Gestion de l'Okapi : La RDC appelée à s'inspirer du modèle chinois du Panda afin de produire des revenus pour le Trésor public

Samedi 3 avril 2021 - 13:40
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7SUR7

Dans un entretien accordé à 7SUR7.CD, le coordinateur national de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), Augustin Ngumbi, a affirmé que l'Okapi, animal originaire uniquement de la RDC, n'est pas protégé par cette Convention, dite autrement convention de Washington, bien qu'il soit sur la liste rouge des espèces en danger d'extinction de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN ) depuis 2013. 

Pour ce haut cadre de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), c'est cette raison qui explique en grande partie la présence de cet animal endémique dans plusieurs zoos en occident, faisant de lui un animal presque banal.

"Il n'y a qu'en RDC que les Okapi se sont retrouvés. Malheureusement, ils ne sont pas protégés par la Convention CITES, qu'on appelle autrement Convention de Washington. C'est principalement la raison pour laquelle ils sont vendus aujourd'hui dans plusieurs pays comme des chèvres et pourtant c'est un animal emblématique", a-t-il dit.

Certes, il y a des Okapis qui sont sortis du pays légalement mais il y en a certainement d'autres qui sont sortis illégalement pendant les moments difficiles que le pays a traversés. 

"Si aujourd'hui, on retrouve les Okapis dans le monde, cela veut dire qu'ils sont partis de la RDC, car c'est une espèce déclarée existée uniquement dans notre pays. Maintenant, la question qu'il faut se poser, comment sont-ils sortis du pays ? Évidemment, on suppose qu'il y a des sorties légales. On avait suivi à l'époque du maréchal Mobutu qu'il avait fait un don au roi des belges.  Ça c'est légal. Il y en a aujourd'hui en Allemagne, à Beauval en France, aux États-Unis et ailleurs. Ces Okapi sont la marque de la RDC. Mais vous verrez, de manière générale, qu'ils ne sont pas venus directement de la RDC. Souvent, ils en achètent  dans un autre pays qui en avait eu le premier et qui les a multipliés. Mais il n'est pas exclu des sorties illégales des Okapis pendant les guerres que nous avons connues", a insinué le coordinateur de CITES RDC.

L'Okapi est censé être pour la RDC ce que le Panda est pour la Chine

Le Panda est un animal endémique pour la Chine. Pendant plusieurs années, la Chine en offrait à ses visiteurs de marque dans le cadre des relations diplomatiques. Mais depuis 1984, le don a été remplacé par des prêts pour une durée de 10 ans à des zoos étrangers, en contrepartie d'une somme dépendant de plusieurs facteurs, dont le nombre de visiteurs.

Selon Rodolphe Delord, responsable du zoo de Beauval en France, cité par le média "Le Journal de Dimanche" en 2017, chaque zoo étranger qui décide d'accueillir un couple de Pandas reverse 1 million de dollars par an à la Chine. Et ce, pendant 10 ans. Et en cas de naissance d'un nouveau Panda, le zoo reverse une redevance de 400 000 euros. 

Pour Augustin Ngumbi, la RDC devrait imiter la gestion chinoise du Panda pour gérer les Okapis et autres espèces endémiques que possède le pays, et qui peuvent devenir une source sérieuses des revenus pour le Trésor public. 

"Le DG de l'ICCN avait déjà soulevé cette problématique. Il avait parlé des animaux ambassadeurs qui peuvent être une source des financements pour la RDC. On peut faire louer certaines espèces vu leur endémisme. Il faut pour cela l'implication du chef de l'Etat qui doit autoriser celà. Ça ne peut pas être fait n'importe comment parce que ce sont des symboles de la République. Ces animaux ambassadeurs doivent passer d'État  à État. Et peuvent être accompagnés des personnels diplomatiques", a-t-il conclu. 

Signalons que la Convention CITES est un accord international entre États. Elle a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquels ils appartiennent. Adoptée par 80 pays le 3 mars 1973, son entrée en vigueur était intervenue le 1er juillet 1975.

Bienfait Luganywa