RDC : À chaque fois qu’on condamne quelqu’un pour détournement, il faut qu’on l’oblige à restituer l’argent volé, (Luzolo Bambi)

Jeudi 21 octobre 2021 - 15:49
Image
7SUR7

L'ancien ministre de la Justice dans le gouvernement Muzito (2008 à 2012), le professeur Emmanuel-Janvier Luzolo Bambi Lessa, peint un tableau sombre de la lutte contre la corruption en République démocratique du Congo (RDC). 

À en croire l'ancien conseiller spécial en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme de l'ex-président de la République Joseph Kabila, le coulage des recettes continue à faire perdre 15 milliards de dollars américains aux caisses de l'État chaque année. 

« Je persiste aujourd'hui que chaque année depuis quelque temps que les dégâts de la corruption font perdre à la RDC 15 milliards de dollars américains. Ce n’est pas normal que le budget de notre pays soit 3 fois inférieur à l’argent que nous perdons. C’est donc certain que la lutte contre la corruption va permettre l'amélioration du bien-être de notre peuple congolais », a-t-il déclaré à la presse après son intervention le mercredi 20 octobre 2021 aux travaux des états généraux sur la lutte contre la corruption en RDC qui se tiennent à Kinshasa. 

En vue de réduire les méfaits de cette tare, il recommande la répression et la prévention des actes qui la favorisent. 

« Vu l’état de gravité de cette situation, je préconise normalement la répression et la prévention. Mais c’est d’abord la sanction. La répression qui doit primer sur la prévention. La prévention dont on peut faire allusion ici doit consister à la prévention par la dissuasion. Ça signifie qu’il faut que la sanction revienne pour que le peuple qui va voir des gens sanctionnés comprenne et que les délinquants aient la peur de subir le même sort que ceux qui ont été sanctionnés », a fait savoir cet ancien membre de la Cour constitutionnelle. 

Il insiste sur des sanctions exemplaires qui puissent dissuader les Congolais à s'abstenir de tout agissement de corruption. 

« Je considère que jusque-là, on n’a pas assez sanctionné. Il faut des sanctions exemplaires pour que l’argent de l’État rentre dans la caisse de l’État. Il faudrait en plus qu'à chaque fois qu’on condamne quelqu’un pour détournement, par exemple, qu’on l’oblige à restituer l’argent volé. Ça sera la seule façon qui permettra à cette lutte-là de produire un fruit que nous attendons, c’est-à-dire, la récupération de l’argent de l'État volé. Moi, je pense qu’en gros que la solution est celle-là. C’est la répression et la prévention, mais la prévention par la dissuasion, la dissuasion par la sanction », a-t-il souligné. 

Le professeur Luzolo Bambi met un accent particulier sur l'intégrité des personnes censées combattre au premier plan ce fléau qui gangrène la société congolaise. 

« Pour que cette lutte contre la corruption soit bien menée, il faut que dans toutes les agences pénales de lutte contre la corruption que les personnes qui vont les animer soient les hommes et les femmes intègres. Il faut encourager l’intégrité. Pourquoi notre pays, la RDC, ne peut pas être le pays des hommes intègres ? Moi, je refuse qu’aujourd’hui que la RDC soit un cimetière des hommes justes qui refusent la corruption. J’insiste que c’est grâce aux femmes et aux hommes intègres que nous pourrions redresser ce pays. Qu’il s’agisse de la magistrature, de la police, de l’administration publique, et même de la politique, qu’il nous faut des hommes intègres, honnêtes pour restaurer la santé morale de la population pour lutter contre la corruption », a-t-il indiqué. 

Ouverts le mardi dernier par premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, les états généraux de la lutte contre la corruption en RDC prendront fin ce samedi. 

Merveil Molo