L’Onu a publié un rapport accablant contre le régime de Kinshasa. Un rapport qui répertorie tous les cas de violation des droits de l’homme depuis le mois de janvier 2015 jusqu’à décembre. Les libertés d’association, de réunion, de manifestation publique sont ballonnées. Il faut ajouter à cela le musèlement de la presse et la traque des opposants. Entre janvier et septembre, le Bureau conjoint des droits de l’homme de l’Onu a documenté 143 cas de violation de droits de l’homme liés au processus électoral. ‘‘Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2015, le BCNUDH a documenté 143 violations des droits de l’homme dans le cadre du processus électoral, dans les provinces de Kinshasa-33 cas, du Nord-Kivu-27 cas, du Sud-Kivu20 cas, du Kasaï oriental-18 cas, la province Orientale-17 cas, du Kasaï occidental-11 cas, du Katanga-sept cas, du Bas-Congo-six cas, de l’Équateur-deux cas et du Maniema-deux cas’’, peut-on lire dans le rapport. Les provinces les plus touchées sont celles dans lesquelles les partis politiques d’opposition et la société civile sont les plus actifs ou celles qui sont convoitées tant par la majorité que par l’opposition. D’après le rapport, les types de violations les plus rapportés sont les atteintes au droit à la liberté et à la sécurité de la personne- 42 cas et à la liberté d’expression -41 cas. Les victimes sont principalement des membres de partis politiques d’opposition-111 cas et de la société civile -50 cas, ainsi que des professionnels des médias-22 cas. Au mois de janvier, l’organisme dénonce plusieurs cas d’exécutions extrajudiciaires. ‘‘Pendant la période sous examen, le BCNUDH a documenté huit violations du droit à la vie ayant fait 30 victimes, dont 21 par exécutions extrajudiciaires perpétrées par des agents de l’Etat. Le BCNUDH a également documenté 16 cas de violations du droit à l’intégrité physique ayant fait 102 victimes. Ces violations procèdent le plus souvent d’une volonté d’intimider des opposants politiques, des membres de la société civile ou des manifestants afin de restreindre ou décourager leurs activités. Ainsi, le BCNUDH a documenté que sur l’ensemble du territoire, au moins 20 personnes ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires et 77 personnes ont été blessées par des éléments de la PNC, de la Garde républicaine (GR), de la Police militaire (PM) et de l’ANR lors de la répression des manifestations populaires - dont certaines furent violentes - contre le projet de loi électorale, entre le 6 et le 27 janvier 2015’’, note le rapport. Le chef du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, José
Maria Aranaz a indiqué que la vie des leaders politiques est en danger. Il a déploré qu’aucune enquête sur ce qui s’est passé n’ait été diligentée. Dans une interview accordée à la presse à la sortie du rapport, il a dénonce le recours à la force disproportionnée, les arrestations arbitraires, la caporalisation de la presse, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, une justice, qui selon lui, se met au service d’un groupe d’intérêt et non du peuple. En réaction, le ministre de la communication et médias a rejeté ce rapport qu’il a qualifié de tendancieux. Pour Lambert Mende, la procédure dans la publication de ce rapport a été biaisée. Il désapprouve cette façon de condamner la république sans preuve. Le porte-parole du gouvernement explique qu’au lieu que cet organisme de l’Onu aide le gouvernement à dénoncer les cas d’impunité, il se contente de le charger inutilement. Il assure que le gouvernement mène une lutte acharnée contre l’impunité. Policiers et militaires auteurs de dérapages ont été arrêtés. Pourquoi de tels mensonges et contrevérités là où les choses sont claires, vocifère-t-il.
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