SOCIÉTÉ CIVILE : L’APRÈS-MALUMALU AIGUISE DÉJÀ LES...

Lundi 12 octobre 2015 - 07:54

L’abbé Malumalu s’est retiré de la présidence de la CENI pour raison de santé. Il appartient dès lors à sa composante à savoir la Société civile de désigner son successeur. A peine la démission du désormais ex-président de la CENI a-t-elle été rendue publique que des manœuvres ont commencé pour sa succession. L’on apprend que ce lundi 12 octobre, plusieurs loges de la Société civile vont amorcer des conciliabules pour combler le poste vacant laissé par l’abbé Malumalu.

Une autre bataille en perspective ce sera celle des confessions religieuses qui, depuis 2003, président cette institution d’appui à la démocratie. Il y a eu d’abord l’abbé Malumalu avec la Commission électorale indépendante (CEI), ensuite le pasteur Ngoy Mulunda et enfin le come back de l’abbé président. Jusqu’ici la présidence de la Centrale électorale a été l’affaire des Catholiques et des Protestants. Devrions-nous nous attendre à ce que d’autres confessions chrétiennes comme l’Armée du Salut, les Kimbanguistes ou les églises dites de Réveil revendiquent le poste ? Ou même les Musulmans par l’entremise de la Communauté islamique du Congo ? La semaine qui commence sera riche en rebondissements.

Démission de Malumalu : réactions de l’opposition, de la majorité et de la société civile
La démission de l’abbé Apollinaire Malumalu de la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a suscité de diverses réactions au sein de la classe politique et de la société civile congolaise.
Interrogé dimanche 11 octobre par Radio Okapi, le député de l’opposition Clément Kanku indique que cette démission permet à l’Assemblée nationale de restructurer la Ceni afin de la rendre réellement indépendante.
"L’abbé Malumalu démissionne, ça permet ainsi qu’on puisse pousser la réflexion plus loin et arriver à restructurer la Ceni, la mettre dans une situation, où elle va travailler en toute indépendance contrairement à ce que nous voyons aujourd’hui", a-t-il souligné.
Ce député de l’opposition estime également que la démission de Malumalu offre l’occasion à l’Assemblée nationale de faire en sorte que la Ceni ne soit plus à la solde de la Majorité présidentielle (MP).
Clément Kanku estime qu’il est impérieux que la chambre basse du Parlement prenne ses responsabilités afin de doter le pays d’une commission électorale capable de rassurer la majorité, l’opposition et la société civile :
"Nous pensons rapidement que l’Assemblée nationale doit prendre ses responsabilités pour doter la République d’une nouvelle Ceni avec des acteurs qui doivent rassurer les uns et les autres. Mais des acteurs pétris surtout de compétence parce que nous estimons que la Ceni actuelle a brillé par cette forme d’incompétence et surtout de soumission tous azimuts aux ordres de la majorité présidentielle."

APPEL DE LA MAJORITE
La Majorité présidentielle est préoccupée par l’après Malumalu à la Ceni. Le député Emmanuel Ramazani Shadary demande à la société civile, plate-forme qui a porté Malumalu à la tête de l’institution électorale, de proposer un autre candidat à l’Assemblée nationale :
"Il faut demander à la société civile de pouvoir tout simplement présenter un autre nom à l’Assemblée nationale pour que celle-ci puisse prendre acte et entrer rapidement en fonction".
Ce député de la Majorité a par ailleurs souhaité prompte guérison à l’abbé Malumalu qui, selon lui, pourra servir autrement l’Etat congolais.
Assemblée générale de la société civile
Au nom de la société civile, le président de l’ONG Les amis de Nelson Mandela, Robet Ilunga, propose que le prochain candidat à la présidence de la Ceni soit désigné lors d’une assemblée générale de la société civile.
"Pour nous, c’est une déception mais aussi un point d’interrogation dans nos têtes du fait qu’il est parti d’une manière controversée au niveau de la société civile. Cette fois-ci, qu’on donne l’occasion d’organiser une assemblée de la société à laquelle nous allons voter un nouveau président de la Ceni", a-t-il indiqué.
Robert Ilunga souhaite que le nouveau président de la Ceni, peu importe son organisation, soit un homme ou une femme intègre et non une émanation des politiques.
Le coordonnateur de l’ONG Les amis de Nelson Mandela est d’avis que le mauvais choix du candidat président de la Ceni aura des incidences sur la suite du processus électoral congolais :
"Là, nous aurons toujours des commissions électorales qui nous amèneront à des élections controversées, truquées, frauduleuses. Nous voulons avoir des élections dignes de foi en 2016".
L’abbé Apollinaire Malumalu a démissionné, samedi 10 octobre, de son poste de président de la Ceni pour raison de santé, selon un communiqué de la présidence de la République lu à la télévision nationale.
Le président de la République dit avoir pris acte de cette démission et demande à la composante dont est issu l’abbé Malumalu de proposer un autre candidat à l’Assemblée nationale pour approbation. FDA/RO

Biographie
Originaire du Nord-Kivu, il appartient à l’ethnie Nande. Il obtiendra un doctorat en Sciences politiques à l’Université de Grenoble-II (Université Pierre-Mendès-France) en 1988, ainsi que plus tard une maîtrise en Sciences des droits de l’homme, et un diplôme d’études approfondies en Sciences politiques, en philosophie et en théologie à Lyon.
Entre 1993 et 1996, il est curé de la paroisse de Monestier-de-Clermont, dans le diocèse de Grenoble.
En 1997, il revient en RDC, où il occupera la fonction de vice-recteur puis de recteur à l’Université du Graben à Butembo. Il y est également président du Consortium agriculture urbaine de la Ville.
En 2003, il est nommé Expert au Service présidentiel d’études stratégiques attaché au Cabinet du Président de la République Joseph Kabila.
En 2003, il est nommé à la tête de la Commission électorale indépendante, chargé de superviser l’enrôlement des électeurs et de l’organisation des différentes élections devant se tenir en RDC en 2005 et 2006.
En 2006 le Cardinal Etsou critique Malu Malu. L’abbé, qui n’a aucune influence sur les votes mêmes, et au vu des résultats, dément très fortement.
Fin 2007, il est notamment chargé des travaux préparatoires de la Conférence de Goma en vue d’une issue à la guerre du Kivu.
Le 20 mars 2008, il reçoit un Honoris Causa de l’Université de Liège pour avoir réussi à organiser des élections démocratiques et transparentes dans la République démocratique du Congo, qui était alors un pays très instable politiquement parlant. En octobre 2015, il démissionne de la présidence de la Céni pour " raisons de santé "