Au cours d'une rencontre le jeudi 16 mars dernier avec les recteurs de l'Université Catholique de Louvain (UCL) et de la KU Leuven (KUL), au Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, les alumni Congolais, (diplômés) de ces deux universités, ont exprimé la nécessité de renforcer la collaboration entre ces institutions belges et des établissements congolais d’enseignement supérieur et universitaire afin de permettre aux chercheurs et scientifiques de développer leur potentialité dans les conditions requises, et ainsi relever les défis auxquels fait face la RDC dans le domaine de la recherche scientifique.
Dans son allocution, Éric Kalala, un ancien de l’UCL, a salué le rôle majeur que jouent ces deux universités dans la formation de l'élite congolaise.
« Le Chapter à travers ses activités qu'il organise, les interventions des alumni dans différents secteurs, entreprises, administrations publiques, enseignement, recherche, voudrait impacter et façonner la jeunesse congolaise en l'orientant vers une formation de qualité, et à l'ancrage dans les valeurs universelles de respect de toute vie humaine. Notre Alma mater ainsi que sa sœur, ont joué un rôle prépondérant dans la formation des cadres congolais d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi dans l'innovation, par exemple dans la création de l'université de Lovanium (Université de Kinshasa), que nous devrons aussi célébrer avec ses 70 ans. L'éducation étant la pierre angulaire du développement de la RDC », s'est-il exprimé.
Des programmes pour étudiants, chercheurs, professeurs
Conscient de multiples défis auxquels est confrontée la RDC dans le domaine de la recherche scientifique, Éric Kalala a, au nom des alumni de l'UCL, présenté quelques recommandations pour faciliter un échange entre les étudiants, chercheurs et professeurs de la RDC et de la Belgique.
« ...les Alumni de la RDC, avec le souci de voir se développer des relations plus fructueuses avec leur Alma Mater, formulent quelques souhaits, qui sont les suivants : premièrement, Il serait intéressant pour l'UC Louvain de développer des partenariats avec les universités congolaises dans le cadre d'échange, de partage d'expériences et de recherche. À ce titre, des programme d'échange d'étudiants, de chercheurs peuvent être mis en place tout en favorisant la collaboration entre partenaires dans le domaine de la paix, de la justice transitionnelle, du développement durable, de la ruralité et du développement de batteries », a dit Éric Kalala.
Pour lui, il faut faire bénéficier aux établissements d’enseignement universitaire de la RDC, de l’expérience belge sur la connexion entre universités et entreprises.
« Avec son expertise, et ses ressources en matière de gestion des partenariats universités et entreprises, l'UC Louvain peut également, avec le concours, des Chapter RDC accompagner les Universités congolaises à mettre en place des structures de collaboration avec les entreprises pour une formation mieux orientée vers le besoin de la société. Et la mise en place des programmes de formation continues », a-t-il exhorté.
Des bourses disponibles mais pas des candidats
De son coté, Thérèse Biselele, l'une des alumni de la Ku Leuven a, quant à elle, plaidé pour une coopération étroite entre ces deux universités belges et des universités congolaises, notamment en octroi des bourses aux chercheurs congolais, mais également la promotion des œuvres des scientifiques congolais dans les bibliothèques de la Ku Leuven.
Des propositions saluées et soutenues par les recteurs de ces deux universités, qui ont exprimé leur volonté et détermination à établir ces coopérations profitables pour les deux pays qui ont des liens historiquement forts aussi bien dans ce domaine de l’éducation que dans d’autres secteurs de la vie sociale.
« En ce qui concerne vos souhaits, Il faut savoir que nous avons eu de bonnes discussions avec les dirigeants de l’UNIKIN et de l’UCC au cours de ces derniers jours. Nous avons aussi exprimé notre volonté, comme vous aussi vous le souhaiter, d’investir davantage (…) dans la collaboration en matière de recherche », a rassuré Luc Sels, recteur de la Ku Leuven.
Luc Sels a également donné des gages sur le fait que la priorité sera donnée aux universités de la RDC, notamment, l'université de Kinshasa et l'Université catholique du Congo, en ce qui concerne les bourses d'études.
« Nous donnerons également une priorité aux candidats de l’UCC et de l’UNIKIN, à l’occasion des 70 ans de Lovanium, mais aussi un effort de part et d’autre. En effet nous disposons d’un nombre important de bourses, mais nous ne recevons pas suffisamment des candidats des universités congolaises, nous espérons que nous accueillerons plus avec l’aide des alumni de la KU Leuven », a-t-il affirmé.
Privilégier la réciprocité dans le domaine de la recherche scientifique
Pour le recteur de la KU Leuven, qui a soutenu la proposition de donner une grande visibilité aux publications congolaises dans cette institution belge, a estimé qu'une réciprocité dans le domaine de la recherche entre chercheurs belges et congolais doit être privilégiée.
« Quant à l’accès à la Bibliothèque, c’est une question difficile, mais nous allons examiner ce qui est possible avec nos bibliothécaires. Nous ne manquerons pas de donner suite à la suggestion d’inciter un plus grand nombre de nos professeurs émérites à collaborer avec les universités d’ici. C’est un point important, mais je pense qu’une certaine forme de réciprocité est tellement très importante dans ce domaine. Nous aussi nous pouvons beaucoup apprendre des meilleurs chercheurs et professeurs de l’Unikin et de l’UCC. Dans le même ordre d’idée, nous devons également accorder une grande attention à votre proposition de donner aux publications congolaises une très grande visibilité dans nos bibliothèques. Nous ne manquerons pas de le faire », a renchérit Luc Sels.
La RDC un enjeu essentiel pour l'Université Catholique de Louvain
Pour le recteur de l’Université Catholique de Louvain, le professeur Vincent Blondel, a quant à lui estimé que la coopération entre les universités belges et congolaises est évidente au regard des relations existentielles entre les institutions de ces deux nations.
« Ça fait de nombreuses années que cette visite devrait avoir lieu parce que la RDC, c’est un enjeu essentiel pour l’UC Louvain. C’est comme ça que, c’est vu aujourd’hui de manière renforcée, pour une multiplicité des raisons. Bien sûr ce qui a été évoqué à plusieurs reprises, les 70 ans d’existence de Lovanium (UNIKIN), et l’expérience un peu historique que nous avons, la responsabilité aussi, les alumni dont on parle et qui sont par milliers en RDC, non seulement les Alumni mais aussi les futurs alumni, nous avons actuellement, approximativement 450 étudiants en provenance de la RDC à l’UC Louvain. C’est dans le top 3 ou 4 des nationalités les plus représentées parmi nos étudiantes et étudiants internationaux. Plus ou moins 150 d’entre eux sont inscrits dans un programme des thèses de doctorat », a révélé Vincent Blondel.
Outre, ces éléments cités ci-dessus, Vincent Blondel a fait savoir qu'une autre dimension des liens entre l’UC Louvain et la RDC, c’est aussi « la collaboration dans l’enseignement et la recherche, (…), nous avons des collaborations très nombreuses avec une dizaine d’institutions à travers la RDC, tout particulièrement à Bukavu, à Lubumbashi, bien sûr à Kinshasa, à l’UCC à Kisangani et à l’Université Protestante du Congo, donc des liens institutionnels qui organisent la mobilité et les échanges. Nous sommes ici pour une semaine, nous avons eu toute une série d'activités qui témoignent de la volonté de nos deux universités de donner, à l’occasion de cette visite, une impulsion toute particulière aux relations de l’UC Louvain et de la KU Leuven avec la RDC ».
Par ailleurs, Éric Kalala a martelé sur le renforcement de l'accès aux bourses des universités belges pour les candidatures congolaises afin de contribuer à relever les défis auxquels fait face la RDC, dont la croissance démographique, et le renouvellement de son personnel académique. Un plaidoyer aussi, a-t-il demandé, doit être fait pour l'amélioration des procédures administratives d'obtention des visas.
Christian Dimanyayi