Suspension de l’importation du ciment gris : désolation à la FEC

Jeudi 14 juillet 2016 - 16:26

Le patronat congolais s’oppose à l’interdiction momentanée de l’importation du ciment gris. Depuis Lubumbashi, chef-lieu de l’ex-Katanga, Eric Monga tire la sonnette d’alarme.

 

La décision de suspension de l’importation du ciment gris est loin de trouver l’adhésion de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Très influent dans le comité national de la FEC où il continue à coordonner les activités du patronat congolais dans les quatre provinces démembrées de l’ex-Katanga, Eric Monga dénonce une décision « inopportune » qui n’a pas été apparemment bien mûrie au niveau du gouvernement. Il l’a fait savoir dan un entretien avec radio Okapi.

 

En marge de la 11ème réunion extraordinaire du Conseil des ministres s’est tenue, le jeudi 7 juillet 2016, à l’Hôtel du gouvernement à Kinshasa, l’exécutif a pris une série de mesures de protectionnisme dans le but, a-t-il dit, de permettre aux industries locales d’écouler leurs produits. A l’occasion, le gouvernement a suspendu pour une période de trois mois toute importation du ciment gris, des barres de fer et du sucre.

 

Mais, sur le terrain, cette décision est difficilement d’application. Car, à ce jour, certaines provinces ne disposent pas, à l’exception du Kongo Central, de cimenterie. Ce lui irrite terriblement la FEC. Eric Monga, président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans les provinces issues du démembrement de l’ex-Katanga, n’a pas eu sa langue dans la poche, fustigeant une décision « inopportune », en déphasage avec les contraintes de la vie économique nationale, concernant particulièrement le ciment gris.

 

Selon lui, le gouverne- nient ferait mieux d’abroger sa décision pour ne pas perturber davantage l’activité économique nationale. Eric Monga soutient que la production locale du ciment gris - essentiellement concentrée dans l’ouest de la RDC - n’est pas en mesure d’alimenter les provinces démembrées de l’ex-Katanga qui, selon lui, utilisent du ciment importé pour combler le déficit de l’offre locale.

 

«On n’a aucune cimenterie qui fonctionne et produit dans l’ex-province du Katanga. Tout le ciment que nous avons au Katanga vient de l’importation », soutient-il. Il est d’avis que « l’opportunité de cette décision pour cette partie économique ne se justifie pas», conclut-il.

 

Toujours est-il que le gouvernement a suspendu pour trois moïs l’importation du ciment gris, des barres de fer à béton et du sucre. Le ministre de l’Economie a justifié cette décision par la nécessité de lutter contre l’importation frauduleuse de ces trois ‘produits qui, selon lui, constitue une menace sérieuse à l’industrie nationale.

 

Avec tous ces remous au niveau du patronat congolais, doit-on s’attendre à un rétropédalage au niveau de l’exécutif national ? Rien n’est exclu. Déjà, dans le Kongo Central, le gouvernement a mis en place, à la suite de cette décision de Kinshasa, une taxe spéciale de 3 000 FC par sac de ciment importé. L’exécutif provincial d Kongo Central justifie cette décision par le souci de soutenir l’industrie locale du ciment, essentiellement la Cimenterie de Lukala (Cilu), seule entreprise productrice du ciment dans toute la partie Ouest de la RDC.

Avec cette décision unilatérale du gouvernement central, des observateurs craignent une rareté du ciment qui pourrait entraîner la hausse du prix du sac de ciment gris, au moment où, avec l’importation des ciments de l’étranger, le sac se négocie entre 10 et 11 dollars américains. Pendant les périodes de pénurie, le sac de ciment avait atteint le pic de 50 Usd sur le marché noir. A la FEC, on craint qu’on arrive à cette triste situation.

Par Faustin K.