
Dans un communiqué publié le jeudi 10 mars 2022 et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD ce vendredi, l'Association Sans but Lucratif Justicia, condamne « l'agression et l'enlèvement » du magistrat Jacques Matanda Kavulambedi du parquet près le Tribunal de Paix de Lubumbashi/Kamalondo par les agents de l'Agence Nationale des Renseignements (ANR) du Haut-Katanga.
D'après cette organisation de promotion et de protection des droits humains, tout est partie d'une altercation entre une dame, agent de la division de transport et communication de la commune de Kamalondo et trois agents de l'ANR.
Arrêtés par la police de cette commune pour des actes d'attouchements sur la dame, ces 3 agents de l'ANR avaient refusé de comparaître devant l'officier de police judiciaire. C'est ainsi que, explique Justicia ASBL, le Tribunal de paix Lubumbashi/Kamalondo va désigner le magistrat Jacques Matanda pour auditionner ces 3 prévenus. Mais ces derniers avaient refusé de comparaître devant cet officier judiciaire. Une fois relâchés, poursuit la même source, ces trois agents de l'ANR vont s'en prendre à ce magistrat.
« Des témoignages recueillis par Justicia ASBL renseignent que c'est à la sortie du commissariat de police de Kamalondo que les agents de l'ANR de la Commune Annexe s'en sont pris au magistrat en le taxant par la clameur publique de voleur, chose qui leur a permis de l'entraîner dans leurs bureaux pour le rouer de plusieurs coups. Deux policiers ayant réunis leurs courages s'étaient introduits dans ces bureaux pour extirper le magistrat Jacques Matanda dont les habits étaient déchiquetés et le nez couvert de sang du fait de ses agresseurs », lit-on dans cette note.
Par ailleurs, les autorités judiciaires saisies ont par la suite organisé une audience en flagrance et le Tribunal de Paix Lubumbashi/Kamalondo qui a condamné le 1er mars 2022, les trois agents de l'ANR à 5 ans de servitude pénale principale pour coups et blessures volontaires simples.
Le 02 mars, les 5 personnes dont le magistrat Jacques Matanda et maître Jules Lwamba, avocat près la Cour d'Appel du Haut-Katanga, ajoute Justicia ASBL, seront enlevés par une centaine des agents de renseignements et acheminés au bureau de l'ANR « où ils ont été torturés et infligés des coups de tout genre ».
Contacté par cette organisation de défense des droits humains, le Redoca "Champion", responsable de l'ANR à Lubumbashi, a rejeté en bloc les accusations en indiquant qu'il n'a jamais donné l'ordre de mettre la main sur ces personnes. Une situation qui a poussé Justicia ASBL de condamner ces actes de torture et appeler le chef de l'État à relever certains agents de l'ANR de leurs fonctions.
« Justicia ASBL s'étonne que les agents de l'Agence Nationale des Renseignements se soient comportés avec autant de violence vis-à-vis des acteurs judiciaires. Elle condamne ces agissements qui attestent à plus d'un titre la survivance des actes de tortures et d'enlèvement des citoyens par des agents de l'ANR qui ne reculent devant rien parce que s'estimant ne relever que de la Présidence. Tout en saluant les efforts fournis par la justice congolaise pour condamner les auteurs de ces actes qui ternissent l'image des services de renseignement, Justicia ASBL recommande au président de la République, de relever le Redoca Champion ainsi que toute sa suite et les mettre à la disposition de la justice pour un châtiment pédagogique et exemplaire », conclut cette correspondance.
Notons que depuis le début du mois de mars, les activités sont paralysées et au Tribunal de Paix Lubumbashi/Kamalondo et au Parquet de grande instance de Lubumbashi où les procès ne sont quasiment pas organisés à cause de ce tôlée entre les magistrats et les agents de l'ANR en province.
Patient Lukusa, à Lubumbashi