Le procès qui oppose le chanteur Delcat Idengo au ministère public n'a plus eu lieu le mardi 12 octobre 2021 en ville de Beni (Nord-Kivu). C'est pour des raisons de sécurité publique que ce dernier a été transféré dans la ville de Goma, à l'auditorat militaire supérieur du Nord-Kivu.
Les sources judiciaires de 7SUR7.CD expliquent que c'est l'auditorat militaire supérieur du Nord-Kivu qui va présenter cet artiste devant le tribunal militaire. La même version des faits est confirmée par la nouvelle société civile congolaise, section du territoire de Beni.
« Il (Delcat Idengo, Ndlr) a été conduit à Goma par un véhicule militaire via le tronçon routier Beni-Butembo-Lubero-Goma. Aussitôt arrivé, il a été d'abord dirigé à l'auditorat militaire de Goma. Nous suivons de très près cette situation », a écrit à 7SUR7.CD Moïse Kiputulu, coordonnateur de cette structure citoyenne.
Le même mardi, lors d'une parade tenue à l'état-major de la Police à Beni, le commandant de la Police Nationale Congolaise (PNC) au Nord-Kivu, le général Aba Van Ang François-Xavier a regretté que cet artiste ait parvenu à appeler, dans l'une de ses chansons, la population à tuer les militaires ou encore les policiers à partir du 15 octobre prochain.
« Nous nous battons pour vous mais voulez nous tuer ! La population devrait déjà se charger de ce musicien », s'est-il exclamé.
C'est depuis le dimanche 10 octobre dernier que le musicien Delcat Idengo, présenté comme « révolutionnaire » par ses fans, est aux arrêts. Il a été interpellé par l'Agence Nationale de Renseignements (ANR) en ville de Butembo, pendant qu'il comptait livrer un concert en collaboration avec l'artiste bubolais Elkan Karha au stade de basket de l'ITAV. Il a été ensuite conduit en ville de Beni avant d'être transféré à Goma.
Son arrestation fait suite à la diffusion, dans les réseaux sociaux, d'une vidéo devenue virale appelant la population de l'Est de la RDC à s'attaquer aux militaires, aux policiers ainsi qu'à la MONUSCO dès le 15 octobre prochain. Dans cette vidéo, le chanteur Delcat Idengo charge les services de sécurité d'être auteurs des massacres des civils et non les rebelles d'Allied Democratic Forces (ADF). Des propos que l'armée qualifie d'acharnement contre les autorités de l'État et la démoralisation des troupes engagées sur le terrain contre les groupes armés locaux et étrangers.
Il convient de rappeler par ailleurs que le même artiste a été jugé, au mois de mars dernier, par la Justice notamment pour « offense au Chef de l'État ». C'était suite au contenu de sa chanson « politiciens escrocs ». Delcat Idengo avait cependant été acquitté.
Joël Kaseso, à Butembo