Avec le retour de la saison des pluies à Kinshasa, la crainte du débordement des rivières et toutes les conséquences corollaires hantent déjà les habitants dans certains quartiers de la capitale. C’est le cas des habitants du quartier Lisala, dans la commune de Kintambo, longeant la rivière Makelele.
Se confiant à 7SUR7.CD ce vendredi 13 octobre 2023, certains habitants de ce quartier craignent de subir une fois de plus le châtiment de madame la pluie vu que les constructions dans la baie de Ngaliema qui empêchent les eaux de la rivière Makelele de se jeter dans le fleuve Congo ne sont pas complètement détruites.
« Nous avions lancé une alerte qui faisait suite à des inondations qui ont eu lieu aux mois de mars et avril derniers. L’eau avait débordé dans les rues, dans nos parcelles et maisons. Les autorités avaient été alertées pour que la situation ne s’empire dans l’avenir. Plus tard, nous apprendrons que ces débordements de l’eau étaient dûs aux constructions réalisées dans la baie de Ngaliema, précisément à l’endroit où la rivière Makelele se jette dans le fleuve. Maintenant que les pluies sont de retour, allons-nous subir le même châtiment ? », s’est interrogé Musambi Mayele, secrétaire de l’association des propriétaires des maisons des avenues Boboliko 2, Lisala et Rail.
D’après un autre habitant, même le pont Dag Hammarskjöld, reliant les communes de Ngaliema et de Kintambo à celle de la Gombe, est également menacé.
« D’ailleurs, ce n’est pas seulement notre quartier qui est en danger. Le pont Dag Hammarskjöld, jeté sur la rivière Makelele, sur le Boulevard du 30 juin, est également menacé. Il était également englouti par le sable. Heureusement qu’on a envoyé une équipe dernièrement pour exfiltrer le sable sous ce pont », a-t-il ajouté.
Il appelle l’hôtel de ville de Kinshasa à reprendre les travaux de démolition des constructions dans la baie de Ngaliema et qui empêchent les eaux de la rivière Makelele de se jeter dans le fleuve.
« L’hôtel de ville avait ordonné la démolition de ces constructions. Et la police nous informera que la démolition avait commencé mais le travail n’était pas terminé parce que l’engin qu’on utilisait avait connu une panne. C’est-à-dire que toutes les fondations et les gros murs étaient restés là sachant que la rivière Makelele draine beaucoup de sable qui ne peut être rejeté dans le fleuve à cause de ces murs. Raison pour laquelle l’eau remonte pour inonder notre quartier. C’est ainsi que nous demandons à l’autorité de réaffecter les engins à cet endroit pour dégager ce canal afin de laisser passer l’eau le plus naturellement possible », a chuté cet habitant.
Les spoliateurs de la Baie de Ngaliema déboutés par la Haute Cour Militaire
Il sied de préciser que cette partie de la baie de Ngaliema où les constructions déplorées par les habitants de Kintambo, constitue une zone marécageuse de recul de la rivière Makelele et du fleuve Congo, couverte par des titres détenus par UTEX AFRICA. Conformément à la loi et au Schéma d’Orientation Stratégique de l’Agglomération Kinoise (SOSAK), cet espace n’est pas constructible, seules les activités d’agriculture urbaine peuvent y être effectuées.
Dans un arrêt prononcé le 30 août dernier, la Haute cour militaire a confirmé la sentence du jugement de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, rendu le 29 mars 2021, dans l’affaire de la spoliation de la baie de Ngaliema. La Haute cour confirme que l’expert scientifique qui avait été requis par le magistrat instructeur de l’affaire opposant la société UTEXAFRICA à des personnes qui s’étaient appropriées des parcelles dans la partie non constructible de la Baie de Ngaliema s’était « rendu coupable des fausses déclarations en dénaturant les faits ou constatations au sujet desquels il était requis de faire rapport en honneur et conscience ».
La plus haute juridiction militaire du pays avait ordonné « la destruction des rapports du 13 juin 2017 et du 25 janvier 2018 inscrits en faux » établis par cet expert scientifique.
Bienfait Luganywa