UNIKIN : Une étudiante de la faculté de pétrole et gaz recycle des pneus pour produire du diesel 

Mercredi 12 octobre 2022 - 19:24
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De la faculté de pétrole, gaz et énergies renouvelables, département de pétrochimie et raffinage, l’étudiante Lilly Mbombo Mulaja a recyclé des pneus de véhicules en carburant diesel. C’était dans le cadre de son travail pratique de fin d’études.

Rencontrée par 7SUR7.CD, elle a expliqué la méthode de la « pyrolyse » qu’elle a utilisée pour obtenir du carburant.

« J’avais utilisé la méthode de la pyrolyse. J’avais déchiqueté des pneus avant de les chauffer sous une forte température, en l'absence de l'oxygène. Ce procédé m’a permis d'obtenir 3 produits, à savoir l'huile pyrolytique, le gaz non condensable et le char qui est le noir de carbone. Le produit qui m’intéressait est l'huile à cause de sa valeur énergétique élevée », a-t-elle expliqué.

L’huile obtenue de cette décomposition a été ensuite amenée à SEP-CONGO pour l'analyse des paramètres physico-chimiques.

« Ensuite, je me suis rendue à SEP-CONGO pour y effectuer l'analyse des paramètres physico-chimiques de cette huile parce que l'objectif était d'obtenir un carburant diesel. Il fallait donc m'assurer si cette huile pouvait répondre aux normes du carburant diesel. J’ai ainsi vu que les paramètres de la densité, la viscosité, le point d'éclair et le pouvoir calorifique ont répondu favorablement », a ajouté Lilly Mbombo.

Et de continuer : « Par contre, le paramètre phare qui est l'indice de cétane n'avait pas répondu favorablement. Mais quand j’ai mélangé l’huile avec un peu de carburant diesel fossile, l'indice de cétane s'était quand même amélioré. Il y a également le point d'écoulement qui n'avait pas donné une valeur satisfaisante ».

A l’heure actuelle, ce carburant n’est pas malheureusement utilisable car il faut certains additifs appropriés pour améliorer les paramètres. Cette finaliste de l’UNIKIN n’a pas les moyens de se procurer ces produits.

« Pour que cette huile pyrolytique devienne du carburant réel et utilisable, il fallait d'abord que sa teneur en souffre atteigne la norme. Chez moi, c'était tellement énorme. Il fallait donc procéder par la désulfuration en y ajoutant de l'argile car je n'avais pas la possibilité de me procurer des absorbants appropriés des composants sulfureux. Puis il faut ajuster son indice de cétane en ajoutant du diesel fossile comme je l'ai fait ou soit y ajouter des additifs appropriés. Ensuite, il fallait aussi améliorer le point d'écoulement. Ce dernier donne l'information sur la quantité de paraffine que contient le carburant », a-t-elle détaillé.

Lilly Mbombo Mulaja est convaincue que la pyrolyse peut contribuer à la lutte contre la pollution plastique à Kinshasa si les décideurs y réfléchissent.

« Moi j'avais préféré les pneus mais on peut utiliser n'importe quel type de plastique, notamment les pets, les mèches, les sachets et autres. Vu que tous ces plastiques viennent du pétrole, ils sont recyclables en carburant. Il suffit seulement de revoir leurs paramètres », a-t-elle dit.

Et de conclure : « Si on y met des moyens, la pyrolyse peut permettre d'éliminer tous les déchets plastiques qu'on voit à Kinshasa dans les rues et dans les cours d'eau. Ces déchets qui sont nuisibles à l'environnement et à la santé humaine peuvent donc avoir une valeur ajoutée ».

Cette étudiante de l’UNIKIN a signifié que son projet post-universitaire est la fabrication du « charbon vert » à partir des déchets biodégradables. Ceci afin de limiter la consommation du charbon de bois à Kinshasa qui est à la base de la déforestation autour des centres urbains en RDC.

Bienfait Luganywa