Le mouvement de grève des magistrats, qui a débuté à Kinshasa lundi 3 novembre, s’est étendu à l’intérieur du pays, notamment en province Orientale où le Syndicat autonome des magistrats du Congo de cette province a décrété une grève illimitée, à l’issue d’une assemblée générale d’évaluation tenue mardi 4 novembre à Kisangani.
Les grévistes exigent un salaire de base de 1600 dollars pour le magistrat débutant promis par le président Joseph Kabila depuis 2011.
Outre la province Kinshasa et la province Orientale, le mouvement a également touché la province du Sud-Kivu, particulièrement Uvira, la deuxième grande ville de cette province après Bukavu, son chef-lieu.
« Les magistrats sont entrés en grève dans plusieurs villes de la RDC, parce que le gouvernement n’a pas respecté leur cahier de charges déposé depuis 2011 » a expliqué à Radio Okapi Munsense Kayembe, le rapporteur du Syndicat des magistrats de la Province Orientale.
« Partant de la situation de suspension de la grève intervenue en 2011, un cahier de charges avait été déposé au gouvernement. Trois ans après, le gouvernement n’a toujours pas honoré ses promesses. C’est ainsi que les magistrats de la province ont décidé d’emboiter le pas à tous les autres magistrats. C’est-à-dire aller en grève », a affirmé Munsense Kayembe.
Il a expliqué que dès mercredi 5 novembre, ils iront déposer leurs procès verbaux de la réunion « et chacun va retourner à la maison pour observer la grève jusqu’à ce que le gouvernement nous paie les 1600 dollars américains annoncés par le président de la République ».
Lors de son discours-bilan en septembre 2011, le président Joseph Kabila avait déclaré que le magistrat débutant touchait 1600 dollars américains.
Après cette déclaration, les magistrats du Palais de la Justice à Kinshasa avaient spontanément déserté les bureaux, mécontents de leur enveloppe salariale de loin inférieure à ce que le chef de l’Etat congolais avait communiqué. Ils avaient alors estimé qu’une partie de leurs salaires était détournée et demandé une restitution avec effets rétroactifs.
Uvira : des ONG s’inquiètent
Les magistrats ont aussi observé un mouvement de grève au Parquet de Grande Instance d’Uvira au Sud-Kivu. Presque tous les bureaux sont restés fermés pendant la matinée de mercredi 5 npvembre.
Cette situation inquiète les ONG des droits de l’homme qui craignent « des irrégularités au niveau de beaucoup de dossiers ».
« Les dossiers sont freinés. Il y aura des irrégularités au niveau de l’instruction des dossiers au parquet et à la police judiciaire qui ne peuvent détenir les prisonniers que pendant 48 heures. Avec la grève des magistrats, ce délai peut être prolongé et d’autres personnes peuvent tenter de se faire justice et favoriser la pratique de justice populaire », a déclaré Alpha Chika, la responsable de l’ONG Arche de l’alliance.
Elle a indiqué que 8 territoires du Sud-Kivu dépendent du parquet d’Uvira.
« Nous par exemple, nous avons un présumé auteur de violences sexuelles qui a été arrêté au niveau du bureau 2. Il devrait être transféré à l’auditorat depuis vendredi dernier, mais jusque hier (mardi), nous n’avions pas de suite et nous ne savions pas à qui nous adresser », s’est-elle plainte.
Alpha Chika a demandé au gouvernement de s’impliquer dans cette affaire pour voir comment décanter la situation.
Après les magistrats de Kinshasa, Kananga (Kasaï-Occidental) et Mbandaka (Equateur), c’est adonc u tour de ceux d’Uvira (Sud-Kivu) et de la Province Orientale de respecter la consigne de grève déclenchée lundi 3 novembre sur toute l’étendue de la République.