
Dans une interview lundi 7 décembre 2020 à 7SUR7.CD, le rapporteur du bureau politique du PPRD, réagissant à la possibilité de dissoudre le parlement évoquée par le président Tshisekedi lors de son allocution le dimanche 6 décembre, estime que les conditions juridiques et politiques ne sont pas réunies pour un tel scénario.
Pour Patrick Nkanga, il s'agit d'un moyen qu'a trouvé le président de la République pour faire pression sur les élus afin de se construire une majorité qui lui serait plus docile.
(Ci-dessous l'interview)
7SUR7.CD : En l'absence de la démission du premier ministre, la nomination annoncée d'un informateur par le président Tshisekedi est-elle constitutionnelle ?
Patrick Nkanga :
En dépit de tout, le Président de la République a levé l'option de nommer un informateur, pour semble-t-il identifier une nouvelle majorité, suite à l'éffritement de la majorité actuelle. Nous aurions voulu savoir sur quelle base irréfutable le Président de la République a mesuré l'éffritement... quoi qu'il en soit la Majorité parlementaire existe.... et je serai tenté de dire que c'est de bonne guerre que le Président de la République tente d'avoir une majorité qui lui soit plus acquise. Mais là où le bât blesse, c'est lorsqu'il menace de dissoudre l'Assemblée Nationale, si son " Informateur de fait" n'arrive pas à atteindre la mission lui assignée, qui n'est pas celle d'identifier la Majorité, mais plutôt celle de construire une Majorité quoiqu'il en coûte, au goût du Président de la République. Seulement cette mission n'est pas celle dévolue à "l'informateur de droit" conformément à l'article 78 alinéa 2 de la Constitution. Aucune dissolution ne sera possible, car il n'est répertorié à ce jour, aucune crise entre le Gouvernement et l'assemblée Nationale. L'exemple utilisé par le Président de la République, celui de l'absence du Gouvernement à la prestation de serment des membres de la Haute Cour, comme fait attestant de la crise entre le Gouvernement et l'assemblée nationale est certainement une erreur résultant d'une certaine inattention du cabinet du Chef de l'Etat. Car, l'article 10 de la loi organique n°13/026 du 15 Octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle est plus précis à ce sujet.
7SUR7 : Pourquoi le FCC rechigne-t-il à rejoindre l'union sacrée que préconise le président de la République ?
La Démocratie, ce n'est pas le monisme. Il n'y a de sacré en démocratie que le strict respect de la Constitution. Je ne cerne pas encore tous les contours de la démocratie sacrée, qui consisterait en une absence totale de contradiction et de divergence de vues. Ce n'est pas cela l'esprit de la République.
7SUR7 : Y a t'il moyen de reconstruire la confiance entre FCC et CACH ? Si oui, à quel prix ?
L'essentiel, c'est de travailler pour le bien de la population. Cependant, chacun a son entendement. Le CACH a géré près d'une année, seul, initiant " le programme des 100 jours" Quelle en a été la suite ? Comment créer la confiance quand l'on veut vous prendre pour bouc-émissaire sur tout ce qui ne va pas et vous dissocier sur tout ce qui va bien.
7SUR7 : Le président Tshisekedi et son prédécesseur Kabila doivent-ils impérativement se voir pour décrisper le climat politique ?
L'échange est tout ce qu'il y a de républicain dans une démocratie.
7SUR7 : Quel est l'avenir politique du premier ministre ?
Vous auriez dû vous demander, quel est l'avenir du pays dans ce contexte sanitaire, social, économique et sécuritaire préoccupant. Il y a une forte resurgence de la COVID 19, les hôpitaux sont pleins, les morgues sont pleines. Nous pensions être épargnés de la deuxième vague. Mais non, ça nous frappe de plein fouet.
Le Premier Ministre Ilunkamba, est un serviteur de la République, un homme d'Etat, il est serein.
7SUR7 : Le chef de l'Etat a menacé de dissoudre l'assemblée nationale en cas de non requalification de la majorité. Qu'en pensez vous ?
Les conditions juridiques pour qu'il le fasse ne sont pas réunies. C'est donc impossible. C'est une pression politicienne exercée sur les élus du Peuple pour faire peser sur leurs têtes la "sacrée peur" de la dissolution. Il n'en est rien, il n'en sera rien.
7SUR7 : Qu'y a-t-il de positif dans le discours du Président ?
Il a répertorié un certain nombre de problèmes de fond, qui appellent des Institutions de la République ainsi que des acteurs politiques des solutions promptes et des réflexions profondes.
7SUR7 : Un peu d'autocritique, quelle est la part de responsabilité du FCC dans cette crise institutionnelle ?
C'est d'avoir extra-institutionnalisé certaines questions institutionnelles.