Abandonné depuis plus de 5 ans à la suite d'une série d'attaques sanglantes menées par la rébellion ADF dans la région, le village de Kididiwe, situé à une dizaine de kilomètres au Nord du centre ville de Beni au Nord-Kivu, commence peu à peu à revivre ses habitudes d'antan.
Les FARDC y ont mené une vaste expédition contre les rebelles ougandais qui se sont retranchés dans des forêts plus reculées.
Le génie militaire y a également tracé une route de desserte agricole qui va de Kididiwe à Kasinga, un tronçon déjà praticable, bien que non encore ouvert aux cultivateurs.
Des signaux qui augurent un bon présage
Quelques mois après la reconquête de Kididiwe par les forces armées qui y contrôlent aujourd'hui jusqu'à plus de 10 kilomètres carrés après y avoir délogé les djihadistes ougandais de l'ADF, des civils s'y empressent pour relancer leurs travaux des champs, espérant recréer leur économie tombée en faillite suite à ce conflit armé.
En dépit de l'incertitude qui pèse encore sur toute la contrée de Beni, ces paysans se disent rassurés par la présence militaire, appelant par ailleurs Kinshasa à renforcer les capacités de défense des soldats engagés dans les opérations en cours pour ne pas donner à l'ennemi la chance de se reconstituer.
"Je suis tout juste à côté de la rivière Mayangose parce que je suis sûr que je suis encadré par notre armée", a expliqué un agriculteur rencontré dans son champ à Mayilingi, toujours dans la même contrée.
Un autre à être interrogé près de son champ de haricot à Kididiwe est un habitant du centre-ville de Beni. Il loue le travail abattu par l'armée congolaise.
"Ici, je suis à Kididiwe. Je me sens en sécurité à côté de nos militaires parce qu'ils sont en patrouille à tout moment. Je viens de Beni ville, la route est déjà praticable. Moi, je viens planter du haricot ici", dit-il avant qu'un troisième, originaire de ce village, ne renchérisse :
"Moi, je fais les champs ici à Mayangose-Kididiwe. Nous venons de faire 6 ans sans être ici. Nous avions fui les massacres dans un sauve qui peut", nous a-t-il révélé.
Par ailleurs, c'est le bourgmestre de la commune de Rwenzori, Aloys Kanume, qui se félicite de la restauration progressive de l'autorité de l'État dans cette partie rurale de son entité et le retour progressif des populations locales. Il salue les efforts militaires depuis le lancement, le 30 octobre 2019, des opérations dites d'envergure contre les groupes armés négatifs dans l'Est du pays.
"Je constate que l'axe Kasinga est réellement sécurisé, il y a déjà des agriculteurs qui sont là jusqu'à 7h. Je tiens à remercier nos vaillants militaires qui continuent de remplir leur serment de protéger la patrie congolaise", dit-il.
Beaucoup reste à faire
Jadis un des principaux greniers pour les habitants de Beni, Kididiwe a commencé à se vider de ses habitants avec l'avènement des massacres "odieux" perpétrés par l'ADF depuis octobre 2014. Le panier de la ménagère souffre encore de cette insécurité dans toute la contrée de Beni.
En dépit des efforts mis en oeuvre par les autorités militaires et politiques, la RDC n'est jamais parvenue à stopper la menace djihadiste.
En moins d'une année, près de 700 civils ont été tués à la machette ou à l'arme à feu par les rebelles alors que d'autres demeurent introuvables. Des maisons ont été incendiées et des biens pillés.
L'afflux des populations fuyant l'horreur de ces attaques continue de peser sur des milieux urbains jugés sécurisés à Beni ville et Butembo. Et, c'est à la belle étoile que la plupart des déplacés de ce conflit armé passent leur nuit ou mènent encore une vie pénible dans des familles d'accueil.
Les forces vives qui se plaignent continuellement de la situation recommandent au gouvernement congolais de réfléchir sur des mesures plus dissuasives pour imposer la paix dans la région.
Isaac Kisatiro, à Butembo