L'insuffisance des infrastructures de transport de la Tanzanie n'est que l'une des raisons du choix du corridor de Lobito, un facteur d'influence plus important est le fait que les conditions logistiques en RDC sont en train de changer de manière significative.
Dans la province du Tanganyika, le corridor de Lobito se distingue comme une voie privilégiée pour l'exportation des produits miniers. Cette route stratégique offre joue un rôle crucial dans le développement économique de la région et la valorisation de ses richesses naturelles.
Le développement minier du Tanganyika au cœur des discussions à Mining Indaba en Afrique du Sud
Lors de la conférence Mining Indaba en Afrique du Sud, le développement minier dans la province du Tanganyika a été mis en avant, avec un accent particulier sur les infrastructures logistiques de la région. Les investisseurs chinois, canadiens et australiens, qui sont sur le point de lancer leurs projets miniers, ont souligné l'importance stratégique de Likasi comme point de transit pour leurs produits. Les dirigeants ont indiqué que, selon la localisation de leurs clients, ils optent pour le corridor de Lobito ou le chemain de fer Tazara pour l'expédition de leurs produits, témoignant de la flexibilité et de l'efficacité des options logistiques disponibles dans la province.
L'exportation des minerais à partir de Kalemie est envisagée comme une alternative potentielle, mais elle ne présente pas actuellement d'avantage compétitif en raison de la complexité des nœuds logistiques. Les dirigeants du secteur minier soulignent la nécessité d'une amélioration significative des infrastructures ferroviaires et routières en Tanzanie pour rendre cette option plus viable et compétitive sur le marché international.
Au port de Dar es Salaam, les opérateurs font face à des délais d'attente pouvant atteindre un mois ou plus pour le chargement des marchandises sur un navire de haute mer.
D’ailleurs, un dirigeant du secteur minier a souligné que la route à la province menant au port du lac Tanganyika est dans un état désastreux, nécessitant la réparation d'au moins 500 kilomètres de routes, sans financement en vue. Cette situation est d'autant plus critique que la production minière ne peut pas être retardée et que les conditions de transport vers Likasi seront bientôt réunies.
Sur le terrain, cette affirmation est confirmée : les routes, ainsi que les ports au bord du lac Tanganyika, tant congolais que tanzaniens, se révèlent être de petits quais commerciaux insuffisants pour les besoins du transport minier.
« Pour bénéficier de la fiabilité et du faible coût du transport», a souligné le dirigeant, « il est nécessaire de se rendre à Likasi, où les options sont plus variées, que ce soit via le corridor de Lobito soutenu par les États-Unis ou la ligne Est financée par la Chine. »
Au port de Lobito, le chargement ne prend que trois jours, un avantage notable qui s'ajoute à l'efficacité du chemin de fer de Benguela, capable de transporter les conteneurs directement jusqu'aux terminaux de chargement.
Les coûts énergétiques en Angola figurent parmi les plus bas de la région, offrant un avantage économique supplémentaire pour les opérations portuaires et logistiques.
La RDC, un enjeu stratégique dans la compétition sino-américaine pour le contrôle des corridors de transport
Le 13 février, en Zambie, l'envoyé spécial des États-Unis pour l'énergie et les infrastructures, Amos Hochstein, a annoncé un engagement financier significatif des États-Unis dans le développement du corridor de Lobito. Une somme de 250 millions de dollars est allouée pour la première phase du projet, avec une promesse de soutien équivalent pour la deuxième phase.
En 2022, un consortium international, dirigé par le géant des matières premières Trafigura, la société portugaise Mota-Engil et la société belge Vecturis SA, a obtenu une concession de 30 ans pour exploiter le chemin de fer du corridor de Lobito. Le consortium prévoit d'investir 455 millions de dollars en Angola et 100 millions de dollars en République démocratique du Congo pour l'équipement, l'exploitation et la maintenance de l'infrastructure ferroviaire.
Cette initiative vise à renforcer les capacités de transport et d'exportation en Afrique centrale. La deuxième phase du projet nécessitera des fonds supplémentaires pour étendre la ligne ferroviaire sur 1 700 kilomètres jusqu'à la Zambie, consolidant ainsi le corridor de Lobito comme un axe majeur pour le commerce et le développement régional.
En parallèle, et dans un contexte de rivalité croissante, Bloomberg rapporte que la Chine a soumis une proposition d'un milliard de dollars pour rénover le chemin de fer Tanzanie-Zambie, un lien essentiel pour le transport des produits zambien vers le port de Dar es Salaam, sur l'océan Indien. Des consultations sont actuellement en cours entre la Chine, la Tanzanie et la Zambie afin de concrétiser cet investissement dans les années à venir. Les gouvernements tanzanien et zambien envisagent également de confier la concession commerciale de ce chemin de fer à une entreprise chinoise.
La RDC se trouve au centre des enjeux géopolitiques liés aux corridors de transport soutenus respectivement par les États-Unis et la Chine. Ces deux grandes puissances se livrent une concurrence acharnée pour l'accès et le contrôle des voies de transport stratégiques, et la RDC joue un rôle clé en tant que source importante de marchandises. En 2023, le pays a produit 2,8 millions de tonnes de cuivre, se positionnant comme le deuxième producteur mondial de ce métal précieux.
L'engagement significatif des investisseurs chinois dans le développement minier en RDC témoigne de l'étroite coopération économique entre les deux pays. Cependant, il est à noter que le corridor Est soutenu par la Chine ne passe pas par la RDC, une décision qui pourrait être influencée par des considérations politiques.
Le corridor logistique de Lobito : un axe majeur pour le transport des minerais de la région du Grand Katanga
Le corridor logistique de Lobito, destiné au transport des minerais de la région du Grand Katanga vers l'Océan Atlantique, est en pleine expansion. Les prévisions indiquent que plus de quatre millions de tonnes de minerais seront acheminées à travers ce corridor dans les trois prochaines années.
Avec Likasi comme point médian, les routes vers l'est ont été achevées et mises en service, facilitant ainsi l'accès des véhicules lourds à la Zambie. Pour ce qui est de l'axe Ouest, les contrats de concession ont été signés et les travaux de construction sont en cours. Il est prévu que d'ici la fin de 2025, la route nationale jusqu'à la ville frontalière de Dilolo soit réhabilitée et ouverte à la circulation, rendant ainsi le corridor de Lobito entièrement opérationnel.
Par ailleurs, la réhabilitation de la route nationale reliant les provinces du Haut-Lomami et du Tanganyika a commencé, avec un financement provenant principalement du contrat chinois. L'amélioration de la voie navigable du fleuve Lualaba est également une composante importante de ce projet, visant à optimiser le transport et à favoriser le développement économique de la région.