RETOMBEES DE L’EXCLUSION DU G7 L’OPPORTUNISME L’EMPORTE SUR LES CONVICTIONS

Jeudi 24 septembre 2015 - 06:25

* Nommés sous le label de leurs partis respectifs, ministres, membres des bureaux du Parlement refusent de démissionner au nom de
la « fidélité à l’Autorité morale de la MP ».

L’exclusion du G7 de la Majorité présidentielle met à nu l’opportunisme des politiciens congolais. Apparemment, les convictions politiques sont renvoyées au vestiaire au profit de la soif de conserver les postes sans aucun respect de la légalité en la matière. C’est donc à cela qu’on assiste en RD Congo depuis que le G7 ne fait plus partie de la famille politique du chef de l’Etat. C’est de la sorte qu’en lieu et place de démission, comme cela se fait dans des pays de vieille tradition démocratique, ce sont plutôt des déclarations de soutien au chef de l’Etat, en sa qualité d’Autorité morale de la MP et, par ricochet, de reniement aux leaders des partis politiques, qui rythment l’actualité politique. En fait, on refuse de tirer les conséquences politiques de l’exclusion du G7 dans l’espoir de conserver des postes.

Là où l’on devrait logiquement assister uniquement à des démissions dans les rangs des ministres membres des partis faisant partie du groupe de sept, ce sont plutôt des déclarations de soutien à l’Autorité morale qui fusent de partout sans aucune conviction. Or, les ministres, les membres de bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, désignés sur base de la lettre des présidents de leurs partis politiques devraient tout d’abord tirer les conséquences politiques en démissionnant de leurs postes avant d’exprimer leur loyauté à l’Autorité morale. Mais, tout se passe comme s’il n’y avait aucune éthique, aucune élégance et donc aucune règle à respecter. Au point de donner l’impression que la politique se limite à la recherche des postes.

LA RECHERCHE DES POSTES L’EMPORTE SUR LES CONVICTIONS
Comment expliquer que des gens qui ne juraient hier que par leur appartenance à tel ou tel autre parti politique, se réveillent un matin pour tirer à leur manière les conséquences politiques en choisissant de déclarer leur loyauté à l’Autorité morale tout en reniant ceux qui les avaient inscrits sur la liste pour entrer au Gouvernement ou pour occuper un strapontin au perchoir. Une façon de payer les leaders de leurs partis en monnaie de singe tout simplement. Pourtant, la signature de ces leaders dans l’acte qui les avait nommés étant désormais caduque, ils devraient commencer par en tirer les conséquences en démissionnant, puis à quitter leurs formations politiques par la suite et à déclarer loyal au Raïs. Il se pose vraiment un problème d’éthique politique et ceci renseigne sur l’état d’âme des acteurs politiques congolais.
Sous d’autres cieux, ministres et membres de bureaux du Parlement n’auraient pas du tout suivi cette démarche. Ce serait, bien au contraire, des démissions en cascade au point qu’aucune déclaration du genre auquel on assiste depuis quelques jours feraient l’actualité. Même que certains prétendent que ce sont leurs bases qui leur demandent de rester au Gouvernement en refusant de démissionner, les mêmes bases n’avaient jamais été mises à contribution lorsqu’ils négociaient leur entrée à l’Exécutif. En fait, la volonté des électeurs était qu’ils siègent au Parlement et c’est pour cette raison qu’ils avaient été élus. En réalité, ils ont mordu à l’hameçon de la majorité à travers un communiqué qui indiquait qu’ils devraient renier les signataires de la lettre du G7 pour rester au Gouvernement.

RENIEMENT, UNE VIEILLE METHODE POUR AVOIR DES POSTES
Au sein de la Majorité présidentielle, on retrouve des gens qui ont déjà fait leurs preuves en matière de reniement. A l’époque du maréchal Mobutu, c’était vraiment une stratégie naturelle pour exercer certaines fonctions. Combien de politiciens n’ont-ils pas renié l’Union sacrée de l’Opposition radicale pour se retrouver qui Premiers ministres, qui ministres au sein du Gouvernement sous le label de Mobutu ou de sa famille politique ? Chasser le naturel, il revient au galop, dit-on. Là également, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, on parlait d’auto exclusion comme aujourd’hui pour le G7. Bernardin Mungul Diaka, Jean Nguz a Karl-i-Bond, Faustin Birindwa, Léon Kengo étaient tous venus de l’Opposition qui misait sur Etienne Tshisekedi à la Primature pour trôner sur l’ex avenue de 3 Z à la Gombe. Encore que chacun d’eux avait son parti politique.
Ce qui poussait un acteur politique à déclarer qu’il n’y avait pas de problème d’idéologie, mais simplement un problème de postes. Cette phrase, dite à l’époque de Mobutu, semble visiblement demeurer d’actualité aujourd’hui encore au regard des démissions enregistrées. Qui a trahi, trahira, soutiennent les observateurs avertis de la scène politique congolaise. En fait, c’est la recherche des postes qui a poussé ceux qui devraient démissionner à se rétracter au grand jour et ceux qui alignent des déclarations à le faire. Aucune conviction n’est donc à l’origine des actes posés. Il est question pour des membres issus des partis du G7 de tout faire pour garder leurs postes dans les institutions et pour les "chômeurs " politiques la multitude de postes à occuper. Surtout qu’il faudra nommer, en dehors des vacances créées par le G7, des commissaires spéciaux dans les 21 nouvelles provinces !

LE RAÏS A LA L’OCCASION DE JUGER LES ACTEURS POLITIQUES
Face à ce qu’ils qualifient de supercherie, les observateurs sont d’avis qu’à travers le spectacle auquel on assiste actuellement, le Raïs a l’occasion de juger les acteurs politiques congolais dans leurs actes. Car, s’il n’avait pas agi contre les membres du G7, on n’aurait pas assisté à l’avalanche de démissions. Les déclarations d’amour lui adressée sont rarement sincères. Elles reposent sur la soif de garder un poste ou d’en gagner. Cela voudrait également dire que les mêmes personnes, au cas où - on ne le souhaite pas - les choses viendraient à changer un jour en RDC, le renieraient comme ils le font maintenant. Déterrant le même discours tenu aujourd’hui, ils s’appliqueront tout simplement à changer de nom pour solliciter la confiance du nouveau venu. Sans aucun état d’âme et sans le moindre remord.
Aujourd’hui, on a l’impression que le maréchal Mobutu n’avait jamais existé. Pourtant, beaucoup ne juraient que par lui à l’époque et souhaitaient même qu’il vive pendant 100 ans. Où sont-ils passés aujourd’hui ? Tous chantent en l’honneur de Joseph Kabila après l’avoir d’ailleurs fait pour son père M’Zee Laurent-Désiré dont ils se souviennent à peine. C’est la recherche des postes qui motive la plupart de politiciens congolais et rien de plus. Aucune conviction. L’histoire étant toujours un éternel recommencement, le reniement est à la " une " depuis quelques jours. A ce titre, la loyauté déclarée à l’Autorité morale de la Majorité présidentielle n’est qu’une stratégie visant à conserver un poste ou à l’acquérir. Il suffira de remplacer ceux qui oint refusé de démissionner pour connaître leur vraie nature. M. M.