Maï-Ndombe: ERA Congo lutte contre la déforestation par des initiatives agricoles améliorées (reportage)

Vendredi 14 juin 2024 - 15:59
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La société ERA Congo qui développe le projet REDD+ Maï-Ndombe initie de plus en plus les communautés enclavées dans sa zone de projet, dans les secteurs de Basengele et Ntombenzale, à l’intensification agricole. Ceci pour amener ces communautés à abandonner l’agriculture itinérante sur brûlis qui est le principal moteur de la déforestation en RDC.

Au village Patambalu, ERA Congo utilise une variété améliorée de manioc importée des USA appelée « Obama ». Non seulement que ces maniocs croissent rapidement, mais aussi ils ne sont cultivables qu’en jachère. La variété favorise donc la sédentarisation agricole.

« Nous avons importé des Etats-Unis des boutures améliorées qu’on appelle Obama. C’est une variété qui se cultive uniquement en jachère. C’est pour permettre à la communauté de ne pas aller loin dans la forêt. Les gens cultivent juste derrière leurs maisons, mais obtiennent des productions améliorées. Du coup, la forêt est épargnée de l’agriculture itinérante sur brûlis. En cultivant sur un terrain en jachère, la communauté a l’avantage de travailler moins. Elle ne défriche pas, elle n’abat pas les gros arbres », a expliqué Evariste Lokili, coordonnateur chargé de l’engagement communautaire d’Era-Congo, à un groupe de journalistes qui ont visité ce projet en ce mois de juin.

Et d’ajouter : « Après la plantation du manioc, nous le remplaçons par des légumineuses. Le manioc épuise le sol, mais les légumineuses le fertilisent. Notre objectif est donc de sédentariser l’agriculture. Sur un même terrain, on peut y pratiquer plusieurs cultures en divisant le terrain en plusieurs parties ».

Dans le village de Mpili, ERA-Congo y expérimente depuis presque 2 ans la culture du palmier nain sur 4 hectares. La société dit avoir opté pour cette variété à cause de sa croissance rapide et de sa bonne production. L'objectif, c'est d'accroître l'espace pour mettre en place une huilerie semi-industrielle.

« Dans ce village, nous avons commencé avec 4 hectares qui nous ont été donnés par le chef du village. Nous y expérimentons les palmiers nains. Cette variété est réputée pour sa bonne production. Ça fait presque 2 ans que nous avons commencé. Généralement, la récolte commence après 3 ou 5 ans. Le projet est un choix de la communauté. Les Basengele est un peuple agriculteur et cultivent déjà des palmiers élancés. Nous sommes en train de les former sur ce qu’ils feront après la récolte et ensuite nous céderons la gestion au comité local de développement », a raconté Gratien Matungulu, agronome chargé de la culture pérenne.

Dans un autre village appelé Ikita, habité par une communauté des Pygmées, ERA-Congo y développe la pisciculture et l’apiculture. L’objectif est de repeupler le lac Maï-Ndombe et ses affluents ainsi que de lutter contre la malnutrition.

« À l'époque, le lac Maï-Ndombe comptait 66 espèces de poissons. Tout cela a diminué progressivement. On peut faire la pêche de 4h du matin jusqu’à 10h et ne pas parvenir à remplir un seau parce que le lac est dépeuplé. On pêche même avec des filets à mailles fines. C’est pour cette raison que nous avons initié ce projet de pisciculture à la demande des communautés. Nous commençons à être débordés par les demandes. Chaque village nous appelle. Pour répondre à la demande de tout le monde, nous sommes en train de former des techniciens localement », a pour sa part expliqué le pisciculteur Claude Mundezi.

Selon ce technicien, 25 étangs sont fonctionnels actuellement et la production attendue par étang est de 500 kg de poissons. Quant à la pisciculture en cages flottantes, elle est pratiquée sur la rivière Mpongoboli. Elle est supervisée par un doctorant en biodiversité aquatique de l’université de Kinshasa.

Hormis l’intensification agricole, il sied de rappeler que ERA Congo intervient dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Les fonds utilisés pour ces actions proviennent de la vente de crédits carbone. Depuis le début de ses activités dans les secteurs de Basengele et Ntombenzal en 2011, la société dit avoir déjà vendu 20 millions de tonnes de crédits carbone. 25% de la valeur brute du chiffre d’affaires sont consacrés à la responsabilité sociétale de l’entreprise.

Bienfait Luganywa