RDC : "Sans le recours à la Justice transitionnelle, il n'y aura pas d'Etat de droit", (Luzolo Bambi)

Jeudi 19 août 2021 - 15:43
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Sans la lutte contre l'impunité et le recours à la Justice transitionnelle, il n'y aura pas d'Etat de droit en RDC. C'est ce qu'a affirmé le professeur Luzolo Bambi, ce jeudi 19 août 2021, dans son exposé au cours de  la cérémonie d'ouverture du séminaire de renforcement des capacités des journalistes sur la Justice transitionnelle, organisé par le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l'Homme (BCNUDH).

"Véritablement, sans la lutte contre l'impunité, il n'y a pas d'Etat de droit et il n'y aura rien. Même les élections ne produiront rien du tout. Ça sera illusoire. Sans le recours à la justice, en particulier, et particulièrement à la Justice transitionnelle, il n'y aura pas d'Etat de droit. Tout ce qui se fera  ne sera qu'illusion. C'est ce que j'appelle le déni public", a-t-il déclaré.

Ce professeur de Droit pénal définit la justice transitionnelle comme celle qui intervient après un grand conflit pour essayer de panser les plaies. Il s'agit, a-t-il ajouté, d'une justice de résilience entre un passé déchiré et un présent à pacifier. 

Pour cet ancien conseiller du président honoraire Joseph Kabila, le moment est opportun pour mettre en place les mécanismes de la justice transitionnelle en RDC. Il pense que depuis toutes les tueries que le pays a connues, il n'y a jamais eu, à proprement parler, une justice transitionnelle, si ce n'est que des multiples lois d'administie, sans rétablissement de la vérité, ni réparation réelle et sanctions des auteurs.

"On a pratiqué une justice transitionnelle monolithique avec le recours à un seul instrument, un seul pillier qui est la clémence, le pardon par l'aministie. On n'a même pas affronté la vérité. Il y a des morts jusqu'aujourd'hui. Il y a eu des poursuites pénales insuffisantes. On n'a pas réparé les victimes. Il y a eu plusieurs lois d'administie, surtout avant le 1+4", a-t-il rappelé.

Le professeur Luzolo Bambi a saisi cette occasion pour saluer la volonté politique manifestée par le chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, qui a souligné l'importance de mettre en place une justice transitionnelle en RDC, lors d'une récente réunion du Conseil des ministres tenue dans la partie Est de la RDC.

Ce juriste s'est par ailleurs dit au regret de constater que les recommandations du rapport mapping des Nations-Unies, dont l'ensemble du peuple congolais devrait s'approprier, soientt restées l'affaire personnelle du prix Nobel de la paix, le docteur Denis Mukwege.

Parmi les défis à relever, le prof Luzolo parle principalement de la réponse aux différents pilliers de la justice transitionnelle. Il s'agit notamment de rétablir la vérité sur tous ces morts, de poursuivre réellement les auteurs de ces atrocités pour la redevabilité, de mettre fin à la République des intouchables et des immunités, de lutter contre la corruption et l'incapacité des cours et tribunaux locaux.

A titre de recommandation, il propose la mise en place d'une politique nationale sur la justice transitionnelle et l'élaboration d'une loi organique de programmation sur la justice transitionnelle qui impliquera le Gouvernement, la société civile, le Parlement et le pouvoir judiciaire.

Rappelons que selon les Nations-Unies, la RDC a enregistré jusque-là 6 millions de morts causées par les conflits armés. Le rapport mapping de l'ONU a répertorié plus de 617 cas de crimes internationaux commis sur le sol congolais.

Orly-Darel Ngiambukulu