Nord-Kivu : L’impact de la fin de la gratuité des soins sur le social des habitants à Butembo (Reportage)

Vendredi 3 juillet 2020 - 19:02
Image
7sur7

Le coordonateur de la Division Provinciale de la Santé (DPS), antenne de Butembo a annoncé à 7SUR7.CD que la campagne de la gratuité des soins dans les Formations Sanitaires (FOSA) de l’Etat, a pris fin depuis le 25 juin dernier. Elle a connu une prolongation de cinq jours (jusqu’au 30 juin 2020, Ndlr). Mais déjà, des lamentations des habitants surgissent. Reportage.*

Cette campagne de gratuité des soins a été lancée par le gouvernement congolais et ses partenaires dans le domaine de la santé avec comme objectif de soulager les populations victimes d’Ebola qui, pendant plus de 2 ans, a sévit dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Tout au début, certains habitants affichaient une résistance. Mais, ils ont fini par adhérer à l’appel aux soins gratuits. À l’annonce de la proclamation de fin de l’épidémie, par le ministre national de la santé, le 25 juin dernier, la campagne de la gratuité des soins a également pris fin. 

« C’est depuis le 25 juin que la campagne de gratuité des soins a pris fin. Il y a eu prolongation de 5 jours. Il n’y aura plus de prolongation », a insisté Guy Makelele, coordonnateur de la DPS, antenne de Butembo.

Une annonce mal digérée par la communauté

Dans la région, la majorité des habitants se disent déçus de la fin de la gratuité des soins puisqu’ils se trouvent démunis des moyens financiers en cette période de crise sanitaire, économique voire politique au pays. Ils disent ne pas être à même d’honorer des factures dans les hôpitaux.   

« Ces médicaments gratuits nous ont beaucoup aidé. Nous regrettons que ça prenne fin. Nous sommes dans une situation qui ne nous permet pas de trouver de l’argent pour payer les factures dans les hôpitaux. Nous plaidons pour qu’il y ait prolongation des soins gratuits malgré tout », souhaite Azenath Kasoki, une habitante de Butembo.   

Kakule Kirira Junior est également choqué de la situation sécuritaire, sanitaire et économique de la RDC. Il se trouve incapable de subvenir aux besoins vitaux de sa famille. Il suggère la continuité de la gratuité des soins. 

« Ils doivent continuer à nous offrir cette opportunité. Sinon, nous allons continuer de souffrir. Compte tenu de la situation de Beni, la hausse du prix sur les marchés, nous ne trouvons même pas quoi nourrir nos enfants suite à des guerres par ci par là », indique-t-il. 

Les mêmes lamentations sont exprimées par Abdou Rixel, aussi habitant de Butembo. Pour lui, annoncé la fin de la gratuité des soins en cette période pandémique c’est appauvrir davantage la population. 

« Le gouvernement central a le devoir de nous donner gratuitement les médicaments. La gratuité des soins est d’une importance capitale. On a été appauvri et on a souffert lors de l’avènement d’ebola. Nous n’avons plus des moyens pour payer les soins », déclare-t-il.
 
Des projets post-ebola mal orientés

Pour tant soit peu soulager les habitants victimes d’ebola, le gouvernement congolais et ses partenaires (fond social de la République, Ndlr) ont décidé d’initier des projets post-ebola. Parmi ces projets : le balayage de la voirie urbaine. La majorité des habitants de Butembo ont dénoncé le fait que ce projet n’a pas tenu compte des critères de sélection. Ils parlent d’un besoin « non ressenti ».

« Il faut le dire, en matière de développement, un projet vient résoudre un problème et l’éradiquer. Dites moi, après ce projet de balayage des routes, mais ces routes vont redevenir sales ! », s’indigne John Kameta, secrétaire administratif du parlement des jeunes de Butembo.

Les guéris d’ebola dénoncent en outre, le fait qu’ils n’ont pas été associés à l’exécution de ce projet. 

Contacté, Joseph Wasolu, un des cadres du fond social de la république, affirme que ce projet post-ebola ne concerne pas une catégorie des personnes. 

« La maladie d’Ebola a rendu la population vulnérable. Nous avons apporté notre projet grâce à notre partenaire, la Banque Mondiale. Nous avons essayé avec la communauté elle-même. Nous avons appliqué une stratégie de donner de l’emploi temporaire à beaucoup des gens », a-t-il déclaré. 

Joël Kaseso, à Butembo