Voyage de Kikaya à Washington: Kabila a-t-il finalement craqué?

Lundi 27 juin 2016 - 09:04
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Le président Kabila, fin mandat, fait l'objet de pressions internes et internationales sans précédent. Les USA sont le fer de lance de cette pression internationale sur Joseph Kabila. Ils viennent de sanctionner le général Kanyama, patron de la police de Kinshasa. Désormais blacklisté, Célestin Kanyama est le premier d'une liste des personnalités politiques de la majorité présidentielle qui sont dans le collimateur de la communauté internationale. La première sanction ciblée américaine semble avoir porté ses fruits. Le pouvoir commence à lâcher du lest. Pendant que Lambert Mende Omalanga, ministre de la communication et médias, fait le dur, Joseph Kabila lui tente d'éteindre l'incendie. L'heure étant grave, il a vite dépêché son conseiller diplomatique Kikaya Bin Karubi aux USA. Voyage intervenu des qu'il a senti l'imminence des sanctions contre Kanyama. Signe que Kabila prend les menaces américaines contre son entourage au sérieux. Pendant que le verbeux Mende joue au caïd, son patron Kabila négocie en sous main avec les américains, de plus en plus impatients et menaçants sûrs de leurs forces de frappe politique, diplomatique, économique et militaire. Selon Jeune Afrique, l'émissaire de Kabila est porteur d'un document confidentiel de son patron pour apaiser Barack Obama, irrité par la hausse de la répression des opposants et des acteurs de la société civile. C'est donc muni de ce document secret que l'ancien ambassadeur Kikaya va rencontrer notamment Catherine Byrne la conseillère Afrique du président Obama. L'ancien minitre va aussi tenter de rencontrer les deux parlementaires américains à l'initiative des sanctions américaines. Avant d'effectuer son déplacement pour Washington, Kikaya a eu des entretiens téléphoniques avec la conseillère Afrique du président Obama. Ceci a quelque peu limité les sanctions. Mais les américains méfiants avaient exigé un document écrit de Kinshasa qui expliquerait sa stratégie de sortie de crise. Le document de 8 pages a vite été confectionné pour servir de plaidoyer. Bien entendu, le document de Kabila reprend les propositions sur le processus électoral et le Dialogue politique. Sur la question de la fin du mandat présidentiel, Kinshasa s'appuie sur l'arrêt de la cour constitutionnelle. À vouloir jouer la montre et le pourrissement, Kabila a gouverné la RDC à la va comme je te pousse. Chose dont la RDC n'avait plus besoin après autant des souffrances. Un cap politique clair pour limiter au maximum les tensions, voilà ce dont a besoin l'État congolais. À Kalemie, Joseph Kabila en annonçant le début de l'enrôlement des électeurs en juillet vient de dégager un tout petit peu l'horizon politique. Signe que les pressions occidentales sont efficaces. Kabila toujours dans la ville balnéaire de Kalemie a aussi dit qu'il ne veut pas voir le sang coulé. Mieux, il a rejeté le slogan «Umela», une invitation à violer la constitution pour se maintenir au pouvoir. Mais Kabila reste Kabila. Il ne peut s'empêcher d'entourer son propos d'un brin de mystère. Non à Umela oui il l'a dit, mais aucun mot sur ses intentions par rapport à la fin de son mandat. Mais d'ici à décembre, s'il ne désamorce pas la tension politique, l'atmosphère risque d'être irrespirable pour lui. L'occasion de prononcer un discours digne d'un homme d'État n'est pas si loin. C'est bientôt le 30 juin jour où la RDC a accédé à l'indépendance. Saisira-t-il l'opportunité pour un vrai déclic politique? Wait and see.