RDC : Contraindre une femme à faire la prostitution peut désormais coûter au proxénète jusqu’à 20 ans de prison

Jeudi 23 février 2023 - 15:04
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Droits tiers

La nouvelle loi qui criminalise la traite des personnes en RDC a été présentée aux acteurs de première ligne, entre autres les magistrats, les officiers de police judiciaire (OPJ), les défenseurs judiciaires et autres défenseurs des droits humains, au cour d’un atelier organisé à Kinshasa le mercredi 22 février 2023.

Dans son discours de circonstance, le ministre des droits humains, Fabrice Puela, a mis en garde les personnes qui s’adonnaient impunément, jadis, aux pratiques de la traite des personnes en RDC en profitant du vide juridique. Chose qui ne sera pas désormais possible grâce à la loi nº22/067 promulguée le 26 décembre dernier par le président de la République.

« Cette loi qui réprime la traite des personnes est un outil très capital dans l’arsenal juridique de notre pays. Il est donc important que les OPJ, les magistrats, les juges, les acteurs de la société, acteurs politiques et différents autres acteurs puissent connaître son contenu », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Que ceux qui s’adonnent aux pratiques de la traite des personnes en profitant du vide juridique sachent qu’ils tomberont désormais sous le coup de la loi. (…) nous devons mener une lutte acharnée contre le trafic d’êtres humains parce que c’est l’une des formes les plus abjectes de violation des droits de l’homme. L’homme doit vivre dans la dignité et pas constituer une marchandise à vendre ».

Hormis la présentation de cette loi, cet atelier était également une occasion de présentation de la nouvelle coordination de la jeunesse, lutte contre les violences faites aux femmes et traite des personnes. C’est cette structure qui s’occupe désormais de la question de la traite des personnes en RDC en lieu et place de l’Agence de prévention et de lutte contre la traite des personnes (APLTP).

Pour la coordinatrice de cette structure attachée à la présidence de la République, il est maintenant temps de se focaliser sur la prise en charge des victimes de la traite des personnes et la poursuite judiciaire des bourreaux.

« Notre mission est une trilogie. Il y a la jeunesse, la violence basée sur le genre et la traite des personnes qui cohabitent ensemble. La majorité de victimes de la traite des personnes c’est souvent des jeunes filles et jeunes garçons. C’est important qu’il y ait un plan qui se fasse à partir de cette trilogie en mettant en pratique cette loi et ses déclinaisons, à savoir la prise en charge des victimes et la poursuite des bourreaux jusqu’à leur condamnation », a déclaré Chantal Mulop Yelu.

De son côté, l’ambassadrice des États-Unis d’Amérique en RDC, Lucy Tamlyn, a annoncé que son pays va continuer à aider la RDC à endiguer la traite des personnes sur son territoire, à travers l’agence américaine de développement international (USAID).

« Avec cette loi, la RDC a le cadre juridique qu’il faut. Mais il faut maintenant aller plus loin car il y a encore beaucoup de choses à faire, notamment la protection des victimes et la poursuite des bourreaux. La RDC peut toujours compter sur la communauté internationale et surtout les Etats-Unis dans ce combat. Les Etats-Unis est attaché à ce sujet parce qu’il s’agit d’une forme d’esclavage moderne qui est contre toutes les valeurs du monde », a dit la diplomate.

Selon l’OIM qui soutient techniquement la lutte contre la traite des personnes en RDC, les formes de ce fléau les plus répandues au Congo sont l’exploitation sexuelle pour autrui, la mendicité forcée des enfants ou leur recrutement dans le groupes armés 

« Tous les jours, nous avons des rapports selon lesquels des enfants sont vendus pour l’adoption forcée. Ils sont mutilés, forcés à faire la mendicité ou des filles mineures qui sont en exploitation sexuelle dans des maisons closes. Cette loi va permettre à ces victimes de ne pas être victimes deux fois. Ils ont été victimes de leurs bourreaux et l’ont été de l’absence de la justice. Ils ont désormais l’espoir de ne plus être victimes qu’une seule fois », a renchéri Fabien Sambussy, chef de mission de l’OIM.

Notons que l’article 2 de cette loi condamne à une peine de 8 à 20 ans et le paiement d’une amende de 15 millions de francs congolais l’enlèvement d’une personne pour la vendre comme esclave. Quant à l’article 3, elle condamne la personne qui exploite ou fait exploiter sexuellement une autre personne à 10 jusqu’à 20 ans de prison et l’exige également de payer une amende allant de 30 à 60 millions FC.

Bienfait Luganywa