Tripatouillage des Constitutions : mise en garde de l’Onu

Mercredi 3 février 2016 - 10:55
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Gardienne de la paix dans le monde, l’Onu craint que l’Afrique ne sombre dans l’arbitraire et l’anarchie. A Addis-Abeba où il a participé au sommet de l’Union africaine, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a invectivé les dirigeants politiques; particulièrement ceux qui ont pris le malin plaisir de torpiller les Constitutions de leurs pays aux fins de s’accrocher au pouvoir. Cette mise en garde concerne directement la RDC où la majorité au pouvoir, toujours arrimée au projet de révision constitutionnelle, bloque la voie vers une alternance démocratique en 2016.

 

L’Afrique politique s’est donné rendez-vous récemment à Addis-Abeba (Ethiopie) dans le cadre du sommet de l’Union africaine. Un bel échantillon des chefs d’Etat et de gouvernement ont fait le déplacement de la capitale éthiopienne. Témoin, et non des moindres, Ban Kimoon. Selon le secrétaire général des Nations unies, l’occasion était bien propice pour rappeler l’Afrique aux bonnes valeurs; celles sur lesquelles elle devait bâtir son développement dans un climat de paix. Or, depuis un temps, craint Ban Ki-moon, des dirigeants africains ont trouvé dans le tripatouillage de leurs Constitutions respectives une belle manière de s’éterniser au pouvoir.

 

La recette, qui vient de faire ses preuves au Congo/Brazzaville, fait des émules sur le continent. En République démocratique du Congo, elle a malheureusement tourné mal. La majorité au pouvoir qui s’était investie dans ce projet de révision de la Constitution s’est butée à une résistance populaire qui l’a contraint finalement au recul. Ce n’est pas pour autant qu’elle y a renoncé.

 

A Kinshasa, dans les couloirs du pouvoir, l’idée d’une révision de la Constitution - passage obligé pour un possible troisième mandat de Joseph Kabila - n’a jamais été mise au placard.

A défaut d’un référendum qui s’avère aléatoire, la Majorité penche de plus en plus pour une révision de la Constitution devant le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) réuni en Congrès, suivant l’alinéa 4 de l’article 218 de la Constitution.

 

Alors qu’en RDC la Majorité multiplie des stratagèmes pour tirer son autorité morale du verrou de l’article 220, c’est le moment que Ban Ki-moon a choisi pour mettre en garde des dirigeants africains qui tenteraient de menacer, par des pratiques éhontées de révision constitutionnelle, la paix et la stabilité sur le continent.

 

S’exprimant lors du Sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba (Ethiopie), le secrétaire général de l’ONU a appelé les dirigeants africains à ne « jamais utiliser des changements constitutionnels non démocratiques pour s’accrocher au pouvoir». Il estime que « les dirigeants ne devraient jamais utiliser des changements constitutionnels non démocratiques et des vides juridiques pour s’accrocher au pouvoir. Nous avons tous vu les conséquences tragiques quand ils le font ».

 

Saluant les dirigeants qui se sont engagés à quitter le pouvoir et à respecter les limites constitutionnelles de leur mandat, il a appelé « tout le monde à suivre leur exemple ».

 

AU-DELÀ DES DÉCLARATIONS

Si à Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, ou encore à Kigali, Paul Kagame, ont réussi leur coup en obtenant la révision de la Constitution, ailleurs, notamment à Ouagadougou, l’expérience a tourné au vinaigre. Blaise Compaoré n’a pas pu se sauver de la fougue populaire. C’est dire, même à Brazzaville, par exemple, tout n’est pas encore scellé. Des tensions latentes sont bien perceptibles de l’autre côté du fleuve Congo. Il faut s’attendre à des jours particulièrement agités. L’élection présidentielle, proclamée manu milatari en mars prochain, ne rassure pas non plus. D’où, toutes les craintes que Ban Ki-moon a trouvé mieux de rappeler devant la tribune de l’Union africaine à tous les dirigeants africains.

 

En effet, les Nations unies et tous les partenaires extérieurs sont d’avis que l’Afrique ne peut pas prétendre au développement si elle ne fournit pas au même moment des gages de stabilité et de sécurité.

 

La situation au Burundi, née d’un non-respect de la Constitution, a profondément desservi le continent noir. L’Afrique, avec elle, tous ses dirigeants politiques, doivent changer de mode de gestion de la chose publique. Et la meilleure façon d’y arriver est de consacrer la prééminence de la loi fondamentale, c’est-à-dire la Constitution. Ce qui est tout le contraire de ce qui se passe actuellement sur le continent.

 

En réalité, la RDC est directement visée par l’appel de Ban Ki-moon. Car, depuis l’accord de Lusaka en 1999, la RDC doit son unité et sa survie en tant qu’Etat grâce à l’apport inestimable des Nations unies. Ce sont tous ces efforts que l’ONU craint de voir être réduits à néant par le forcing que se propose d’opérer la MP pour s’accrocher, quel qu’en soit le prix, au pouvoir.

 

A Kinshasa, la mise en garde du secrétaire général des Nations unies devrait être prise à sa juste valeur. Car, la voix de Ban Ki-moon est celle de toute la communauté internationale qui, rappelle-t-on, suit de près le processus électoral, prête à rebondir pour éviter l’irréparable. Il s’agit de ce chaos que l’on se complait à brandir alors qu’il n’épargnera personne : ni la RDC, ni la région des Grands Lacs.

Par LE POTENTIEL

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