Deux semaines après le carnage de Beni : La Monusco annonce l’arrestation des 200 suspects

Jeudi 6 novembre 2014 - 13:04

C’était au cours de son point de presse hebdomadaire d’hier mercredi à Kinshasa que la Monusco a annoncé que deux cents personnes ont été arrêtées dans le territoire de Beni, après les massacres qui ont fait environ 120 morts en un mois.
« La police de la Monusco a mis en place conjointement avec la Police nationale congolaise une stratégie opérationnelle de lutte contre l’insécurité à Beni qui a permis l’arrestation de 200 suspects, dont des membres du groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées) », a annoncé, mercredi 5 novembre à Kinshasa, Charles Bambara, directeur de l’information à la Monusco.
« Les arrestations ont permis la saisie d’armes et de munitions de guerre, de bombes, de radios et de nombreux effets militaires », a-t-il précisé, soulignant que la Monusco avait fourni un soutien logistique pour les interpellations.
Le Samedi dernier, les autorités provinciales avaient présenté à la population quelques suspects, expliquant qu’ils se préparaient à faire sauter le marché de Beni à l’aide de bombes artisanales – montrées au public avec un lot de machettes, l’arme utilisée dans les récents massacres.
Pour améliorer les interventions au profit des populations en danger, la Monusco, qui appuie la lutte contre les nombreux groupes armés de l’Est du pays, a pris en charge le fonctionnement de deux numéros verts.
Rappel des faits
Depuis début octobre, le territoire de Beni, dans la province instable du Nord-Kivu est la cible d’attaques répétées d’individus armés qui s’en prennent aux populations civiles. Environ 120 morts en un mois.
Les observateurs constatent que ces attaques contre les civils se suivent et se ressemblent à Beni, territoire de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC. Par armes à feu ou à la machette, les populations sont massacrées dans les quartiers périphériques de la ville éponyme et dans les villages environnants.
À en croire le bilan de la société civile locale, du « 2 octobre au 2 novembre », les tueries ont fait environ 120 morts et entraîné le « déplacement massif d’au moins 10 000 ménages ».
Fin octobre, Joseph Kabila lui-même s’était rendu dans la région pour essayer de rassurer la population, promettant de « vaincre » les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), soupçonnés d’être responsables de cette série des massacres. Mais le passage du chef de l’État congolais n’a rien changé sur le terrain. Dès le lendemain de son départ, entre 7 et 11 personnes ont été tuées à Beni, provoquant une violente émeute dans la ville.
De son côté, la Monusco a indiqué avoir « d’ores et déjà apporté des moyens d’appui et des renseignements à la douzaine de régiments de l’armée congolaise actuellement engagées dans les combats contre les ADF ». Et les patrouilles ont été multipliées de nuit comme des jours.
Une compagnie d’intervention malawite supplémentaire a été dépêchée sur place à Beni. Même le général brésilien Carlos Alberto Dos Santos Cruz, commandant de la force onusienne, est descendu sur le terrain.
Pas suffisant pour convaincre la société civile du Nord-Kivu. « La Monusco a failli dans sa mission de protection des civils à Beni.
Elle ne doit pas attendre l’armée congolaise pour mener des actions contre les forces négatives », se plaint Thomas d’Aquin Muiti, président de coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu qui rappelle les dispositions de la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU, laquelle autorise la brigade d’intervention de la Monusco à « mener, seule ou avec les FARDC, des offensives ciblées et robustes » contre les forces négatives dans l’Est de la RDC.
ADF, une menace pour les populations civiles de Beni et ses environs
Dans un communiqué, la Nouvelle société civile congolaise(NSCC) se dit choquée et excédée suite à la série des massacres perpétrés en toute impunité par les terroristes ougandais de l’ADF-NALU en territoire de Beni.
Elle dénonce ces tueries, des décapitations, des enlèvements, des viols et pillages auxquels se livrent à cœur joie ces hors-la-loi, ces terroristes ougandais sur le sol congolais.
Le bilan depuis le mois d’octobre jusqu’à ce jour est très lourd, plus d’une centaine de Congolais ont été tués à Beni, signale la NSCC.
A titre indicatif, 9 personnes ont été tuées à Oïcha dans la nuit du 8 au 9 octobre 2014, une trentaine des civiles massacrés la nuit du 15 au 16 octobre 2014 à Beni ; une vingtaine d’autres tués à Eringeti dans la nuit du 17 au 18 octobre 2014 ; 14 personnes tuées à Beni dans la localité Kampi ya chui, dans la nuit du 29 au 30 octobre 2014 situé à 70 kms du chef-lieu du territoire.
Comme si cela ne suffisait plus en ce début de mois de novembre 2014 dans la nuit du 1er et 2 novembre 2014, 14 personnes viennent encore d’être tuées non pas dans les périphéries du territoire de Beni, mais plutôt au centre-ville et dans la commune de Ruwenzori au quartier Sokede. Ce lundi 3 Novembre 2014 dans le village Ondoto en localité de Luna, secteur de Beni Mbau, ces terroristes ont encore tué à la manchette deux personnes.
Et, le mardi 4 Novembre 2014 les populations vident à nouveau la localité à destination d’Eringeti à 54 Km au Nord de Beni Ville.
Face à cette situation, la NSCC invite Kinshasa à enquêter sur l’origine réelle des attaques et massacres contre les populations civiles de Beni et engager les poursuites contre les auteurs et complices de ces massacres. Elle appelle la Monusco à se déployer dans les zones en proie à l’activisme des groupes armés.
Par Godé Kalonji Mukendi