Victime de la concurrence déloyale du ciment importé : Cilu tend vers la faillite et tire la sonnette d’alarme

Jeudi 5 mai 2016 - 11:39

L’usine qui tend vers le congé technique tourne désormais en dessous de 50% de sa capacité,
le four à l’arrêt. Les autorités appelées à trouver des solutions

Le directeur général de la Cimenterie de Lukala, Ola Ora, a a tiré la sonnette d’alarme quant à la situation extrêmement dramatique que traverse son entreprise qui, si l’on ne trouve pas de solution urgemment, risque de tomber dans la faillite et fermer ses portes, plongeant ainsi 350 employés permanents et des milliers de journaliers dans le chômage.

le n°1 de Cilu s’exprimait ainsi au cours d’une conférence de presse organisée hier mercredi 4 mai, au cours de laquelle il a fustigé ce qu’il a qualifié de concurrence déloyale dûe au ciment importé, provenant essentiellement de l’Angola.

La situation actuelle est telle que, depuis le mois de novembre 2015, et malgré des mesures de régulation des importations introduites depuis un an, il y a eu une véritable explosion des importations du ciment angolais, d’abord par Lufu, et plus tard par la frontière d’Ango Ango.

Ce ciment, indique Ola Ora, est devenu extrêmement compétitif sur le marché en République démocratique du Congo du fait que le Kwanza angolais s’est déprécié fortement face au dollar américain depuis 2014 – 2015.

Cependant, au taux de change officiel, ce ciment serait invendable.
En plus, depuis décembre 2015 et janvier 2016, poursuit-il, la Cilu se voit complètement dépassée par cette concurrence.

Par conséquent,  » l’usine tourne en dessous de 50% de sa capacité « , soutient le DG. Raison pour laquelle l’on assiste ce jour à l’arrêt du four qui s’accompagnera d’une période de congés techniques pour une partie du personnelle de cette usine ainsi que la sous-traitance, jusqu’à ce que la situation de stock et/ou du marché du ciment se normalise.

La solution à ce problème grave se trouve aujourd’hui au niveau des autorités de la République démocratique du Congo, estime le DG de Cilu. Il est question de prendre des mesures pour remettre de l’ordre dans le marché du ciment, car la Cimenterie de Lukala est en danger.

Bientôt le centenaire

Il faut noter que la Cilu a une longue et fière histoire en RDC, et fêtera son centenaire dans quelques années.

Elle a vécu et surmonté tous les hauts et bas, et se prépare à investir 85 millions $US pour l’avenir, dans une nouvelle ligne de production à la Cimenterie de Lukala.

Actuellement, Cilu est le seul producteur de ciment actif dans le Kongo-Central, en attendant la mise en opération de deux nouvelles usines en construction.

Mais tous ces efforts risquent de tomber dans l’eau. Pourtant, les cimentiers, comme tout le secteur privé formel, payent leurs taxes et impôts.

Les cimentiers créent ensemble un grand nombre d’emplois directs et indirects qui, à leur tour, génèrent des recettes pour l’Etat.

Ils investissent d’énormes montants dans des usines dont la durée de vie et très longue, et de tout ceci résultera une dépense d’argent qui ne peut être remboursé que par le fonctionnement de ces usines et la vente du ciment à un prix rémunérateur.

Voilà la situation que traverse Cilu, qui nécessite l’intervention personnelle du gouvernement central pour prendre des mesures urgentes et remettre de l’ordre dans le secteur du ciment.

Par LM