Sud-Kivu : Une ONG alerte sur "la torture à outrance et la perception des frais illégaux" dans les prisons de Bukavu et Kabare

Lundi 25 janvier 2021 - 14:27
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L'Organisation Non Gouvernementale de défense des droits de l'homme Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) alerte sur la torture « à outrance et la perception des frais illégaux » dans la prison centrale de Bukavu et celle de Kabare.

Le samedi 23 janvier dernier, au cours d'un atelier de présentation de ses résultats d'enquête dans ces deux maisons carcérales pour la période allant de janvier 2019 à septembre 2020, cette organisation a déploré le fait que certains détenus meurent suite à la torture qu'ils subissent.

« Il se passe une torture à outrance, suivie d’autres actes de traitements cruels, inhumains et dégradants de toute sorte à l’endroit de certains détenus dans ces maisons carcérales. Même si la prison centrale de Bukavu et la prison centrale de Kabare seraient approvisionnées en terme des tonnes de nourritures et médicaments chaque jour, il y aura toujours des morts et des détenus qui vont développer des maladies, tant qu’une solution efficace et durable ne serait pas trouvée pour mettre fin à la torture dont subissent certains détenus qui sont obligés de garder le secret des souffrances qu’ils endurent, sinon, ils sont torturés davantage », a déclaré Maître Pascal Mupenda, directeur des programmes de cette organisation.

Il souligne que les détenus sont obligés de payer des frais pour être à l'abri de la torture et avoir le droit à la nourriture. 

Il révèle par ailleurs que ces frais perçus illegalement et sans quittance  à la prison centrale de Bukavu équivalent à la somme de 300 à 500 dollars américains comme droit d'entrée pour tout nouveau détenu au quartier spécial (un quartier à l'abri de toute sorte de torture, ndlr) mais aussi une somme de 10 dollars américains  comme frais de cellule et 100 dollars comme frais de restauration mensuelle. 

Pascal Mupenda renseigne qu'un détenu qui n'est pas à mesure de payer ces montants, il est jeté à la cour centrale où sévit toute sorte de torture.

« Aussitôt jeté à la cour centrale, le détenu est directement récupéré comme une mouche à partir de grillage de l’entrée principale par les commandants de brigades des différentes cellules (ce sont également de détenus, ndlr).Sans aucune forme de procès, le calvaire pour lui commence avec la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants. Après au moins deux à trois heures de souffrance, on l’amène auprès du chef de la cour centrale pour qu'on lui présente d'autres frais à payer », a-t-il martelé.

Pascal Mupenda souligne que toute visite est conditionnée par le paiement de 1.000 francs congolais auprès du gardien dans la salle d'attente. 

L'organisation PPI recommande l'interpellation et/ou le remplacement du directeur de la prison centrale de Bukavu et celui de la prison centrale de Kabare et demande aussi l'organisation régulière d'inspection des milieux carcéraux par le parquet pour vérifier les cas d'irrégularité.

Déogratias Cubaka, depuis Bukavu