experts du portefeuille et deux inspecteurs de l'inspection générale des finances : ce qui fait 6 auditeurs.

En épluchant les documents de ces deux audits, la conclusion est la même : aucune faute de gestion n'a été décelée dans le management de Mukoko.
Aucun détournement n'a été trouvé dans la gouvernance du professeur Mukoko à l' ex Onatra durant la période allant de 2017 à 2018.

Tous les paiements, tous les montants, tous les bénéficiaires, tous les modes de paiement ; ont été identifiés sans peine par les auditeurs.

Vraisemblablement, les allégations de mauvaise gestion n'étaient donc que de la pure délation pour jeter l'honneur d'un homme respectable en pâture.

D. Mukoko qui a géré, sans se compromettre, le budget de toute la République, chiffré en milliards de dollars américains, c'est à l'ex Onatra, canard de plus boiteux sur la trentaine d'entreprises publiques que compte la RDC ; qu'il viendrait à se compromettre ?

La ficelle était trop grosse pour faire avaler cette grossièreté.

Derrière ce coup, se cache une pègre qui écume la SCTP depuis de longues années et qui l'a mise à genoux. Fausse signature, comptabilité opaque, corruption, détournement, est la marque de fabrique de ce réseau mafieux, confie un agent de l'ex Onatra.

Revenons sur le prétendu détournement de 30 millions de $ par le DG Mukoko.

Selon les rapports d'audit fuités, toutes les pièces comptables sur l'utilisation de cette rondelette somme sont là et confortent la gestion orthodoxe de Mukoko.

La dépense de cette bagatelle a été faite selon un plan approuvé et par le conseil d'administration et par le gouvernement via le ministère des transports et voies de communication.

Tous les justificatifs sur les fameux 30 millions $ (29,5 millions $ exactement) pris chez Afriland Bank, ont été fournis. Ils révèlent que les dépenses ont été exécutées conformément au Plan d'urgence pour la relance de la SCTP.

Ses dépensés ont été retracées au dollars près. Elles se présentent comme suite :

  1. Acquisition de 3 locomotives (4,9 millions $). Ligne de crédit annulée car la banque n’a pas pu émettre une garantie bancaire acceptable par le fournisseur sud-africain Transnet. Ce montant a été extourné, réduisant ainsi le crédit restant à rembourser.
  2. Relance de la carrière de Kiasi-Kolo (4.6 millions $).

  3. Paiement du solde des engins de manutention au Port de Matadi (6,2 millions $).

  4. Acquisition d'une grue mobile au Port de Matadi (1,6 million $).

  5. Paiement de 2 mois de salaires, des arriérés des tentes et des frais scolaires (11,3 millions $).

  6. Frais financiers (1.7 million $).

Blanchi, le DG Mukoko doit être rétabli dans ses fonctions afin que son honneur soit lavé. Il lui appartiendra d'accepter ou pas de poursuivre son aventure à la tête de la SCTP. Au moins son honneur est sauf !

L'Etat, à travers la justice, doit à présent s'atteler à démanteler le réseau de faussaires et détourneurs qui pullulent à l'ex Onatra et qui sont réfractaires à toute réforme allant dans le sens d'assainir l'as comptes de cette société publique qui avait jusqu'à 600 comptes.
Pour assouvir leur boulimie morbide de piller le patrimoine de l'Onatra, ces faussaires instrumentalisent certains syndicalistes.
Au finish, eux gagnent, mais l'Etat, les travailleurs ainsi que l'économie congolaise, perdent !

L'ex VPM au budget mérite aussi des excuses publiques de la part de l'État.

Mukoko dérange !

Mais qui en veut à ce fils Ne Kongo (qui a fait ses preuves de bon gestionnaire quand il s'agissait notamment d'assainir la paie des agents et fonctionnaires de l'Etat) ?

À l'Onatra, des agents ayant requis l'anonymat, nous apprenons que ce technocrate a su nommer le mal dont souffre cette société publique structurante.
Sa suspension serait l'oeuvre des enfants-maison habitués à faire main basse sur les deniers de l'entreprise, nous confie un syndicaliste.

L'on se rappelle que Luzolo Bambi Lesa, conseiller spécial en matière de lutte contre la corruption du chef de l'État, avait élaboré un rapport contenant des preuves de détournement contre certains cadres de l'ex Otraco.
Il avait d'allieurs ouvert un dossier judiciaire resté pendant hélas .