RDC : Le plasticien Freddy Tsimba nommé Chevalier des Arts et des Lettres par la  France 

Jeudi 7 mars 2024 - 17:43
Image
Photo tiers

L’artiste congolais Freddy Tsimba a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres de la République française. 

La cérémonie de décoration de ce plasticien s’est déroulée à la résidence de l’ambassadeur de France à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, le mercredi 6 mars dernier.

Photo tiers

« Au nom du président de la République, je vous fais Chevalier des Arts et des Lettres », c’est par ces mots que l’ambassadeur Bruno Aubert a accroché la médaille sur la poitrine de Freddy Tsimba.

Bien avant la remise de la médaille, Bruno Aubert a fait une allocution dans laquelle il a expliqué pourquoi la France a décidé de décorer Freddy Tsimba.

« Je trouve que Freddy a eu une vie incroyable, digne d’un roman de Jack London, de Blaise Cendrars. Dans son atelier ici à Kinshasa, il y a la reconnaissance internationale. On y trouve des galeries, des expositions et résidences d’artistes. C’est une espèce de vie d’aventure, de tribulation incroyable. Je pense par exemple à cet épisode de fouille et de retenue à la police en Belgique et qui a inspiré une œuvre, des tribulations tout à fait romanesques en Ouganda et qui mériteraient à elles seules un livre, une retraite complètement improbable dans la montagne ardéchoise sous la neige en France et tant d’autres. Ce sont ces éléments qui font de Freddy Tsimba un grand artiste et qui font que puissions le connaître. Et même quand on échange avec lui, sa vie peut vous faire rêver », a-t-il dit.

Et de poursuivre : « Si je peux résumer son travail en quelques mots, c’est les femmes, le métal, la récupération, la vie et la guerre. Les femmes, ce n’est pas au sens habituel de la séduction, de la beauté féminine. Les femmes exposées à travers le travail de Freddy sont d’une grande beauté dans la fragilité, souffrance et traversée par le thème de la déchirure, de l’enfantement. Son travail c’est vraiment une espèce de témoignage et célébration de la vie. Et on sent bien que la vie c’est aussi faire écho du désastre, dégâts de la guerre. Freddy a une immense sensibilité à cette réalité et il a su en faire l’objet de la protestation dans la beauté ».

Tout en remerciant la France pour la reconnaissance, Freddy Tsimba a expliqué son thème de prédilection qui est l’humain.

« Travailler au Congo et être honoré par la France, ça touche vraiment. Je ne pas sais ce qui les intéresse dans mon travail jusqu’au point de me décorer. Je ne suis qu’un créateur, quelqu’un qui pense qu’au-delà de la vie il y a quelque chose qui reste, la culture. La culture c’est l’âme de tout un peuple. (…) Mes œuvres parlent plus de l’humain et de ce qui est de meilleur en lui. Je pense que l’humain est condamné à ne pas vivre seul, il doit constamment se poser la question de savoir qu’est-ce qu’il lui faut pour vivre en harmonie avec les autres. C’est ainsi que j’interroge la douille de cartouche ce qu’elle vient faire dans mon pays où les gens ont besoin de manger, boire et vivre autrement. Cette douille coûte cher mais malheureusement à la fin c’est pour ôter la vie », a expliqué l’artiste.

Il a dédié ce prix à tous les artistes congolais car, selon lui, être artiste en RDC n’est pas facile. « Ça demande beaucoup d’énergie, il faut avoir un cœur déterminé à aller de l’avant ». Il a ainsi invité les décideurs congolais à valoriser la culture car si des comme l’Egypte, la Grèce ou la France sont connus et respectés c’est en partie grâce à leurs cultures.

Notons que la plupart de sculptures de Freddy Tsimba sont faites à base de métaux ramassés dans la rue, particulièrement les douilles de cartouche. Il expose dans plusieurs pays à travers le monde, notamment en Belgique, Canada, Chine, Algérie, Maroc, Allemagne, Afrique du Sud, Haïti et aux Etats-Unis. En France, il a déjà exposé à la fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris en 2015, au Théâtre national de Chaillot toujours à Paris en 2018. Cette dernière exposition c’était à l’occasion du 70e anniversaire de la signature de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Bienfait Luganywa