RDC - Insécurité alimentaire : Le plan de réponse accélérée 2023-2030 chiffré à près de 9 milliards $ 

Samedi 10 juin 2023 - 11:13
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La République Démocratique du Congo est le pays ayant le plus grand besoin d’assistance dans le monde. 25,8 millions de personnes dans le pays de Lumumba sont en insécurité alimentaire aiguë, d'après le récent rapport de l'analyse du Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC). 

En vue de faire face à cette urgence humanitaire, la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge (FICR), la Croix-Rouge de la RDC et le ministère de l'Agriculture ont élaboré un plan de réponse accélérée pour la sécurité alimentaire durable et inclusive à l'horizon 2030. 

Présenté le vendredi 09 juin 2023 à Kinshasa aux acteurs oeuvrant dans ce secteur, ce plan de réponse humanitaire cible 47.231.903 de personnes à assister dans 15 provinces (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Tanganyika, Tshopo, Kasaï Central, Kasaï, Kasaï Oriental, Maï-Ndombe, Tshuapa, Kwango, Sud Ubangi, Nord Ubangi, Équateur et Kinshasa). Le financement requis d'ici 2030 s'élève à 8.698.879.186 dollars américains. 

« Ce plan est circonscrit sur une période de 8 ans (2023 - 2030) pour environ 9 milliards de dollars. Il est vrai que le chiffre pourrait paraître énorme, mais quand on parle des questions de sécurité alimentaire beaucoup plus liées à la réhabilitation des moyens de subsistance des populations affectées par des crises depuis plusieurs années, quand on parle des questions de développement où il faut construire des routes pour desservir les zones de production ainsi que des équipements de transformation, je pense que ce montant recense ce que nous avons convenu avec le ministère de l'Agriculture dans le cadre de ce plan qui va toucher environ 15 provinces prioritaires. Ce plan a une couverture globale », a déclaré Abdoulaye Imalan Boukary, délégué en charge de la sécurité alimentaire et moyens d'existence pour le compte du cluster de la FICR et du Croissant Rouge.

Il a indiqué en outre que les pourparlers sont en cours entre les parties prenantes pour peaufiner ce document avant sa validation par le Gouvernement par le biais du ministère de l'Agriculture. 

« Nous avons fait un premier travail qui bénéficiera des contributions que nous avons reçues aujourd'hui des partenaires pour son amélioration et la validation pourra être faite par le ministère de tutelle. Nous laisserons la responsabilité au ministère de l'Agriculture de communiquer sur la version finale », a-t-il souligné. 

Pour avoir les résultats escomptés, le chef de division au Programme National de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN) a affirmé que le Gouvernement ainsi que ses partenaires doivent redoubler d'efforts pour la mobilisation des ressources. 

« La sécurité alimentaire, c'est d'abord une question de souveraineté. C'est d'abord la responsabilité de l'État d'assurer le bien-être de sa population. Ce que nous devons faire en tant que Gouvernement, c'est de mobiliser des ressources nécessaires pour faire des investissements qui vont amener à sortir la population du seuil où elle se trouve pour retrouver un seuil acceptable de sécurité alimentaire. Nous devons travailler ensemble avec les acteurs qui interviennent dans la sécurité alimentaire pour essayer de relever le niveau de nos populations », a souligné Alain Boloa.

La répartition géographique déséquilibrée de l'aide d'urgence parmi les principaux défis

4 faits saillants résultent d'une étude de la FICR et la Croix-Rouge de la RDC sur l'analyse des besoins en sécurité alimentaire et moyens d'existence, menée dans 3 provinces (Nord-Kivu, le grand Kasaï et le Tanganyika) de décembre 2022 au 10 février 2023. Il en ressort que : 

1. Les besoins humanitaires de plus en plus croissants dans tous les contextes alors que les financements diminuent ;

2. Une répartition géographique des GAP déséquilibrée, exacerbée par la concentration de l'aide d'urgence dans la partie Est du pays ;

3. Une insécurité alimentaire, conséquence aussi des problèmes de protection ;

4. Insuffisance de coordination des actions de développement. 

« De ces résultats, nous allons voir dans le plan opérationnel de mise en œuvre ce que nous allons faire avec l'État et les autres parties prenantes », a commenté Gaston Nyimu Kaya, vice-président national de la Croix-Rouge de la RDC. 

Cette étude a mis en exergue 3 recommandations phares, à savoir : 

- Fournir davantage des efforts pour l'ensemble du pays selon chaque réalité via une meilleure coordination pour lutter efficacement contre la faim ;

- Renforcer l'opérationnalisation de l'approche multisectorielle intégrée incluant des activités de rétablissement et de résilience et pas seulement une réponse immédiate à la faim ;

- Renforcer le plaidoyer en faveur de la sécurité alimentaire en tant que problème de protection causant des violences basées sur le genre pour les femmes et les jeunes. 

Merveil Molo