SUR BASE DE LA RESOLUTION 2277 MAMAN SIDIKOU : « TOUS AU DIALOGUE »

Lundi 18 avril 2016 - 09:29

La résolution du Conseil de Sécurité recommande aux Congolais non seulement d’avoir les élections dans le délai constitutionnel, mais aussi de se mettre autour d’une table pour discuter de l’avenir du pays.

" La Résolution 2277 dont nous parlons tous tant invite tous les acteurs au dialogue ", a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, devant la presse nationale et internationale réunies le samedi 16 avril à Kinshasa. Maman Sidikou Sambo a, à cette occasion décortiquée la Résolution 2277 du Conseil de sécurité adoptée récemment à New York. Cette résolution recommande aux Congolais non seulement les élections dans le délai constitutionnel, mais aussi le dialogue inclusif, ainsi que la reprise de la coopération militaire. Elle évoque aussi le renforcement du mandat de la MONUSCO.
Le dialogue est indispensable, lâche-t-il. "Je voudrais ici en tant que Représentant du Secrétaire général des Nations Unies lancer un appel : "Messieurs de la classe politique, surpassez-vous ". La politique c’est du "give and take", la politique c’est des échanges, la politique surtout dans un pays comme celui-ci c’est de penser aux populations les plus vulnérables, a-t-il mentionné.
" Je voudrais vous dire que nous avons toujours encouragé les parties prenantes congolaises à s’engager dans un processus de dialogue inclusif. Même le Conseil de sécurité soutient l’initiative de l’Union africaine de faciliter le dialogue ", a fait remarquer Maman Sidikou. Et d’expliquer : " Dans ce cadre, moi je parle au quotidien avec monsieur Kodjo. Et ce que monsieur Kodjo dit n’est pas vraiment différent de ce que je dis par rapport à la 2277. Relisez-la, relisez les différents chapitres et vous verrez que nous sommes sur la même longueur d’ondes. J’espère que les gens lisent la 2277, ne s’accrochent pas seulement aux quatre chiffres. La 2277 dit : respect de la Constitution, y compris par rapport aux différents termes de quand est-ce qu’on va avoir élections, etc".
Il a lancé un appel à tout le monde : "Aller au dialogue messieurs les Congolais, mesdames les Congolaises, parce que c’est le dialogue qui permettra à ce pays de ne pas replonger dans les affres des tourments qu’il a connus depuis si longtemps ".

SOUTENIR LA REVISION DU FICHIER ELECTORAL
La Monusco est appelée à apporter son soutien à la révision du fichier électoral. La 2277 est très claire, soutenir la CENI pour la révision du fichier électoral et pour la logistique, a fait savoir le patron de la mission onusienne en RDC. Mais en ce qui concerne le fichier électoral, " nous avons déjà le feu vert du Conseil de sécurité ", a-t-il souligné.
D’après Maman Sidikou, l’ONU met un accent particulier sur l’importance du fichier électoral, parce que « s’il n’y a pas de fichier, il n’y a pas d’élections. S’il n’y a pas de fichier crédible, il n’y a pas de transparence, il n’y a pas de crédibilité. Et nous, a-t-il ajouté, encourageons la CENI à travailler avec toutes les parties prenantes pour accélérer ce processus ».
S’agissant des élections elles-mêmes, " lorsqu’on y arrivera, nous devons faire un rapport au Secrétaire général, qui fera à son tour au Conseil de sécurité pour dire les conditions sont en place du point de vue de liberté, et de la liberté d’expression ", dixit Maman Sambo. Et de poursuivre : " Je crois que j’ai quelque part-là le chapitre 8 de la résolution, nous devons rassurer le Conseil de sécurité que ces conditions sont en place et à partir de cela, on soutiendra ". Encore une fois, a-t-il continué, l’espace politique et le respect des droits de l’Homme sont importants pour la tenue des élections crédibles et inclusives. " Et nous, nous continuerons notre travail d’éveil en ce qui concerne les droits de l’Homme et les libertés. Nous les documenterons s’il y a des violations, nous les publierons, et nous prenons en témoin l’opinion nationale et internationale, et nous continuerons notre dialogue avec tous les partenaires ", a-t-il fait savoir.
Abordant la question du délai constitutionnel, le RSSGNU en RDC, a indiqué que ces délais sont importants pour nous tous. " J’ai discuté ces jours-ci avec des membres du Gouvernement, même au sommet, personne ne m’a dit que quelqu’un allait toucher à la Constitution ". Mais il faut que ce dialogue se tienne, il faut que les gens se parlent pour ne pas accentuer l’instabilité et tout ce qui se passe dans l’Est en particulier, que le Général Baillaud et ses compagnons, et que les FARDC essaient de redresser.

APPUI DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE AU PROCESSUS ELECTORAL
La communauté internationale attend que les choses se précisent pour qu’elle apporte son assistance au processus électoral en cours en RDC. Maman Sidikou qui s’est entretenu le samedi matin avec les ambassadeurs présents dans la capitale a indiqué que le Canada a annoncé une contribution de quelque trois millions et demie de dollars canadiens, en appui à la révision du fichier électoral. Aussi, la Grande -Bretagne exprime son intention de soutenir le fichier électoral à la hauteur de 17 millions de dollars américains.
Quand à la Monusco, "le Conseil de sécurité nous a autorisés à soutenir la révision du fichier électoral. Notre soutien viendra aussi", a-t-il noté. Avant de relever : "Nous avons une équipe qui vient incessamment de New York pour faire le point sur ces questions-là". Et s’il faut aller soutenir les élections une fois que nous allons faire rapport au Secrétaire général qui fera à son tour rapport au Conseil de sécurité, "on nous dira de façon précise comment fonctionner". Et dans ce cas, "si les conditions sont remplies pour soutenir, nous aurons certainement un budget supplémentaire pour le faire".

TOLERANCE ZERO POUR LES AUTEURS D’ABUS SEXUELS

Les allégations sur les abus sexuels des soldats de la paix sont choquantes et une honte pour les Nations unies et les pays contributeurs de ces troupes, a déploré Maman Sidikou. "Je voudrais dire au nom de la Monusco, au nom du Secrétaire général des Nations Unies que nous regrettons profondément, les récentes allégations d’actes d’abus sexuels, a-t-il martelé.
Il a par ailleurs soutenu que les enquêtes sont en cours sur tous les cas conformément au règlement et procédures des Nations Unies. D’après lui, la MONUSCO et la Tanzanie dans ce cas précis, mènent une enquête conjointe.
A ce jour, a précisé le numéro un de la MONUSCO, 18 cas ont été apportés, impliquant les éléments des contingents tanzaniens, mais aussi malawite et sud africain. Onze des cas rapportés concernent des éléments du contingent tanzanien, mais le précédent, celui qui est déjà parti et était ici jusqu’en juillet 2015. Sept concernent le contingent qui est en ce moment sur place, depuis septembre 2015.
Tous ces cas, a-t-il fait savoir, sont soit des présumés cas de grossesse ou de paternité des enfants déjà nés, et huit des victimes également s’avèrent être des mineures. L’exemple de Mavivi, à côté de Beni, où la Monusco a été informée à travers son réseau des plaintes communautaires. Selon lui, da ns cette partie du Nord-Kivu, l’équipe d’intervention a été déployée sur le terrain dans les 24 heures pour vérifier les faits, montrer les preuves et évaluer les besoins des victimes sur le plan de soutien et d’assistance. Pour Maman Sidikou, il est important que rapidement des sanctions soient prises. Et de soutenir, il est essentiel que les victimes reçoivent l’assistance qu’il faut : assistance psycho-sociale, assistance médicale et que les victimes, y compris les enfants, ne soient pas oubliés.

" LIKOFI 2" DOIT TENIR COMPTE DU RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

Maman Sidikou s’est dit intéressé par l’opération "Likofi 2". Il s’est réjoui du fait que le ministre de la communication a souligné que cela se fera dans le cadre du respect des droits de l’Homme. "Nous allons veiller à ce que cela se passe comme ça pour éviter des dérapages qu’on a eu dans le passé", a renchérit M. Sidikou.
En outre, le représentant de Ban ki-moon s’est dit persuadé que tout le monde soit heureux qu’il y ait ce genre d’opération. A l’entendre, la petite criminalité devient grande criminalité et ensuite plus personne n’est en sécurité. Et quand on parle de sécurité pour aller vers les élections, il faut penser à la sécurité de tous les jours, de chaque citoyen.
Donc, " nous prenons note de ce qui se prépare. Notre police est en rapport avec la police nationale (PNC) et nous sommes disposés à aider dans tous les domaines pour que la sécurité, de façon générale, soit assurée", a conclu Maman Sidikou. Mathy MUSAU