Saïd Djinnit s’arrête à mi-chemin de la solution

Vendredi 10 juillet 2015 - 12:38
Rétablissement d’une paix durable et stabilisation de la région de Grands Lacs Il faut que les régimes politiques dominants mais sociologiquement minoritaires engagent un dialogue franc avec leurs oppositions respectives… L’accord-cadre conclu à Addis-Abeba en 2013 et visant le rétablissement de la paix et la stabilité dans la région de Grands Lacs africains tarde toujours à produire les effets que les populations des Etats concernés sont en droit d’attendre de lui ! En effet, depuis la signature de cet accord, la partie orientale de la RDC est en proie à des incursions répétées des mouvements insurrectionnels ou des unités combattantes des forces armées en provenance des Etats voisins. Il y a lieu de rappeler à ce sujet les massacres perpétrés récemment par les ADF-Nalu en territoire de Beni (Nord-Kivu), les tueries et autres enlèvements parmi les populations civiles des localités de Rutshuru et Goma par des militaires de l’armée patriotique rwandaise, l’occupation de quelques localités de la plaine de la Ruzizi proche d’Uvira au Sud-Kivu par des rebelles en provenance du Burundi etc ! Pendant que les émotions consécutives à ces tueries et exactions de toutes sortes sont encore très chaudes, l’envoyé spécial du secrétaire général de Nations Unies dans la région de Grands Lacs africains, Saïd Djinnit, débarque de la manière la plus officielle qui soit à Kinshasa en vue de poursuivre la mise en œuvre dudit Accord-cadre d’Addis-Abeba dont les populations de la région ne se souviennent plus que très vaguement ! Un dialogue avec les Oppositions ! Au cours de ses différents contacts, notamment avec le premier ministre Matata Ponyo et le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, Saïd Djinnit a indiqué que l’intégration économique des Etats qui passe par l’investissement massif dans le secteur privé est bien indiquée comme thérapie de choc pour rétablir la paix et la stabilité dans la région de Grands lacs africains fortement marquée par des conflits armés dont ils sont le théâtre depuis de longues décennies. Mais des milliers de ressortissants de cette région devenue le ventre mou de l’Afrique qui ont entendu le discours de l’envoyé spécial du secrétaire général pour la région de Grands Lacs ont crié à la sous-estimation du problème par ce dernier avant de lui demander de bien vouloir reconsidérer son point de vue. D’après ces hommes et ces femmes qui boudent les certitudes de Saïd Djinnit quant aux vraies solutions à la crise récurrente et multiforme de la région de Grands Lacs africains, l’envoyé spécial de Ban Ki-Moon s’est arrêté à mi-chemin de la solution attendue. Pour ces derniers, en effet, il faut que les régimes politiques dominants de la région sociologiquement minoritaires engagent un dialogue franc avec leurs oppositions naturelles respectives pour que la paix et la stabilité se rétablissent effectivement : Rwanda entre Hutu et Tutsi ; Ouganda entre Baganda et Nyankore ; RDC entre la MP et les forces politiques et sociales acquises au changement, sous l’égide de la communauté internationale ! Par Kambale Mutogherwa
 

AfroPari Juillet 2025