RDC-L’UDPS crache sur la CNS et le dialogue intercongolais de Sun City !

Mardi 12 janvier 2016 - 09:52
Image

La Conférence nationale souveraine a permis à l’UDPS d’accéder, pour la première fois, à la primature. Le dialogue intercongolais de Sun-City a produit l’ordre politique actuel que l’UDPS défend mordicus. Malgré cela, le parti de la 12ème Rue Limeté ose dire que ces forums n’ont été que des « ratés » et que le dialogue attendu est,  à ses yeux, celui de la « dernière chance ». Déni de l’histoire ou opportunisme ?
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) tient à participer au dialogue en cours de préparation. Son président, Etienne Tshisekedi l’a réaffirmé dans son message de vœux à la nation rendu public la semaine dernière. La fille ainée de l’opposition espère que ce dialogue va « mettre fin à la crise née des élections de novembre 2011 et permettre l’organisation des élections apaisées ».
Dans un communiqué  daté du 6 janvier 2016, le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, a abordé dans le même sens. Il a fixé l’opinion sur la position de son parti par rapport à la plateforme récemment créée, le Front citoyen 2016, où son secrétaire chargé des relations extérieures a adhéré le 19 décembre 2015 après sa participation à la conférence de l’île de Gorée, au Sénégal.
La CNS a donné la Primature à l’UDPS
Dans cette mise au point, Bruno Mavungu note que « l’UDPS n’a pas signé l’acte fondateur de la plate-forme Front Citoyen 2016 en conséquence, le parti n’est pas membre de ce groupement ». Dont acte.
Tenant à justifier la participation de son parti au dialogue politique, Bruno Mavungu a carrément craché sur la mémoire de la Conférence nationale Souveraine (CNS) et le Dialogue intercongolais de Sun-City. « L’UDPS tient à ce dialogue considéré comme celui de la dernière chance après les ratés de la Conférence nationale Souveraine (CNS) et du Dialogue intercongolais de Sun-City en Afrique du Sud », souligne le secrétaire général du parti de la 12ème rue Limete.
La CNS est le premier forum qui a réuni toutes les forces vives de la nation dans le Zaïre post dictature. Ces assises ne sont aucunement un raté. Elles ont permis de dresser un regard critique sur l’état de la nation à l’aube de la démocratie. La CNS a permis d’étaler l’horreur de la dictature mobutienne afin que dans l’avenir les dirigeants en tirent les leçons de l’histoire.
C’est encore la CNS qui a permis à l’UDPS d’accéder, pour la première fois, à la primature, en élisant Etienne TshisekediwaMulumba comme Premier ministre de la Transition. Ne serait-ce que par ce dernier fait, la CNS ne peut pas être une conférence ratée, surtout pas pour l’UDPS.
Le pacte républicain actuel est le fruit de Sun-City
La même CNS a dressé des résolutions utiles pour la marche du Zaïre de l’époque. Si ces dernières n’ont jamais été appliquées c’est par l’absence de volonté politique du Marechal Mobutu. Mais l’histoire retiendra que par cette absence de volonté politique, l’aigle de Kawele sera balayé en sept mois seulement par les kadogo de Mzee Laurent Désiré Kabila en mai 1997.
Quant au dialogue intercongolais de Sun-City, il est tout simplement celui qui a jeté les bases de l’ordre politique actuel que l’UDPS est en train de défendre mordicus et qu’on ne veut voir son changement, en tout cas pas pendant cette mandature.
Depuis la démocratisation le 24 avril 1990, la CNS et le Dialogue intercongolais sont les seules conférences qui ont rencontré un large consensus dans la nation congolaise. Ni le débat national sous M’zee Laurent désiré Kabila ni les Concertations nationales de 2013 n’ont recueillis autant d’adhésion populaire.
Dialogue de la dernière chance ?
Alors, «  dialogue de la dernière chance » ? A qui ce message contenu dans le communiqué de l’UDPS s’adresse-t-il ? Au régime en place ? Aux Congolais ? A l’UDPS ? L’on sait que l’UDPS est en quête de l’impérium  depuis la proclamation, par la CENI de NgoyiMulunda, de Joseph Kabila comme gagnant de la présidentielle de novembre 2011. Est-ce que l’UDPS attend-t-elle trouver gain de cause par rapport à ça ? Même les plus naïfs des Congolais ne le pensent pas.
Ou simplement, l’UDPS considère que ce dialogue, soutenu à corps et à cri, quasiment une année avant la fin du quinquennat, par la Majorité présidentielle, est celui qui devra enfin trouver les meilleurs voies pour l’édification d’un Etat où le développement de son économie sera effectif en vue d’un bien-être collectif des Congolais. Si tel est l’entendement de l’UDPS quand elle parle de « dialogue de la dernière chance », alors Tshisekedi et la suite qui l’accompagnera au dialogue doivent tirer les leçons de l’histoire.
Le parti de Mzee Laurent désiré Kabila, le PRP, n’a pas été validé à la CNS. Le soldat du peuple, sans broncher, est retourné dans son maquis. Cinq ans après, il est revenu à la tête de l’AFDL qui a balayé le régime Mobutu.  Une fois au pouvoir, Mzee ne s’est jamais senti intéressé par les résolutions de la CNS, parce qu’il y a été exclu. Et donc, l’inclusivité reste un critère essentiel.
Voilà qui donne raison au professeur MutambaMakombo qui, au cours d’une conférence sous le thème « Dialogue : défis et leçons à tirer » organisée par le quotidien Le Potentiel, a été on ne peut plus clair.
Il a soutenu que la réussite du dialogue national politique convoqué par le Chef de l’Etat dépendra de son caractère inclusif, de la composition des membres participants, du lieu selon qu’il est rassurant pour tous les participants, des garanties de sécurité à assurer aux participants, de la clarté de l’ordre du jour (de quoi va-t-on parler ? quels sont les résultats attendus ?), de la durée qui doit être optimale, du rôle de médiateur, de l’application des résolutions arrêtées à ces assises et même de l’opportunité d’un front commun que les Congolais peuvent faire face aux intérêts supérieurs de la nation.
L’UDPS a encore le temps de voir si ces critères sont réunis pour le dialogue auquel elle est invitée de participer. Sans quoi  les mêmes causes produiront les mêmes effets. La CNS a produit des résolutions qui n’ont jamais été promulguées à cause de l’absence de volonté politique. Une des résolutions majeures de Sun-City est la formation d’une armée nationale, restructurée et intégrée. On n’y est jamais parvenu non sans compter la réconciliation nationale.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1992, la plénière de la CNS élit Etienne Tshisekedi comme Premier ministre de la transition, avec 70,8 % des voix. Sur la photo, on voit  Etienne Tshisekedi sur le parvis du Palais du Peuple après son élection.