Condamnation de Stanis Bujakera à 6 mois de prison : « C’est un coup porté à la liberté de la presse », dénonce l’un de ses avocats

Mardi 19 mars 2024 - 10:47
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Après le verdict rendu ce lundi 18 mars 2024 par le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe condamnant le journaliste Stanis Bujakera à 6 mois de prison, Me Charles Mushizi, l'un de ses avocats, a dénoncé une atteinte à la liberté de la presse. 

« Il est vrai que le ministère public avait requis 20 ans de prison contre mon client. En réalité, le tribunal a pu quand même mettre de l'eau dans le vin du magistrat du parquet pour ne le condamner qu'à 6 mois. Cependant, cela ne change pas le fait que cette décision peut être considérée comme un coup porté à la liberté de la presse. Le moment où le ministère public a obtenu cette condamnation, c'était au nom de l'imposition d'une discipline aux journalistes, au nom d'une intimidation publiquement exprimée lors de son réquisitoire. Il n'aurait pas dû dire cela, car c'est véritablement une attaque contre la liberté de la pensée, de l'expression et surtout contre la liberté de la presse », a-t-il déclaré.

Il a remis en question les motifs de la condamnation, soulignant le manque de preuves concluantes liant son client aux accusations portées contre lui. 

« Le journaliste a déjà passé 6 mois en détention. La loi lui permet de considérer ce temps pour sa peine, ce qui signifie qu'il pourra retrouver sa liberté immédiatement après ces 6 mois, étant donné qu'il a été condamné à une peine de 6 mois. Néanmoins, il reste confronté à une condamnation regrettable qui aurait dû être évitée. De plus, le rapport de l'expert désigné par le tribunal n'a pas réussi à établir de lien direct entre mon client et la note confidentielle sur laquelle repose toute l'accusation, de façon maladroite », a-t-il souligné.

Me Mushizi a insisté sur la nécessité de contester cette décision pour défendre les valeurs démocratiques et la liberté d'expression dans le pays.

« Lui et nous sommes convaincus que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas établis, ni en fait ni en droit. L'expert désigné par le tribunal n'a pas clairement démontré cela. Il a même déclaré qu'il était impossible d'établir un lien entre les faits reprochés et le journaliste. Je pense que nous devons condamner cette action qui porte atteinte à la liberté de la presse, à la liberté de pensée, ainsi qu'à la liberté de recherche pour un journaliste, et veiller à ce que notre démocratie repose de plus en plus sur les valeurs fondamentales de la constitution, notamment les libertés publiques et individuelles », a souligné Me Mushizi.

Stanis Bujakera a été condamné à une peine de 6 mois de prison et à une amende d'un million de francs congolais (environ 400 dollars). 

Les infractions retenues contre lui comprennent la falsification de sceaux et signatures de l'État, l'usage de faux sceaux et fausses signatures, faux en écriture, l'usage de faux en écriture, la propagation de faux bruits et la transmission d’un message erroné par voie électronique. 

Stanis Bujakera, journaliste à Jeune Afrique, Actualité.CD et Reuters, a été poursuivi après la publication par le magazine panafricain d'un article  non signé par lui sur les circonstances du décès du député national Chérubin Okende, basé sur une note supposée confidentielle de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR).

Merveil Molo