RDC : le budget MATATA ne peut pas développer les Entités territoriales décentralisées

Mercredi 7 janvier 2015 - 16:34

(KongoTimes) « Le budget de la RDC en recettes propres est généralement de 5 milliards de dollars américains pour un budget voté au parlement et promulgué par le président de la République. Le gouvernement central libère chaque mois 1.200 USD payés à chacune des 6.674 ETD. En conséquence, ce budget ne peut pas développer les ETD », estiment les gouverneurs de province par la voix de leur porte-parole, Julien Paluku du Nord-Kivu.

Le développement des 6.674 Entités territoriales décentralisées (ETD) de la République démocratique du Congo (RDC) nécessite un budget annuel de 20 à 30 milliards USD, alors que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo entame l’exercice 2015 du gouvernement de cohésion national avec quelque 9 milliards USD dont 5 milliards USD en ressources internes pour résoudre les problèmes de l’ensemble du pays.

« Le budget de la RDC en recettes propres est généralement de 5 milliards de dollars américains pour un budget voté au parlement et promulgué par le président de la République. Le gouvernement central libère chaque mois 1.200 USD payés à chacune des 6.674 ETD. En conséquence, ce budget ne peut pas développer les ETD », estiment les gouverneurs de province par la voix de leur porte-parole, Julien Paluku du Nord-Kivu.

Fin décembre 2014, le gouverneur du Maniema, Tutu Salumu, a remis 9.000 USD à l’administrateur du territoire de Punia, en lui recommandant la « bonne gouvernance »…

De nouvelles « missions principales » avec un budget « nain »
A la Chambre haute du parlement congolais, des sénateurs on usé de termes forts pour juger le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2015 présenté par le Premier ministre Matata Ponyo, en le qualifiant tout simplement de « nain » pour un pays aux dimensions d’un « géant » en Afrique.

« Je tiens à rappeler que les missions de ce gouvernement sont les suivantes : consolider la paix ; rendre effective l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays ; appliquer les recommandations des Concertations nationales ; mettre en œuvre le processus de décentralisation ; appuyer l’organisation des élections ; améliorer les conditions sociales des populations et poursuivre la reconstruction du pays », a déclaré le président Joseph Kabila dans son discours sur l’état de la Nation, le 15 décembre 2014 devant l’Assemblée nation ale et le Sénat réunis en Congrès au Palais du peuple à Kinshasa.

Et tout cela doit être exécuté avec un budget de moins de 10 milliards USD, quand on sait que les Concertations nationales ont fait près de 700 recommandations, dont 100 « prioritaires » en termes de « défis à relever ».

Selon le chef de l’Etat congolais, « il s’agit principalement des défis structurels et opérationnels en vue de promouvoir le développement économique, financier et celui du secteur productif en se focalisant sur un secteur privé et le partenariat public-privé capable de remplir la fonction de principal moteur de croissance économique : le caractère extraverti de notre économie ; l’inadéquation entre l’évolution positive des indicateurs macroéconomiques et le vécu quotidien des Congolais ; l’insuffisance des instruments de contrôle et de régulation économique ; la nécessité d’accroître le niveau d’exécution budgétaire ; la nécessité de promouvoir une classe moyenne congolaise ; les difficultés d’accès au crédit ; l’impératif de rationaliser le système fiscal ; la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et le coulage des recettes ».

Afin de répondre à ces préoccupations, auxquelles il est « indispensable d’intégrer des indicateurs susceptibles de mesurer de façon réaliste le niveau de vie des populations, afin d’établir l’adéquation entre la stabilité du cadre macroéconomique et le vécu quotidien des Congolais pour que les sacrifices consentis ne soient pas vains », Joseph Kabila préconise que soient prises notamment les mesures ci-après :

. Organiser les Etats généraux des agriculteurs et des paysans ; Réformer le système fiscal ; Poursuivre l’évaluation et la certification des ressources minières, forestières, halieutiques et en hydrocarbures ; Accélérer la mise en place du Conseil Economique et Social ; Restructurer la Cour des comptes ; Elaborer un plan de programmation, budgétisation et procéder au paiement de la dette intérieure certifiée en vue de la relance des emplois dans les Petites et Moyennes Entreprises ».

Il faut aussi « accélérer la mise en forme de toutes les réformes prévues dans le secteur des finances publiques ; évaluer la réforme du portefeuille de l’Etat et élaborer une nouvelle feuille de route ; consolider le climat des affaires par le respect scrupuleux de la loi sur les marchés publics et parachever le processus de la mise en œuvre du droit OHADA ; finaliser la loi sur la Caisse nationale de péréquation ».

Le chef de l’Etat préconise enfin d’« appliquer de manière rigoureuse le principe de l’exercice exclusif du petit commerce par les nationaux ; promouvoir l’implication obligatoire des congolais dans la sous-traitance dans tous les secteurs de l’activité économique ; adopter un dispositif législatif spécifique en vue de promouvoir l’entreprenariat congolais et de favoriser le développement d’un actionnariat national ».

L’Assemblée national attend le « bilan à mi-chemin » de Matata I
L’Assemblée nationale attend du Premier ministre Augustin Matata Ponyo, reconduit dans ses fonctions le 07 décembre 2014, un « bilan à mi-chemin » de l’exécution du programme 2012-2016 qu’il lui avait présenté en mai 2012.

Ce programme gouvernemental avait pour « objectifs proprement dits » la poursuite et la finalisation des réformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de l’Etat ; la consolidation de la stabilité macroéconomique et l’accélération de la croissance et la création d’emplois ; la poursuite de la construction et la modernisation des infrastructures de base.

Il visait également l’amélioration du cadre de vie et des conditions sociales de la population ; le renforcement du capital humain et de l’éducation à la citoyenneté ainsi que le renforcement de la diplomatie et la coopération au développement.

En matière des « réformes institutionnelles », il s’agissait de :

Améliorer les procédures de prise des décisions publiques ;
Poursuivre le processus de décentralisation ;
Réformer l’Administration publique ;
Réformer l’Armée, la Police et les services de sécurité ;
Réformer le système judiciaire ;
Promouvoir les droits de l’homme ;
Lutter contre la corruption et l’impunité,
La promotion du Genre et l’amélioration du statut de la femme et de l’enfant
En ce qui concerne la consolidation du cadre macroéconomique, la croissance et la création d’emplois, le gouvernement visait :

Poursuites des réformes structurelles de l’économie ;
Développement des industries de transformation et des industries structurantes ;
Promotion des politiques favorables à la création d’emplois ;
Promotion de la classe moyenne et protection du petit commerce ;
Consolidation et extension des activités de la micro finance ;
Promotion de la croissance des secteurs économiques clés.
Etaient aussi visés :

Secteur agricole, Elevage et Pêche ;
Secteur des mines ;
Secteur des Hydrocarbures et du Gaz naturel ;
Secteur de Télécommunication des Nouvelles technologies de l’information et de la communication ;
Secteur de la Forêt, du Tourisme et de l’Environnement ;
Secteur de l’Energie électrique.
S’agissant de la poursuite de la construction et de la modernisation des infrastructures de base, le programme prévoyait :

Cadre et priorités d’intervention ;
Routes ;
Voiries,
Ports et aéroports ;
Transport ferroviaire ;
Ports voies maritimes et fluviales navigables ;
Autres infrastructures de soutien à la croissance ;
Réformes institutionnelles.
A propos de l’amélioration du cadre de vie et des conditions sociales de la population, l’objectif était :

Eau potable ;
Electricité en milieu rural ;
Assainissement du milieu ;
Habitat- Urbanisme- Foncier ;
Transport en commun ;
Sant ;
Education ;
Sports, Loisirs et Culture ;
Niveau de revenu et pouvoir d’achat ;
Protection sociale : réforme de la sécurité sociale et régime de retraité ;
Réduction des inégalités et de la vulnérabilité ;
Dynamique communautaire
A travers le renforcement du capital humain et de l’éducation à la citoyenneté, le gouvernement voulait « assurer une adéquation entre la formation et le monde du travail » et « initier (le Congolais) à la nouvelle citoyenneté ».

Quant au renforcement de la diplomatie et de la coopération au développement, le gouvernement voulait :

Redéfinir une nouvelle politique étrangère qui réaffirme la place du Congo sur l’échiquier international ;
Renforcer la coopération régionale et internationale.
Enfin, le gouvernement entendait financer son programme 2012-2016 sur :

Ressources internes ;
Partenariat public- privé et investissements privés ;
Partenariat avec les institutions bi et multilatérales.
Perspectives budgétaires et économiques
Le gouvernement, qui s’est engagé à « maintenir la stabilité du cadre macroéconomique et à soutenir une croissance économique forte, à deux chiffres et plus créatrice d’emplois », prévoit d’atteindre une croissance économique de 10,4% en 2015.

Il mise sur les secteurs de l’agriculture, l’énergie électrique, les mines, les hydrocarbures et gaz naturel, des télécommunications et nouvelles technologiques de l’information et de la communication, de la forêt, de l’environnement et du tourisme ainsi que des infrastructures de base en cours de reconstruction et de modernisation.

Il a présenté un budget en équilibre qui comporte des recettes de l’ordre de 8 406,2 milliards de FC, contre un niveau de dépenses de 8406,2milliards de FC.

« En d’autres termes, les dépenses en capital s’élèvent à 32,6% du budget total. Les transferts aux provinces se chiffrent à 2.006,2 milliards de FC, soit 1.089,6 milliards de FC pour les investissements et 241,7 milliards de FC pour le fonctionnement. On s’attend donc à ce que la croissance économique moyenne atteigne 9,7%, de 2014 à 2017 ; l’inflation passerait d’environ 3,9% en 2014 à 3,1% en 2017. On prévoit une croissance du PIB réel de 2,1 % en 2014 et de 2,5 % en 2015 et en 2016 », a expliqué le gouvernement aux parlementaires.