RÉPLIQUE DE LAMBERT MENDE

Jeudi 21 avril 2016 - 05:47

A Monsieur le Sénateur John McCain à Washington/ Etats-Unis d’Amérique
Concerne : Votre lettre à notre Ambassadeur à Washington

Monsieur le Sénateur,
Votre lettre du 15 avril 2016 à Monsieur l’Ambassadeur de la République Démocratique du Congo à Washington relative au climat politique et aux droits de l’homme dans notre pays nous est parvenue car elle a été publiée dans les médias avant livraison à son destinataire.
Cet intérêt d’un législateur américain de votre rang à la situation politique interne en RDC nous réjouit.
En réaction, je voudrais au nom du Gouvernement vous éclairer sur des détails de l’histoire immédiate de la RDC que vous ne prenez pas en compte :
1) La classe politique Congolaise est focalisée autour du Dialogue National Inclusif convoqué par le Président Joseph Kabiia avec le soutien de la Communauté Internationale. Ce forum se donne pour objectifs de trouver des solutions idoines aux problèmes soulevés par le processus électoral que tout le monde souhaite transparent, démocratique et surtout apaisé. Ces problèmes tels que listés par notre Commission Electorale Nationale Indépendante (CENl) sont : l’actualisation du fichier électoral (jugé corrompu et obsolète par toute la classe politique après une expertise de l’Organisation Internationale de la Francophonie), notamment pour enrôler les nouveaux majeurs dont le nombre est évalué à ce jour à plus de 8 millions, en expurger les anciens électeurs décédés et étudier les voies et moyens de sécuriser le processus électoral, sans oublier la mise à disposition des moyens financiers nécessaires pour les opérations électorales dans un contexte de rétrécissement des ressources budgétaires du fait de la chute des cours des matières premières qui constituent l’essentiel de nos recettes publiques et des promesses d’appui non tenues de la Communauté internationale en ce compris votre pays, les Etats-Unis.
2) Maigre les prescrits de la Constitution auxquels tous les Congolais tiennent beaucoup, les élections locales et municipales n’ont jamais été organisées depuis 1959, privant ainsi notre peuple de la démocratie à la base. Les élections provinciales et sénatoriales n’ont été organisées qu’une seule fois en 2006 avec pour conséquence l’extension des mandats concernés au delà des 5 ans constitutionnels alors que les élections présidentielle et législatives qui semblent tant vous préoccuper sont les seules à avoir été organisées à deux reprises à bonnes dates (2006 et 2011). Par ailleurs, des dysfonctionnements graves ont émaillé ces élections et ont conduit à des troubles avec morts d’hommes que le peuple congolais ne veut plus jamais revivre. Conscient de tout cela et des difficultés susmentionnées, le Président Kabila tient à donner à son peuple une chance pour une gestion consensuelle dudit processus grâce audit dialogue inclusif.
3) De ce qui précède, tous les Congolais qui aiment leur pays ont résolu de prendre part à ce dialogue imminent à l’exception de quelques extrémistes ambitieux qui caressent ’espoir de ramasser le pouvoir en créant le chaos. Plutôt que de s’associer à cette démarche pacifique et républicaine qui s’inscrit dans nos traditions, ils se sont transformés en fétichistes des dates et n’ont de projet que l’agitation de l’épouvantail d’une insurrection populaire sous le prétexte du non respect des délais qu’ils savent pourtant objectivement intenables. Il est déplorable que vous acceptiez de mettre votre célébrité et leadership au service d’un dessein aussi irresponsable.
Nous apprécierions que vous ayiez une lecture plus réaliste de la situation en RDC, pays qui est en si bons termes avec les USA au lieu de vous inscrire, sur base d’informations délibérément biaisées, dans la défense de thèses de ceux qui ne fondent leur existence politique que sur le schéma de l’instabilité chronique de nos institutions.
Nous espérons ainsi pouvoir, à la lumière de ce modeste éclairage, vous compter désormais parmi les intercesseurs d’un Congo paisible et convivial au Sénat américain pour obtenir notamment que les États-Unis d’Amérique viennent concrètement au chevet de notre processus électoral avec les appuis financiers attendus au lieu de se cantonner dans des anathèmes et des menaces d’une époque révolue.
C’est de cette manière que les États-Unis pourraient contribuer efficacement au "tout premier transfert démocratique du pouvoir"’ en RDC. Lambert Mende Omalanga