La réhabilitation des centrales électriques existantes suivie de celle des lignes de transport et du système de distribution ; l’économie de l’énergie et, enfin, la construction de nouvelles centrales électriques à travers le pays constituent là, le processus indiqué pour parvenir à une solution idéale – à moyen et long terme – pour résoudre la crise énergétique qui secoue actuellement la République Démocratique du Congo (RDC). Cette certitude s’est dégagée de la conférence-débat animée à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (I.S.T.A.) par Eric Mbala Musanda, directeur général de la Société Nationale d’Electricité (SNEL s.a.) autour du thème : « Electrification de la RDC : cas de la Ville de Kinshasa ». Cette activité s’est déroulée le vendredi, 11 mars 2016, dans une salle de laboratoire de cet institut. Devant des professeurs et des étudiants très intéressés par ce thème – ISTA forme aussi des ingénieurs et techniciens en électricité – l’exposé du Directeur général de la SNEL a constitué un véritable test de passage qu’il a réussi avec brio et une mine de sujets de mémoire pour les étudiants. Le Directeur général de la SNEL a signalé qu’aujourd’hui, le taux d’accès des Congolais à l’énergie électrique est de 15%, face à la moyenne de 30% en Afrique subsaharienne. Il a noté qu’il ne saurait se satisfaire d’un tel tableau et s’est proposé d’exposer les efforts fournis pour des solutions à cette situation.
Il a trouvé, par après, une parfaite similitude dans les origines de leurs institutions. En effet, a constaté Eric Mbala, les deux sont issues d’une fusion des structures préexistantes : l’ISTA de la fusion de plusieurs écoles techniques et la SNEL de la fusion en 1970, de plusieurs sociétés exploitant l’énergie thermique et électrique avec des machines mises en service depuis 1936. En outre, il a noté que les turbines d’Inga installées en 1982 avec son réseau de transport et de distribution, continuent à fonctionner actuellement, malgré leur vieillissement. Ajouté à cette situation, a-t-il encore fait remarquer, le développement de l’ancienne ville de Léopoldville, aujourd’hui Ville-Province de Kinshasa – on a qu’à regarder les quartiers et les buildings qui poussent de partout chaque année, sinon chaque jour – et l’extension de plusieurs agglomérations urbaines à travers le pays. Le vieillissement de l’outil de production, de transport et de distribution, couplé à l’accroissement de la population et au développement des cités restent pour le Directeur de la SNEL, la cause essentielle de la crise de l’énergie vécue aujourd’hui par sa clientèle, toutes catégories confondues. Car, dans le même temps l’outil de travail ne s’est pas adapté à ce développement.
Des solutions innovantes pour résoudre la crise
D’aucuns diront, a prévenu le Conférencier, qu’en tant que gestionnaire, il fallait prévoir cette situation et investir. A ce sujet, il a informé son auditoire des efforts fournis par les autorités politiques et l’entreprise depuis une dizaine d’années pour répondre à des défis majeurs. Il a montré qu’en 1988, en additionnant les puissances unitaires, on avait 2400 MW puissance installée dans le pays. Actuellement à cause de la situation signalée, la moitié de cette puissance n’est pas disponible. En outre, pour Kinshasa, les besoins actuels se montent à 1000MW, mais seulement 450 sont disponibles, créant ainsi un déficit de 550MW. Depuis 10 ans, la reprise a commencé avec la construction des centrales de Zongo II (150MW) ; de Kakobola (10MW) ; de Katende (60MW) et de Kivu (16MW inaugurée récemment par le Chef de l’Etat). Pour que ces nouvelles centrales aient un impact, Eric Mbala a montré la démarche de la SNEL visant d’abord à récupérer les machines en panne. Ensuite, il a évoqué le cas de Lubumbashi où 27MW ont été récupérés grâce à l’économie de l’énergie avec l’utilisation des ampoules à faible consommation énergétique. Ce système peut permettre à Kinshasa de récupérer 150 MW. C’est énorme. Kolwezi et Likasi sont aussi dans le collimateur. Dans le même élan, il a mentionné la généralisation de l’installation des compteurs à pré-payement pour une utilisation rationnelle de l’électricité par les ménages. Il n’a pas oublié l’utilisation de l’énergie renouvelable grâce aux biomasses, à l’énergie solaire où l’utilisation du gaz du Lac Kivu.
Enfin, il a souligné que les diverses démarches auprès des partenaires financiers ont permis de réunir 2,5 milliards USD pour combattre ce déficit énergétique. Signalons qu’à son arrivée, le DG de la SNEL et sa suite, accueillis par Pierre Kasengedia, directeur général de l’ISTA, ont visité une initiative innovante de cet institut à travers son Centre d’études des énergies renouvelables. Un débat houleux s’est engagé à l’issue de cette conférence.
SAKAZ