Séminaire à Kinshasa sur les dividendes du développement de l’économie numérique

Lundi 25 avril 2016 - 14:09

La Banque mondiale est d’avis que les pays en développement peuvent bien tirer profit de la grande révolution numérique. En RDC, sous l’accompagnement du Copirep, des experts tenteront, mercredi prochain, de pénétrer ce mystère.

« Nous nous trouvons au cœur de la révolution de l’information et de la communication la plus importante de l’histoire de l’humanité. Plus de 40% de la population mondiale a accès à l’internet, de nouveaux usagers intégrant le web chaque joui Parmi les 20 % des ménages les plus pauvres, près de 7 sur 10 possèdent un téléphone mobile. En fait, ces ménages sont plus susceptibles d’accéder à des téléphones mobiles qu’à des toilettes ou à de l’eau salubre. Nous devons tirer parti de cette évolution rapide de la technologie pour rendre le monde plus prospère et plus solidaire », a écrit le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, à l’introduction du rapport sur « les dividendes du numérique» publié mi-avril 2016. Ce rapport, préparé par les experts de la Banque mondiale, fait l’apologie de la révolution numérique, estimant que les gouvernements peuvent s’en servir dans la voie du développement.

Dans son commentaire, le président de la Banque mondiale note que «les défis qui se posent traditionnellement au plan du développement empêchent la révolution numérique d’engendrer des transformations profondes ». « Les technologies numériques transforment le monde des affaires, du travail et de l’administration publique», a déclaré Jim Yong Kim, président du Groupe Banque mondiale, rappelant que « nous devons continuer à connecter tout le monde et ne laisser personne sur la touche, parce que le coût des opportunités perdues est énorme. Mais pour que les dividendes du numérique soient largement partagés entre toutes les franges de la société, les pays doivent aussi améliorer leur climat des affaires, investir dans l’éducation et la santé, et promouvoir la bonne gouvernance ».

A Kinshasa, le gouvernement veut intérioriser les conclusions de ce rapport dans sa stratégie de développement. Sous la supervision du Comité de pilotage de la reforme des entreprises du portefeuille de l’Etat (Copirep), une matinée d’échanges réunit ce mercredi 27 avril 2016 les experts du secteur des télécommunications à Béatrice Hôtel. Essentiellement consacré à la présentation du rapport 2015 de la banque mondiale sur les dividendes du numérique, ces échanges tenteront de comprendre « comment le développement du numérique peut-il participer au développement de l’économie ?»

TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES ET DEVELOPPEMENT : UN POTENTIEL ENORME

Selon le nouveau « Rapport sur le développement dans le monde 2016 : Les dividendes du numérique », élaboré par une équipe codirigée par Deepak Mishra et Uwe Deichmann, ce sont les personnes riches, compétentes et influentes à travers le monde qui bénéficient d’une expansion rapide du numérique, qui sont mieux placées pour tirer parti des nouvelles technologies. En outre, bien que le nombre d’utilisateurs de l’internet dans le monde ait plus que triplé depuis 2005, quatre milliards de personnes n’y ont toujours pas encore accès.

« La révolution numérique est en train de transformer le monde, facilitant les flux d’information et la montée en puissance des pays en développement qui sont en mesure de tirer profit de ces nouvelles opportunités », a fait observer Kaushik Basu, économiste en chef de la Banque mondiale. « Le fait qu’aujourd’hui 40 % de la population mondiale soit connectée par l’internet constitue une transformation stupéfiante. S’il faut se féliciter de cet exploit, c’est également l’occasion de se rappeler que nous devons éviter de créer une nouvelle classe marginale. Dans un monde où près de 20 % de la population est incapable de lire et d’écrire, la seule diffusion des technologies’ numériques a peu de chances de combler le fossé du savoir ».

Les technologies numériques peuvent favoriser l’inclusion, l’efficacité et l’innovation. Plus de 40 % des adultes en Afrique de l’Est paient leurs factures de services publics par téléphone mobile. En Chine, huit millions d’entrepreneurs, dont un tiers de femmes, utilisent une plateforme de commerce électronique pour vendre des produits à l’échelle nationale et les exporter vers 120 pays. L’Inde a fourni une identité numérique à caractère unique à près d’un milliard de personnes en cinq ans; elle a par ailleurs élargi l’accès aux services publics et réduit la corruption sur ce front. Et dans le domaine des services de santé publique, de simples SMS se sont avérés efficaces pour rappeler à des personnes vivant avec le VIH de prendre leurs médicaments vitaux.

Pour tenir toute la promesse de développement d’une nouvelle ère numérique, la Banque mondiale propose deux grandes mesures: réduire la fracture numérique en rendant l’internet universel, abordable, ouvert et sûr; et renforcer les réglementations qui garantissent la concurrence entre les entreprises, adapter les compétences des travailleurs aux exigences de la nouvelle économie, et promouvoir des institutions responsables - des mesures que le rapport qualifie de compléments analogiques aux investissements numériques.

Le Rapport sur le développement dans le monde préconise notamment les mesures suivantes, susceptibles de rendre les entreprises plus productives et innovantes : investir dans les infrastructures de base, réduire le coût de la conduite des affaires, abaisser les barrières commerciales, faciliter l’entrée de start-up, renforcer les autorités de la concurrence, et faciliter la concurrence entre les plateformes numériques. En outre, si l’alphabétisation de base reste essentielle pour les enfants, il sera indispensable, pour une large diffusion de l’internet, d’inculquer des aptitudes cognitives d’ordre supérieur, de développer les capacités d’analyse critique et de dispenser une formation fondamentale sur les systèmes avancés de TIC. L’enseignement d’aptitudes techniques à un stade précoce et l’exposition des enfants à la technologie favorisent une meilleure maîtrise des TIC et influent sur les choix de carrière.

Au cours de la dernière décennie, le Groupe Banque mondiale a investi un total de 12,6 milliards de dollars dans les TIC.

Par F.K.