
Face à la presse dimanche 17 janvier 2020, à Kinshasa, le député national Fidèle Likinda a dénoncé "la dictature naissante" dans la conduite des affaires à l'Assemblée nationale par le président du bureau d'âge, Christophe Mbosso N'kodia Pwanga.
Hormis le fait d'être passé outre la mission lui assignée par la Haute Cour, à travers l'inscription de deux autres points à l'ordre du jour de la session extraordinaire notamment le contrôle parlementaire, ce cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) a accusé le bureau Mboso de prêter mains fortes aux stratagèmes mis sur pied pour la requalification de la majorité parlementaire en violation des textes qui régissent le pays.
S'appuyant sur les dispositions des articles 26 et 54 du Règlement intérieur de la chambre basse du Parlement, l'élu d'Ikela, dans la province de la Tshuapa, signe et persiste que "la majorité parlementaire que cherche le bureau d'âge ne peut pas l'être en cours de législature pour conditionner l'élection du bureau définitif."
"Ceux-là, qui veulent avoir la majorité, peuvent avoir qu'une majorité de vote. Il faut faire une distinction entre une majorité de vote et une majorité parlementaire (...) si l'honorable Mboso est respectueux des textes et de l'arrêt de la Cour Constitutionnelle, il va juste constater la majorité que nous avons déterminer au début de la législature. Parce que là, ce n'est pas individuellement que chacun va dire que moi, j'adhère à l'Union sacrée. Jusque-là, on ne comprend pas l'Union sacrée, c'est quoi ? Est-ce un parti politique ? Je demande à mes estimés collègues de ne pas signer un acte d'adhésion pour ne pas perdre leurs mandats. Maintenant, il y a une cacophonie. Qui consulte ? C'est le président du bureau d'âge ou c'est l'honorable Bahati ?", a indiqué F. Likinda.
D'où, il a réitéré l'engagement de sa famille politique à faire obstruction à toute démarche qui porte atteinte aux lois de la République.
Par ailleurs, il a salué l'arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle en interprétation de l'alinéa 5 de l'article 110 de la Constitution confirmant que le député national est maître de ses opinions et de son appartenance politique. Pour lui, les hauts juges ont juste rappelé la pertinence de cette disposition Constitutionnelle.
Mais là où le bât blesse, a-t-il déploré, c'est lorsque la Cour Constitutionnelle voudrait remettre en cause les dispositions des articles 26 et 54 du Règlement intérieur pourtant déclaré conforme à la Constitution par l'arrêt R. Const. 891 du 29 mars 2019.
Face à cette position de la Haute Cour qui risque de favoriser "le vagabondage politique", le député Likinda a prévenu ses collègues que celui quitte son groupe parlementaire perd le droit de s’affilier à un autre groupe et devient donc non-inscrit. "Il en est ainsi du député qui est exclu de son parti", a-t-il insisté.
Dans le souci de mettre fin à ce malentendu, l'élu d'Ikela a expliqué que le mandat impératif doit se comprendre dans le sens des votes ou des opinions émis par un député dans l’exercice de ses fonctions.
"Il ne faut pas confondre le point de vue d'un député avec son appartenance à sa famille politique. Les députés ont deux identités. La première identité est géo-sociologique (sa circonscription électorale, sa province, son pays, etc.). La deuxième identité, c'est l'identité politique, ma famille politique. Une fois élu, on ne peut pas me couper le cordon ombilical avec ma base naturelle. On ne peut pas aussi me couper le cordon ombilical avec mon parti politique. N'eut été ce parti politique, on ne pouvait pas m'accepter comme candidat à moins que je sois indépendant. L'identité politique d'un député élu est définie au début de la législature. On ne peut pas aujourd'hui autoriser le vagabondage politique pour permettre aux députés de quitter un endroit vers un autre en confondant leur identité politique avec leurs opinions", a fait observer F. Likinda.
En outre, il s'inscrit en faux avec la position de la Haute Cour qui, selon lui, s'est contredit en prenant comme motif la dissolution de la coalition FCC-CACH et en soutenant que la hiérarchie des sources formelles du droit place la disposition constitutionnelle au-dessus des dispositions visées du Règlement intérieur, de sorte qu'en cas de leur contrariété, celle-là prévaut.
In fine, F. Likinda a appelé le bureau d'âge à vider la matière principale pour laquelle la Cour Constitutionnelle avait prolongé son mandat, qui n'est autre que l'élection des membres du bureau définitif de l'Assemblée nationale.
Merveil Molo