
Le dossier cartes des crédits "liées" au Trésor public continue de défrayer la chronique en République démocratique du Congo en général, et à Kinshasa la capitale en particulier.
Se confiant ce lundi 21 juin 2021 à 7SUR7.CD, le député national Éric Ngalula Ilunga estime que le gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC) Déogratias Mutombo s'enfonce d'avantage dans ce dossier, après l'apparition d'une lettre qu'il a adressée au ministre des Finances Nicolas Kazadi.
"En effet, cette lettre est une preuve nette de violation de l'esprit de la Loi portant statut de la Banque Centrale à charge du gouverneur. Le statut de la Banque, en son article 67, coule les orientations formulées en son temps par le FMI (Fonds Monétaire International) contre une systématisation des facilités de caisse que le gouvernement demandait à la Banque", a indiqué l'élu de Lupatapata dans le Kasaï-Oriental.
Dans la foulée, Éric Ngalula soutient que les facilités de caisse que sont les avances monétaires traduites par cette carte de credit ont le desavantage de violer la Loi des Finances publiques 2011 en ce qu'elles énervent le principe de l'ordonnancement préalable des dépenses, principe cardinal de droit budgétaire, et le principe de separation ordonnateur-comptable proclamés par le législateur de l'époque.
"Les détenteurs de ces cartes pouvaient donc soutirer par mois des montants non prévues par le Budget de l'État. C'est dejà tres grave", a-t-il martelé.
D'après cet élu de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le compte de la Banque Centrale détenu auprès de la Rawbank, en application de l'article 12 du statut de la Banque, est une extension du Compte Général du Trésor.
"Pour dire que ces personnes, autorités, copines de ces autorités, épouses, gouverneur et vice-gouverneur, directeurs de la Banque...avaient un accès indirect à la Caisse de l'État, de façon bien detournée", a déploré Éric Ngalula Ilunga.
Le député Éric Ngalula affirme que cette situation est très grave pour l'image du président de la République.
"Ceci induit que la Banque Centrale s'est muée en compte privé des individus carrement. Comment la femme du gouverneur avait-elle cette carte ? Et ses copines? ", s'est-il interrogé.
Par conséquent, il demande au chef de l'État de suspendre le gouverneur de la Banque Centrale du Congo.
"Avec cette lettre, le president de la République peut prendre une ordonnance de suspension à l'encontre du gouverneur et du vice-gouverneur pour raisons d'enquete et placer ainsi ses hommes de confiance et reprendre le controle de la Banque", conclut Éric Ngalula Ilunga.
Jephté Kitsita