Relèvement du coefficient de la réserve obligatoire : la RDC proche de l’asphyxie

Vendredi 6 mai 2016 - 11:36

Le marché de change n’a pas encore complètement échappé à la surchauffe. Face à cette situation, la Banque centrale du Congo (BCC) se dit optimiste.

 

L’économie congolaise traverse une période parmi les plus sombres de son histoire. Pour la première fois depuis plusieurs d’années, la réserve excédentaire des banques commerciales a dépassé le niveau de la réserve obligatoire. La dernière semaine du mois de février et, au plus fort de la surchauffe sur le marché monétaire, la réserve excédentaire des banques commerciales avait culminé à 288 milliards de francs congolais. Et du coup, l’économie nationale a traversé une zone de fortes turbulences tel que le reconnaît le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) et président du Comité de politique monétaire, Deogratias Mutombo Mwana Nyembo.

 

Au cours de la conférence de presse tenue le mercredi 4 mai à l’issue de la quatrième réunion du CPM, Deogratias Mutombo a indiqué que le fait de relever le coefficient de la réserve obligatoire a conduit la BCC à diminuer cette réserve. Celle-ci sera diminuée à plus ou moins 100 milliards de francs congolais contre moins de 20 milliards de francs congolais il y a quelques jours. «Aujourd’hui, la réserve excédentaire des banques commerciales est négative. Elle’ se situe à 292 milliards de francs alors que tous les avoirs confondus des banques commerciales dans le livre de la Banque centrale du Congo sont de l’ordre de 291 milliards de francs congolais. Nous nous trouvons dans une situation proche de l’asphyxie », a reconnu le président du CPM.

 

Pour Deogratias Mutombo, la liquidité excédentaire à ce jour est presqu’inexistante. Une situation qu’elle qualifie d’anormal. «Il n’est pas normal de vivre dans une économie où il n‘y a pas de liquidité excédentaire », a-t-il fustigé. Néanmoins, le gouverneur de la BCC reste optimiste. Il est certain que la situation finira par se normaliser d’ici quelque temps, surtout quand on sait que pendant cette période, les assujettis s’acquittent du paiement de l’impôt sur le bénéfice. Pendant la même période, l’on parle également de l’ajustement budgétaire. « Néanmoins, c’est une situation qui exclut toute spéculation possible à partir du poids de la monnaie nationale sur la devise étrangère », estime le gouverneur de la BCC.

 

STATISTIQUES ENCOURAGEANTES

 

L’opinion se souviendra que la BCC est intervenue plusieurs fois sur le marché de change en ponctionnant plus ou moins 40 milliards de francs congolais. Une stratégie qui, à ce jour, a porté des fruits. La situation semble plus ou mois calme depuis la deuxième quinzaine du mois d’avril.

 

Il faut noter que l’analyse de derniers développements de l’évolution de la conjoncture économique tant au niveau national qu’international n’indique pas de risque de chocs supplémentaires à même de perturber davantage le cadre macroéconomique qui, du reste, s’est stabilisé. Cela d’autant plus que sur le plan externe il n’y a pas de risque du tout. «Au plan interne, c’est vrai que la volatilité est encore perceptible sur le marché de change, mais l’amplitude de cette volatilité devient de plus en plus faible. Le mois d’avril a été clôturé avec un taux à l’indicatif de 949 CDF le dollar américain à l’interbancaire. Et au parallèle, le franc congolais s’échange à 975 CDF contre un dollar américain. Nous sommes en légère baisse par rapport à la première quinzaine du mois d’avril », a déclaré Deogratias Mutombo.

 

Le CPM s’est félicité de la dernière intervention de l’institut d’émission sur le marché de change via la cession de 50,0 millions USD. Lesquels ont permis de casser l’accélération de la dépréciation et de restaurer une stabilité relative de la monnaie nationale aux deux dernières semaines du mois d’avril. Ainsi, de 985 CDF le dollar américain, le taux de change vendeur sur le segment parallèle s’est établi, à fin avril 2016, à CDF 981,67. Quant au cours indicatif, il s’est situé à CDF 949,49.

 

Concernant les réserves internationales, elles se sont établies à 1.206,38 millions USD, niveau correspondant à 5,33 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres.

 

Soucieuse d’assainir le marché monétaire, la Banque centrale du Congo a orienté son instrument Bon BCC dans le sens d’une ponction de la liquidité avec un encours qui a tourné autour d’une moyenne de 80,0 milliards de CDF. Le marché interbancaire est resté dynamique, les transactions s’y sont dénouées.au taux moyen pondéré de 1,75%.

Par Olivier KAFORO