
La présidentielle du 18 octobre 2020 en République de Guinée est intervenue dans un contexte politique et électoral tendu, laissant craindre légitimement des risques de violences graves.
C'est ce qu'a indiqué l'ancien premier ministre congolais, Augustin Matata MPonyo, en sa qualité de chef de mission d'observation électorale de l'Union africaine ( MOEUA) dans ce pays, à travers une déclaration parvenue à 7SUR7.CD ce mercredi 21 octobre 2020.
Il affirme tirer cette conclusion au regard des violences verbales, voires physiques qui ont émaillées la campagne électorale, avant cette présidentielle.
Augustin Matata Mponyo note cependant avec satisfaction que malgré ce risque de violences, le scrutin s'est déroulé dans la transparence, la sécurité, le calme et la sérénité, preuve de la maturité du peuple et des dirigeants guinéens.
Au regard des constatations faites, la MOEUA formule des recommandations suivantes aux différentes instances du pays.
Au gouvernement guinéen :
1. D'entamer des réflexions et des consultations nationales pour renforcer l'impartialité et l'indépendance de l'organe de gestion des élections, conformément aux requis de la Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance, afin de renforcer les conditions de confiance, nécessaire à un processus électoral crédible et apaisé;
2. D'engager un dialogue franc avec les acteurs de la vie politique nationale en vue du renforcement de la démocratie et des institutions démocratiques en République de Guinée;
3. Et prendre les mesures positives de nature à encourager la participation des femmes à tous les niveaux de la vie politique et administrative du pays.
A la Commission électorale nationale indépendante (CENI)
1. De doter le pays d'un fichier électoral viable;
2. De renforcer les capacités du personnel électoral;
3. Et d'afficher systématiquement les listes des électeurs devant les bureaux de vote.
Aux partis politiques et acteurs politiques:
1. De préserver le climat actuel de paix dans un esprit de conciliation en évitant tout discours incendiaire ou acte de défiance;
2.De faire preuve de l'esprit démocratique et républicain, en respectant les résultats officiels proclamés par les autorités compétentes et faire recours aux voies légales en cas de contestation éventuelle de ceux-ci ;
3. Et de favoriser la représentation des femmes aux instances de direction des partis politiques et améliorer leur participation en qualité de représentant de parti.
A la société civile:
1. De contribuer à la sensibilisation et à l'éducation civique des citoyens à travers tout le pays ;
2. Et de participer de manière active, neutre et impartiale à la vie de la nation en général et au processus électoral en particulier.
Il convient de rappeler que la présidentielle de 18 octobre 2020 est la troisième organisée par la Guinée depuis 2010.
Elle fait suite aux législatives couplées avec le référendum constitutionnel du 22 mars 2020 qui avait consacré l'avènement de la 4 ème République en Guinée.
Précisons que cette présidentielle du 18 octobre 2020 s'est déroulée dans un contexte marqué par une rupture du dialogue entre les acteurs politiques et par des dégâts matériels et humains importants à la suite des contestations contre le 3 ème mandat du président sortant.
Orly-Darel Ngiambukulu