Patrick Onoya, expert en économie et finances, appelle le gouvernement à propulser le secteur privé à travers la financialisation du système économique afin de faciliter le financement des projets, création des millionnaires congolais par le développement de l'industrie locale.
Il l'a dit lors de son intervention le vendredi 31 mars 2023, à l'occasion de la célébration de 10 ans d'existence de la société Breakfast Connexion.
« Pour développer des grandes entreprises telles qu'on le recherche ici, on a besoin plutôt des marchés financiers qui sont orientés vers le financement de l'outil de production, donc vers des engagements à long terme. Mais le fait que les marchés financiers sont très faiblement développés en RDC, on se rabat sur les marchés interbancaires en lui demandant de faire ce qui n'est pas de sa nature qui est de financer le domaine de trésorerie et non des investissements des outils de production sur le long terme. Il est clair que si nous voulons nous en sortir, il faut développer les marchés financiers donc la financialisation de l'économie qui va amener l'accroissement des finances dans le système économique national. Si non, nous aurons toujours des projets mais pas d'argent pour les financer », a-t-il fait constater.
Et à lui de poursuivre : « Pour une croissance économique exponentielle, le président Tshisekedi dans sa vision de créer des millionnaires congolais doit penser au changement de paradigme (...) C'est-à-dire, l'Etat doit shifter du Faire au Faire, par le secteur privé. Dans tous les pays du monde, c'est l'Etat qui fabrique des millionnaires. Le self makeman existe mais c'est très peu ».
Pour cela, Patrick Onoya recommande à l'Etat d'injecter des financements dans son système économique en procédant par l'industrialisation par substitution aux importations.
« La RDC importe chaque année des biens de consommation de l'ordre de 2 milliards de dollars américains. C'est-à-dire, notre système économique perd chaque année ce montant pour enrichir les autres depuis plusieurs décennies. Or, il y a ce qu'on appelle en économie l'industrialisation par substitution aux importations. C'est-à-dire, on déniche ce que nous consommons le plus. Est-ce le riz ? Si oui, on développe la filière du riz en y associant, avec l'Etat, des mécanismes de protection ; on se fixe un certain taux de substitution, prenons 10% par exemple. Cela veut dire mensuellement on récupère par exemple 200 millions USD. Et 200 millions de chiffre d'affaires nous donne la possibilité d'avoir 200 millionnaires à 1 million comme chiffre d'affaires », a-t-il démontré.
Pour Patrick Onoya, il ne reste que la volonté politique puisse suivre à travers notamment le ministère de l'économie pour que ce vœu du président Tshisekedi de créer des millionnaires congolais se matérialise.
Selon lui, c'est grâce à ce genre d'options que l'ancien président nigerian Obasanjo a permis au Nigeria d'atteindre, 20 ans après, l'autosuffisance alimentaires avec une classe moyenne composée notamment des milliardaires tels que Dangote et Elimelu.
MD