Covid-19 - Crise économique: une opportunité pour l'Afrique de bâtir son propre modèle économique (José Sele Yalaghuli)

Dimanche 3 mai 2020 - 15:47
Image
7SUR7.CD

Pour le ministre des finances de la République démocratique du Congo José Sele Yalaghuli, la crise sanitaire causée par le covid-19 est l'occasion pour l'Afrique de se réinventer économiquement en adoptant des nouvelles approches pour son développement autocentré. Il a salué le leadership du président de la République Félix Tshisekedi qui est, avec certains dirigeants africains, à l'initiative d'un plan global de résilience du continent noir. 

Le ministre des finances était l'invité de l'émission Débat africain sur Radio France internationale (RFI), ce dimanche 03 mai 2020, consacrée à la crise économique en Afrique causée par la pandémie coronavirus. 

Selon José Sele, la crise du covid-19 frappe de plein fouet l'Afrique contrairement à la crise de subprime de 2007 du fait que bon nombre des pays africains sont faiblement intégrés au marché financier.

D'après lui, c'est le moment d'explorer un nouveau modèle économique auto-centré sur l'Afrique car il n'existe pas un modèle de développement économique unique. 
Sele Yalaghuli appelle les dirigeants africains à se délester de la dépendance extrême de l'économie internationale pour bâtir une économie autonome.

"La crise économique issue du Covid19 ne va pas épargner l'Afrique. Mais le problème n'est pas là. Nous tous, nous savons qu'a chaque crise qu'elle soit humanitaire; économique ou sanitaire, correspond de nouvelles opportunités qu'il faut saisir. Et à mon avis c'est le moment pour les pays africains dans leur ensemble, de pouvoir justement aller vers les nouveaux paradigmes du développement pour savoir comment se délester de la dépendance extrême à l'économie internationale, pour s'ériger des économies autonomes intraverties au niveau des économies africaines.", a déclaré le ministre des finances de la RDC.

Il a donné quelques pistes pour bâtir une économie africaine résiliente. Il s'agit notamment de la diversification de l'économie,  de l'industrialisation, de la désaccoutumance aux ressources naturelles, de la mobilisation efficiente des ressources financières et de leur affectation qualitative.

Si au niveau macro-économique,  des mesures ont été prises,  il ne faut pas négliger le niveau microéconomique.
C'est ainsi que, la Banque centrale du Congo a mis en place une ligne de crédit pour garantir la résilience des PME (Petites et Moyennes entreprises), a t-il souligné.

Quand à l'annulation ou au report de la dette des pays africains par certains créanciers multilatéraux,  Yalaghuli reste sceptique sur l'efficacité du dispositif. Pour lui,  l'Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) qui avait permis l'annulation d'unr partie de la dette extérieure de plusieurs pays africains, n'a pas permis de progrès. 

Selon le ministre Yalaghuli, il faut des solutions pragmatiques. L'Afrique, doit avoir son propre modèle économique adapté à chaque pays.
Elle doit faire en sorte que sa mise en oeuvre ne soient pas interrompue. Pas de rupture, mais de la continuité,  dans la mise en oeuvre intergénérationnelle des politiques publiques de développement, insiste le ministre des finances. 

Par ailleurs, l'argentier national a fait savoir que contrairement au passé,  il existe une véritable volonté politique. Il en veut pour preuve la série des réunions organisées par les leaders africains, dont Félix Tshisekedi. Réunion qui a abouti à un plan global contre le covid-19.

"On peut dire que l'Afrique a pris du retard certes. Mais le problème c'est au niveau de la volonté politique des chefs d'État. Je ne veux pas m'empêcher de dire que, sous l'impulsion du président de la République Démocratique du Congo Félix Tshisekedi, les pays africains ont tenu un ensemble des réunions par vidéo-conférence pour aborder les questions de l'économie, des questions de recherches, des questions politiques, pour pouvoir permettre à l'Afrique d'être résiliente.", conclut-il.

Outre le ministre des finances de la RDC, cette émission a connu la participation de :

1. Paulo Gomes, économiste bissau-guinéen, ancien directeur exécutif de la Banque mondiale pour l'Afrique subsaharienne,

2. Cheikh Kanté, ministre chargé du suivi du Plan Sénégal émergent (PSE),

3. Célestin Tawamba, président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et président en exercice de l'Union des patronats d'Afrique centrale (Unipace).

Roberto Tshahe